CHRONIQUE LITTÉRAIRE : PLANÈTES TOME II de Makoto Yukimura
02 sept. 2019
Année : 2001 (Edition de luxe)
Genre : Manga science-fiction et Hard Science
Pays : Japon
Sujets abordés :
- Colonisation humaine du Système solaire (Lune, Mars, Jupiter, etc.)
- La vie humaine dans l’espace et ses conséquences
- Construction de vaisseaux spatiaux et de plateforme orbitale
- Le matériel et les outils de l’astronaute de demain
- Extraction de l’Hélium 3
- Conséquences économico-socio-politique
Résumé Tome II :
Après avoir passé le concours avec succès pour faire partie de la mission spatiale Jupiter sur le vaisseau Von Braun, Hachimaki débute son entraînement. Hachi devra engager une lutte contre lui-même afin d’atteindre son objectif. En chemin, il rencontrera l’amour et vivra de nombreuses aventures spatiales et terrestres dans un futur pas si éloigné de notre présent, où il est tout de même question de vie et de mort (dans l’espace).
« Avec ses compagnons Yuri, Fi, Ai Tanabé et Hachirota Hoshino dit Hachimaki passent leurs journées en apesanteur pour ramasser les déchets spatiaux avant qu’ils ne finissent dans l’orbite des satellites, des bases ou des vaisseaux. Mais son rêve est de devenir l’un des astronautes de la première mission pour Jupiter. Et rien ne décourage le jeune homme, fermement déterminé à atteindre son objectif… même si cela pourrait lui coûter cher…»

DES ASTÉROÏDES EN GUISE DE STATIONS SPATIALES
« Des scientifiques étudient la possibilité de construire une station spatiale à l’intérieur d’un astéroïde géant. »
Avant d’aller plus loin dans cette expérience très ambitieuse sur les astéroïdes qui pourrait être qualifiée de « scénario de film de science-fiction » non seulement par l’auteure de l’article mais également par nous-mêmes, il serait plus juste de s’intéresser à la mission en cours instiguée par la NASA : il s’agit de la mission Osiris-Rex (article paru dans Les Mystères de la science : les essentiels - « Dans les coulisses de l’exploration spatiale » - Février-Mars-Avril 2018).
Il nous est dit que les astéroïdes sont les restes laissés après la formation du Système solaire et ces astéroïdes sont aussi les témoins d’une histoire datant de 4,6 milliards d’années. Ce sont également des corps célestes riches en eau et en minerais.
LE CAS DE L’ASTÉROÏDE 1999RQ36 aka BENNU
Objectif : Collecter un échantillon de l’astéroïde Bennu 1999RQ36 était l’objectif de la NASA grâce à la mission Osiris-Rex en 2018.
Osiris-Rex : Origins Spectral Interpretation Resource Identification Security Regolith Explorer.
Bennu est un corps primitif et carboné de type C. Large d’environ 500 mètres, il se situe actuellement (février 2019) à 180 millions de km de la Terre. Hayabusa-2 (Japon) et Osiris-Rex (USA) collaborent ensemble.
« Les premières mesures spectroscopiques révèlent la présence de groupements chimiques formés d’atomes d’oxygène et d’hydrogène, preuve que les minéraux qui composent l’astéroïde ont été en contact avec de l’eau ».
La sonde fut lancée en septembre 2016 afin de réaliser « une étude extensive » et de « rapporter un échantillon de ce rocher spatial sur Terre en 2023 ».
Bennu a été sélectionné parmi les 500 000 astéroïdes connus, mais c’est un des cinq qui puisse remplir de nombreux critères cruciaux.
Bennu est un astéroïde riche en carbone, en substances volatiles et contient potentiellement de l’eau et des molécules organiques. Cet astéroïde mesure environ 500 mètres de diamètre et se déplace assez lentement dans l’espace pour qu’une sonde puisse procéder à des prélèvements d’échantillon sans danger (plus un astéroïde est petit, plus sa rotation est rapide).
