CHRONIQUE MUSICALE #17 : EXPOSITION ELECTRO - PHILHARMONIQUE DE PARIS
30 sept. 2019Ouvre ton esprit & explore les Multivers !

Date : 30 Mai 2019
Lieu : Philharmonique de Paris
Introduction
C'est avec un regard neuf et un esprit large que je visitais cette exposition retraçant l'histoire des musiques électroniques car ce mouvement constitue une partie de notre vie à nous tous, faisant partie intégrante de notre génération, qu'on les apprécie ou qu'on les déteste, ces musiques sont les témoins non seulement du développement industriel de la fin du 20ème siècle, de l'individualisme et de la surconsommation mais également d'une culture de la fête, de la starification du DJ et du développement de la technologie qui l'accompagne.
Mais l'expression "musiques électroniques" ne semble pas signifier dans ce contexte, une musique commerciale facilement écoutable, jetable et recyclable selon les modes, mais bien une réalité musicale, dans un contexte socio-économico-politique bien défini : les années 80/90's.
Loin de vouloir une énième fois, vous retranscrire l'histoire des musiques contemporaines, l'exposition ne m'a pas rendue nostalgique mais m'a fait prendre conscience de la situation de l'époque (avec un grand recul et un regard qui se voudrait objectif), non seulement d'un point de vue musical mais également en tant que témoin direct de cette époque.

Des histoires des musiques électroniques
Originaire de Bordeaux, avant tout clubbeuse, les musiques électroniques, je les ai rencontrées par le plus grand des hasards : bercée par le Reggae, la musique afro-antillaise et la Disco, je découvris le New Beat et l'Eurodance vers la fin des années 80, pour me pencher sur la New Wave et le mouvement gothique, la House et la French Touch, la Tekhouse et la Techno dans la deuxième moitié des années 90. C'est aussi l'époque de Madonna, Mylène Farmer, Björk, Tori Amos, Portishead et PJ Harvey, le temps des remixes, des bootlegs, des faces B, des versions rares et inédites, et autres imports également. C'est aussi à cette période là que je découvrais ce qu'était le travail à l'usine : des mouvements répétitifs non naturels dans une ambiance bruyante et assourdissante, afin de produire un rendement quotidien pour des compagnies anonymes...
Aujourd'hui, cela fait plus d'une quinzaine d'années que je mixe des vinyles sur "un quatre temps" répétitif afin de créer idéalement "la Troisième Mélodie", un processus faisant appel à l'esprit créatif. Vive le Deejaying !
Arrivée à Paris à la fin de années 90, je passais de nombreuses nuits à pratiquer avec passion, sérieux et ferveur le Dancefloor et à me soûler de musiques électroniques en tous genres, tout en écoutant des "mixtapes" d'une émission radiophonique nommée SkyRave : De une heure à trois heures, c'était 100% Techno !
L'occasion exclusive de pouvoir écouter le mix d'un DJ House, Teckhouse, Techno. C'est à cette époque que je commençais à explorer l'univers des remixes et à écouter certains DJ's, en particulier de la French Touch.
Pour ma part et afin que tout DJ qui se respecte en prenne définitivement conscience, je considère que le Dancefloor est un fabuleux exutoire où l'on peut, grâce aux ondes sonores multiples et variées, hypnotiques, dynamiques et rythmées, "transformer et évacuer", le stress et la fatigue accumulés de la semaine en quelque chose de positif. Alors, s'il vous plaît, Messieurs et Mesdames les DJ's merci de bien vouloir garder vos egos au vestiaire et de rendre les ondes les plus pures possibles sur le Dancefloor en vous appliquant à votre art avec passion et technique.
N'oubliez pas votre humilité et votre altruisme, loin de toute morale, il apparaît que votre fonction "d'exorciste" voire de "chaman" est importante pour les auditeurs néophytes et profanes que nous sommes. Ainsi, je me permets de vous rappeler, artistes-DJ's et producteurs-remixers, qu'avec vos ondes électroniques, vous secouez nos petites âmes pour notre plus grand bien, âmes qui ont besoin de voir et d'entendre autre chose que la quotidienneté égocentrique de la consommation, âmes qui ont besoin de transformer le négatif en positif, de s'exorciser et de se défouler.
Ceci étant dit, même si du temps de la "Shounga", j'étais impatiente de m'immerger dans le flux énergétique du Dancefloor surtout au moment de "La Zone Rouge" : 2h00 du mat', l'ambiance changeait, une Techno un peu plus dure et un peu moins commerciale était jouée pendant une à deux heures. L'occasion de s'ouvrir l'esprit et de découvrir tout ce qui ne passait ni à la radio ni à la TV.
Bref, je ne manquais pas de fréquenter le Rex Club pour ses mythiques soirées Massive avec Elisa Do Brasil, Torgull, Kraft et Manu le Malin aka The Driver (Jungle/Drum n'Bass/Hardcore) et Automatik avec Carl Craig, Dave Clarke, Laurent Ho, Laurent Garnier, Derry May, Juan Atkins et Ken Ichi (Techno) au cours des années 2000. Puis, j'explorais définitivement et complètement le monde des musiques électroniques en m'intéressant de plus près à certains DJ's et aux différents styles que proposaient ces musiques dites "bruyantes".

