LA VOIE DES RÊVES # 17 : LA FEMME SAUVAGE, UNE PUISSANTE MAGICIENNE - Part 1
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NB & AVERTISSEMENT :
Cette chronique n’est pas une méthode d’apprentissage pour s’appliquer à la pratique de la psychologie ou de la psychanalyse. Il existe des professionnels et des personnes qualifiées, spécialistes de ces domaines d'études. (Cf. Google is your friend (Google est ton ami !).
Cette chronique a été écrite à titre informatif ainsi que pour un confort de compréhension, et, est rattachée à l'analyse cinématographique d'un film dont le titre est Les sorcières d'Eastwick, film américain réalisé par George Miller et sortie en France en 1987.
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« Connais-toi toi-même et tu connaîtras l’Univers et les dieux ». Inscription du Temple de Delphes
L’ARCHÉTYPE DE LA FEMME SAUVAGE : LA FEMME EST UN ÊTRE PUISSANT ET MAGIQUE
Et pour se faire, elle a besoin d'une initiation...
Axe d'étude : Vassilissa et la sorcière Baba Yaga, conte russe, dont le personnage de la sorcière est issu de la mythologie slave. Une sorcière très connue et très redoutée notamment en Russie (Cf. le film John Wick, où le personnage principal, un tueur à gages est comparé à la Yaga, c'est dire qu'elle/il est terrible !).
La Baba Yaga est une figure féminine surnaturelle qui possède plusieurs facettes : symbolisant parfois une divinité chasseresse, voire une simple sorcière, elle possède une double fonction : elle est à la fois adversaire et donatrice, gardienne du royaume des morts et maîtresse de la forêt et des bêtes sauvages.
Résumé du conte : Vassilissa était une belle jeune fille maltraitée par sa belle-mère et ses deux filles. A sa mort, la mère de Vassilissa lui avait offert une petite poupée qui ressemblait à la jeune fille traits pour traits, exactement vêtue comme elle. Cette poupée était magique. Si Vassilissa perdait son chemin ou si elle avait besoin d'aide, elle pourrait le demander à la poupée qui l'assistera. Cette poupée représente donc une bénédiction.
Un jour, les trois femmes envoyèrent Vassilissa dans la forêt afin de demander le feu du foyer à Baba Yaga, en espérant que la jeune fille se fera tuer et manger par la vieille sorcière.
Vassilissa se mit en route et grâce à l'aide de la petite poupée arriva dans l'antre de la Baba Yaga. La nuit tombée, une barrière formée d'os et de crânes qui entourait la cabane se mit à flamboyer, éclairée par un feu intérieur, la forêt rougeoyait d'une lumière surnaturelle.
Baba Yaga était une créature absolument terrifiante. La maison de la vieille sorcière était encore plus étrange. Elle était juchée sur d'immenses pattes de poulet jaunes et se baladait toute seule (Cf. Le château ambulant).
Vassilissa rencontra donc Baba Yaga et lui demanda du feu. La jeune fille pourrait obtenir le feu, uniquement si elle se mettait au service de la vieille sorcière. Vassilissa après avoir effectué les neuf tâches qu'exigeait la Yaga, la jeune fille rentra chez elle avec un sentiment de triomphe, car elle avait survécu à son dangereux voyage et rapporté le feu : un crâne aux yeux ardents planté sur un bâton. Mais le crâne fixa son regard incandescent sur la marâtre et ses filles et ne les quitta plus des yeux, tant et si bien qu'au matin, il avait réduit le cruel trio en cendres. Fin du résumé du conte. Moralité : Celui ou celle qui ne fait rien, n'obtiendra rien ! CQFD !
Explications :
Vassilissa traite de la transmission de mère en fille, de l'intuition féminine, d'une génération à l'autre. L'intuition est un formidable pouvoir qui se compose d'une vision intérieure, d'une écoute intérieure, d'une connaissance intérieure, du fait de sentir de l'intérieur et le tout se fait à la vitesse de la lumière, donc d'une manière très rapide. Ces pouvoirs intuitifs sont comme des courants souterrains chez les femmes.
Pour saisir l'importance de ce conte, il faut bien comprendre que les personnages représentent les éléments de la psyché d'une seule femme. Tous les aspect de l'histoire font partie d'une psyché individuelle en train de subir un processus initiatique. L'initiation s'accomplit par la réalisation de tâches.
Dans le conte, la psyché doit en effectuer neuf, qui ont toutes pour but d'enseigner une partie des méthodes de la Vieille Mère Sauvage. En accomplissant ces tâches, l'intuition féminine, cet "être connaissant" qui accompagne partout les femmes, examine tout dans leur vie, voit ce qui est vrai et fait des commentaires pertinents, et est relancée dans la psyché.
Le but est d'établir une relation d'amour et de confiance avec cet être que nous en sommes venues à appeler "la femme qui sait" (La Que Sabe), l'essence de l'archétype de la Femme Sauvage. Voici les tâches initiatiques dans le rite de la Vieille déesse Baba Yaga :
PREMIÈRE TÂCHE : PERMETTRE A LA TROP-BONNE MÈRE DE MOURIR
Dans l'ouverture du conte, la mère est en train de mourir et de transmettre à sa fille un important héritage. Pour cette première étape, les tâches psychiques de la vie d'une femme sont :
- "Accepter le fait que la mère psychique toujours en éveil, dominatrice, protectrice, ne puisse jouer le rôle de guide principal vers la vie instinctuelle future (la trop-bonne mère meurt).