Bennu est considéré comme un astéroïde géocroisseur, il voyage assez près de la Terre pour qu’une telle expérience soit faisable et il ne passe jamais trop près, jamais trop loin du Soleil (car une sonde spatiale fonctionne grâce à l’énergie solaire).
Selon les probabilités, Bennu pourrait potentiellement entrer en collision avec la Terre vers la fin du 23ème siècle (peut-être que d’ici là, les scientifiques auront trouvé le moyen d’éviter une éventuelle collision, qui sait ?!).
Intérêt de l’étude : Comprendre de quoi Bennu se compose, ce qui pourrait un jour sauver l’espèce humaine ?! Un vrai scénar de fin du monde. Cette étude permettra de déterminer comment « l’effet Yarkovsky » influence l’orbite d’un astéroïde.
L’effet Yarkovsky se manifeste par une force de radiation thermique qui change le demi-grand axe d’un astéroïde en fonction de son moment cinétique, de son orbite et de quelques propriétés de ses matériaux. Cet effet agit sur les astéroïdes dont le diamètre est inférieur à 20 km et son capable de mettre les astéroïdes appartenant à la ceinture principale en résonance et se mettre sur des orbites de géocroisseurs.
« Quand un astéroïde est en orbite autour du Soleil, un de ses côtés est chauffé par le rayonnement solaire. Lorsque l’astéroïde tourne et que ce côté se retrouve plongé dans l’obscurité, la chaleur rayonne dans l’espace, produisant une poussée qui, durant des siècles, peut altérer son orbite : des informations utiles à avoir lorsqu’on sait que l’orbite de Bennu l’amène très près de la Terre ».
Le corps céleste va donc être cartographié, ce qui permettra aux scientifiques de déterminer l’endroit le plus sûr pour réaliser des prélèvements. La trajectoire elliptique de l’astéroïde Bennu est variable entre 100 000 et 1,9 million de km. Les analyses porteront sur la chimie organique et sur la composition de l’astéroïde.
Revenons maintenant à l’article de la journaliste scientifique. L’idée d’explorer et d’exploiter un astéroïde n’est donc pas une fiction mais bien une réalité, d’autant plus que les Japonais ont déjà relevé le défi en 2010 avec l’astéroïde Hayabusa et un autre exploit du même type avait été réalisé par l’ESA grâce à la sonde Rosetta et son atterrisseur Philae permettant d’étudier la comète 67P/Tchourioumov-Guérassimenko le 12 novembre 2014, plus de dix ans après avoir quitté la Terre.
Bref, il serait donc question, après avoir cartographié et étudié un astéroïde, possédant des caractéristiques très particulières, de déterminer l’éventualité d’insérer une station spatiale à l’intérieur de ce corps céleste (Bennu), après en avoir effectué son exploitation minière. Mais comment cela pourrait être possible ?!
« La rotation d’un astéroïde géant idéal créerait suffisamment de gravité (artificielle) pour qu’un équipement minier soit efficace, ce qui permettra de puiser dans les minéraux et les gisements riches situés à l’intérieur de ces roches célestes ».
Une fois l’exploitation terminée, la coque extérieure de l’astéroïde pourrait servir de protection à la station minière, notamment des rayonnements cosmiques très cancérigènes pour le corps humain.
Selon des chercheurs de l’Université de Vienne (Autriche), cette idée serait peut-être réalisable.
Etude de l’équipe de recherche qui a appliqué des modèles gravimétriques avancés à un hypothétique astéroïde de 500 mètres sur 390 mètres : « Les charges résultant des forces centrifuges rendent possible une station spatiale dans la caverne d’un astéroïde de mine », expliquent les chercheurs.
« Pour réaliser une telle expérience, il faudra choisir les matériaux adéquats et l’astéroïde devra être assez robuste pour supporter une telle station ».
L’équipe de recherche a ajouté qu’une expérience de ce type dépendra de la connaissance non seulement de la composition mais également de la structure interne des corps célestes candidats. C’est pour cette raison que les missions sur les astéroïdes semblent inévitables pour de telles études.
« Les décisions concernant leur peuplement (les astéroïdes, ndlr) ne seront peut-être possibles qu’après le début des opérations minières ».