C'était l'époque de Cajmere aka Green Velvet et Felix Da Housecat pour la House, Miss Kittin & The Hacker et Vitalic pour l'EBM et l'Electroclash, de Dave Clarke et de DJ Rush, pour la Techno, Sven Wittekind et DJ Amok, pour la Hardtechno et la Schranz, DJ Hype et Ganja Krew, pour la Jungle et la Drum n' Bass. C'était également la recherche d'inédits et de sons rares, c'était l'échange de références et de mixes DJs que l'on considérait comme les meilleurs à écouter et sur lesquels on se devait absolument de danser. C'était également la I Love Techno en Belgique, Welcome to the Rave, la Gay Pride et la Techno Parade à Paris !
Je préférais la Minimale, celle originaire de Berlin avec le label BpitchControl et des DJ's comme Ellen Allien et Paul Kalkrebrenner, une Techno avant-gardiste aux sons étranges, aériens, saturés, distordus et parfois surprenants. Puis, ma curiosité et mon ouverture d'esprit me poussèrent hors les murs pour explorer le monde des Raves et des Free Parties avec du son beaucoup plus radical comme le Hardcore, le Break Beat, le Doom et le Breakcore, le Speedcore voire dépouillé comme la Hardtek mais également l'Acid Music, la Tribe et la Trance. J'explorais et expérimentais l'Underground au sein duquel je découvrais des styles électroniques plus lourds, plus rapides et plus radicaux aussi.
Du temps a passé, l'eau a coulé sous les ponts mais je n'ai jamais oublié ma passion, ma pratique, ma discipline, ma Voie : le mix.
Le monde de la nuit est ce qu'il est, avec ses avantages et ses inconvénients, ses bonnes et ses mauvaises expériences mais rien ne remplacera l'expérience que j'ai pu vivre au sein du mouvement électronique et je ne suis pas le seule à dire cela.
C'est à la fois une aventure, une exploration culturelle mais également une exploration de soi-même à travers un voyage vibratoire très particulier : surfer sur les ondes musicales, capter les différentes fréquences et l'intensité du son ; pratiquer le Dancefloor où on peut se caler ensemble sur ces mêmes fréquences, lieu où les sons sont non seulement perçus mais également ressentis, ensemble, au même moment et à l'unisson.
Une expérience humaine et altruiste composée de fêtes, d'extase, de fréquences, de vibrations et d'ondes diverses et variées, qui viennent agrémenter les multiples nappes aux sonorités, parfois subtiles, des vinyles.
Le vinyle constitue l'outil essentiel du DJ, l'accessoire indispensable pour s'appliquer à la pratique. Ils peuvent être considérés comme des notes de musique, c'est la sélection, c'est le goût personnel du DJ au service du Dancefloor (Cf. Save The Vynil Laboratory).
D'une manière intime, le vinyle m'évoque une certaine sensualité, le sens du toucher, mais également la dextérité et quelque part, un art, une discipline, voire une pratique martiale.
Le DJ quant à lui, est un animateur, un collectionneur de disques, un sélectionneur de sons, un artiste-créateur, plasticien du son voire un musicien électronique.
Le mix, une pratique qui peut être considérée comme une discipline martiale
- Comprendre l'agencement et la dynamique des morceaux,
- Apprendre des nappes sans parole par cœur,
- Développer l'attention,
- Perfectionner la concentration,
- Subtilité de la dextérité,
- Ecouter et entendre ; voir et regarder,
- S'appliquer à la vertu : empathie, générosité, altruisme, respect, dignité,
- Pratiquer la volonté et l'effort,
- Prendre le bon exemple en observant autrui,
- Affiner ses connaissance et ses recherches musicales,
- Ne pas hésiter à s'ouvrir l'esprit et à explorer l'inconnu,
- Tout connaître, du détail à l'ensemble, de l'ensemble au détail,
- Perfectionner la pratique,
- Donner toute l'énergie à l'élan créatif,
- Surfer sur les vagues des fréquences en plein jour comme en pleine nuit,
- Intériorisation du son et purification de l'âme si pratique du non-ego, du lâcher-prise et du libre arbitre,
- Développer l'esprit martial : Tai, le corps, la dextérité du DJ ; Shin, l'esprit, la diffusion des ondes, Wasa, la technique, la pratique du mix,
- Développer et accroître les cinq principales fonctions cognitives du cerveau humain : mémoire, attention, langage, fonctions exécutives, fonctions spatio-temporelles.

A SUIVRE