L’exploitation des astéroïdes est un sujet que de nombreux scientifiques ont abordé. Pour permettre de maintenir une station spatiale viable sur un astéroïde et empêcher le matériel minier de flotter, il est nécessaire que le corps céleste soit en pierre solide et possède une gravité correspondant à 38% de celle de la Terre.
Selon l’étude des chercheurs, « afin que des humains, et potentiellement des robots, puissent rester de la sorte sur l’astéroïde, ce dernier devrait tourner sur lui-même entre une à trois fois par minute afin de produire suffisamment de force centrifuge […]. Nous devrons être absolument certains que l’astéroïde en question est bel et bien stable (et qu’il ne risque pas de s’effondrer). Mais, si ce dernier est réellement stable, alors, nous pourrions hypothétiquement y créer un avant-poste d’une station spatiale plus vaste, par exemple. »
Pour certains scientifiques, « il est très peu probable que ces roches interstellaires et autres objets proches de la Terre puissent nous fournir des ressources dont nous avons besoin pour pouvoir potentiellement voyager plus loin dans l’espace, sans devoir compter uniquement sur la Terre pour s’approvisionner en carburant et autre ravitaillement. »
Pour faire clair, net et précis, les astéroïdes, une fois l’exploitation minière achevée, deviendraient des stations essence et des épiceries de secours, le tout en orbite autour du Soleil !
Selon les scientifiques, « si un jour nous venions à installer des maisons permanentes en dehors de la planète Terre, alors il serait tout à fait logique de vouloir utiliser ce qui se trouve à proximité des nouvelles habitations spatiales. »
Pour l’astrophysicien Thomas Maindl : « La frontière entre la science et la science-fiction est floue. Mon sentiment instinctif est qu’il faudra au moins 20 ans avant que toute exploitation d’stéroïde ne se produise. »
LA CHINE A LA CONQUETE DE L’ESPACE
Concernant la conquête de l’espace, la Chine serait championne des lancements. En effet, la Chine est désormais le pays qui lance le plus de fusées spatiales chaque année. L’Agence Nationale Spatiale Chinoise (CNSA) envisage d’envoyer des êtres humains sur la Lune dans les années 2030 (Cf. Sciences & Avenir n°864 – Février 2019).
« La Chine envisage une mission d’exploitation d’un astéroïde proche de la Terre dès 2024 »
(Article de Thomas Boisson, journaliste scientifique - Espace & Vie, les Cahiers d’Espace et d’Astrophysique n°16 - Juin 2019).
« Les Chinois sont arrivés sur la face cachée de la Lune »
Le 3 janvier 2019, « la mission chinoise Chang’e 4, la sonde lunaire chinoise, s’est posée avec succès sur la face cachée de la Lune, dans le bassin d’impact Aitken (cratère Von Karman) ». Pour mener à bien cette mission, le rover Yutu-2 a été utilisé (Cf. Sciences & Avenir n°864 - Février 2019).
Le but de la mission est d’explorer et d’étudier l’Hélium 3, une source d’énergie radioactive que les Chinois (entre autres) veulent exploiter.
Toutefois, on peut aisément constater que l’Empire du Milieu rattrape son retard concernant la conquête de l’espace, même si dans la fiction américaine, ils sont à la ramasse avec leur vieille fusée obsolète (Cf. Seul sur Mars).
Néanmoins, après avoir effectué différentes missions lunaires, la Chine s’intéresse à l’astéroïde 2016H03.
« L’agence spatiale chinoise souhaite y envoyer, dès 2024, une mission automatisée afin d’étudier la composition de l’objet et d’en prélever des échantillons afin de les analyser sur Terre. »
L’administration spatiale nationale de Chine (CNSA) envisage une mission robotique pour recueillir les échantillons d’un astéroïde et invite les autres agences spatiales à se joindre au projet.
La mission chinoise consiste à déposer une sonde sur l’astéroïde 2016H03 et d’en ramener des échantillons. C’est un petit astéroïde mesurant moins de 100 mètres de diamètre, situé à 5,2 millions de km de la Terre, appelé Kamo’Oelewa (nom d’origine hawaïenne faisant référence à un objet céleste oscillant. Kamo’Oelewa est un astéroïde classé quasi-satellite car il tourne constamment autour de la Terre, mais il est trop éloigné pour être considéré comme un satellite classique (distance Terre-Lune x 100).
Après avoir effectué les prélèvements sur H03, la sonde chinoise procèdera à un voyage de sept ans, au-delà de la planète Mars, jusqu’à la ceinture d’astéroïdes du Système solaire, afin de procéder à l’étude de la comète 133P/Elst-Pizarro, située à plus de 300 millions de km de la Terre. La mission a pour objectif d’étudier la formation et l’évolution des petits corps dans le Système solaire, ainsi que leur interaction avec le vent solaire. Cette mission aura également pour but d’analyser la composition de ces petits corps afin d’éclairer la science sur les origines de la vie sur la planète Terre.
En février 2019, la sonde spatiale japonaise Hayabusa-2 s’est posée sur l’astéroïde Ryugu pour collecter un échantillon qu’elle devra ramener sur Terre l’année prochaine (Cf. Nature, 30 avril 2019, équipe rédactionnelle de trustmyscience).
OBSERVATIONS ET ÉTUDES PORTÉES SUR LES ASTÉROÏDES
Le domaine qui étudie la composition des corps célestes s’appelle l’astrogéologie. Dans le magazine Sciences & Avenir du mois de février 2019, on apprenait que la sonde japonaise Hayabusa-2 se préparait à prélever des fragments de roche sur l’astéroïde Ryugu.
La réussite de cette mission permettra de tourner d’importantes données sur l’origine de l’eau et de la vie sur Terre.
En 2005, l’agence spatiale japonaise (JAXA) avait tenté un premier essai réussi, en posant Hayabusa-1 sur un astéroïde nommé Itokawa, géocroisseur de type S, long de 540 mètres, composé principalement de silice et d’oxydes métalliques.
Grâce à cette mission, il a été possible de rapatrier sur Terre (Août 2018), cinq ans plus tard, 1534 particules d’une taille comprise entre 3 et 40 micromètres. Ces grains sont constitués de silicates, d’olivine ou de feldspaths qui ont pu révéler que l’astéroïde Itokawa a eu une histoire mouvementée, nous dit-on. Ce corps céleste est originaire d’un « corps parent » mesurant probablement 20 km de diamètre, et qui, à la suite d’un choc cataclysmique survenu il y a 1,4 milliards d’années, s’est fragmenté et agrégé de nouveau pour former ce qu’il est aujourd’hui.
Quant à la sonde Hayabusa-2 (littéralement, « Faucon pèlerin 2 »), elle s’apprête à explorer un astéroïde de 900 mètres de diamètre, baptisé Ryugu, un astéroïde carboné de type C (variété la plus primitive mais également la plus abondante dans le Système solaire environ 70%), en référence au palais du dieu dragon de la mer de la mythologie japonaise.
L’astéroïde de Ryugu est situé à 350 millions de km de la Terre et possède une vitesse de 100 000 km/h.
Objectif de la mission : prélever quelques centaines de milligrammes de poussières, quantités infimes qui permettront toutefois d’obtenir « des informations de première importance sur l’époque la plus reculée du Système solaire ».
En outre, Ryugu est supposé « être riche en minéraux hydratés et en molécules organiques », ce qui « fournira de précieuses données sur l’origine de l’eau et de la vie sur Terre ».
Cette mission débutée en juin 2018 se terminera avec un retour sur Terre en décembre 2020.

Sources :
- Planètes Tomes I & II - Makoto Yukimura - Manga édition de luxe - 2001
- Les secrets de l’espace : Apprendre - Observer - Explorer n°6, Février-Mars-Avril 2019
- Espace & Vie, les cahiers d’Espace et Astrophysique n°16 - Juin 2019
- Les mystères de la science : les essentiels - « Dans les coulisses de l’exploration spatiale » - Février-Mars-Avril 2018
- Sciences et Avenir n°864 - Février 2019
- Science et Vie n°1214 - Novembre 2018)