- S'attaquer à la tâche d'acquérir son autonomie et de développer sa propre conscience du danger, des intrigues, des ruses.
- Etre soi-même sur ses gardes, pour soi-même.
- Laisser mourir ce qui doit mourir. Lorsque meurt la trop-bonne mère, la nouvelle femme naît".
DEUXIÈME TÂCHE : METTRE A NU L'OMBRE BRUTE
Dans cette partie du conte, la belle-famille de Vassilissa, sa méchante, sa mauvaise belle-famille, entre dans son univers et lui rend la vie impossible. Les tâches à accomplir lors de cette période sont les suivantes :
- "Apprendre encore plus précisément à se débarrasser de la mère positive.
- Découvrir que la bonté, la gentillesse et un comportement agréable ne feront pas pour autant que la vie sera belle (penser à un juste milieu en toutes choses). Vassilissa devient une esclave auprès de sa belle-famille et cela ne l'aide en rien.
- Faire l'expérience de sa propre part d'ombre, et tout particulièrement des aspects de soi les plus susceptibles d'exclusion, de jalousie, d'exploitation (la marâtre et ses filles), les reconnaître sans équivoque et les annihiler.
- Etablir des relations aussi bonnes que possible avec ses plus mauvais côtés.
- Laisser monter la pression entre ce qu'on nous apprend à être et ce qu'on est réellement.
- Travailler à laisser mourir le vieux soi pour que naisse le nouveau soi intuitif".
TROISIÈME TÂCHE : NAVIGUER DANS L’OBSCURITÉ
Dans cette partie du conte, le legs de la mère, la poupée, guide Vassilissa dans l'obscurité jusqu'à la maison de Baba Yaga. Les tâches psychiques sont les suivantes :
- "Accepter de s'aventurer jusqu'au lieu de l'initiation profonde (pénétrer dans la forêt) et commencer à faire l'expérience du numem (du nouveau), ressenti comme un danger, que représente le fait de dépendre de sa propre intuition.
- Apprendre à développer sa propre sensibilité en direction de l'inconscient mystérieux et à se reposer sur ses sens.
- Apprendre le chemin du retour vers la Mère Sauvage (suivre les instructions de la poupée).
- Apprendre à alimenter sa propre intuition (nourrir la poupée).
- Laisser mourir encore un peu plus la fragile et ignorante jeune fille.
- Transférer le pouvoir vers la poupée, c'est-à-dire, vers l'intuition".
QUATRIÈME TÂCHE : FAIRE FACE A LA VIEILLE SORCIÈRE SAUVAGE
Cette partie du conte voit le face à face entre Vassilissa et la Vieille Sorcière. Les tâches à accomplir sont les suivantes :
- "Etre capable de supporter sans faiblir la vision de la Vieille Sorcière, c'est-à-dire, affronter l'image de la mère brutale (rencontrer Baba Yaga).
- Se familiariser avec l'arcane, l'étrange, l'altérité du sauvage (habiter quelque temps la maison de Baba Yaga).
- Introduire certaines de ses valeurs dans notre existence, devenant en cela nous-mêmes un peu étranges (manger sa nourriture).
- Apprendre à affronter un pouvoir considérable, chez les autres et par conséquent en nous-mêmes.
- Laisser mourir un peu plus l'enfant fragile et trop gentille".
Baba Yaga vit dans une maison qui repose sur des pattes de poulet. Elle tourbillonne et tournoie quand l'envie lui en prend. Dans les rêves, le symbole de la maison traite de l'organisation psychique qu'une personne habite, tant consciemment qu'inconsciemment.
Baba Yaga est la moelle épinière de la psyché instinctive. Plus tard, dans ses incarnations en tant que Mère des jours et Mère Nyx (Mère Nuit), la vieille Baba Yaga va se révéler gardienne des créatures du ciel et de la terre : le jour, le soleil, la nuit. Elle les appelle : "Mon Jour, Ma Nuit".
Baba Yaga est terrifiante, car elle représente simultanément le pouvoir d'annihilation et le pouvoir de la force vitale.
IL EST CRUCIAL DE SAVOIR FAIRE PREUVE DE RESPECT FACE A UN POUVOIR CONSIDÉRABLE. IL EST IMPORTANT DE PRENDRE CONSCIENCE DE CELA.
Une femme doit pouvoir regarder le pouvoir en face parce qu'au bout du compte, une partie de ce pouvoir lui appartiendra. L'inconscient peut parfois suggérer une nouvelle forme de vie qui ne se résume pas au sourire poli de la femme trop-gentille. Faire face à ce pouvoir sauvage et créateur qui est en soi, c'est avoir accès aux innombrables visages de la féminité souterraine. Ils nous sont innés et nous devons choisir ceux qui nous conviendront le mieux au moment qu'il nous plaira.
Dans un rêve initiatique, Baba Yaga est la nature instinctive déguisée en sorcière. Les termes "sorcière" (witch en anglais, cf. étymologie du terme in Chroniques historiques : La Wicca contemporaine, les sorcières modernes existent !) et "sauvage", ont fini par avoir une connotation péjorative, mais autrefois on appelait ainsi les guérisseuses, quelles soient jeunes ou vieilles. L'ogresse, la sorcière, la nature sauvage ainsi que tout autre "criatura", tout autre aspect de la psyché féminine que la culture jugent horribles, sont les bénédictions mêmes que les femmes doivent souvent ramener à la surface. De tout ce qui a été écrit sur le sujet du pouvoir féminin, on peut déduire que les femmes en ont peur (les hommes en ont très peur), car le champ des attributs et des forces de la femme est immense et sans aucun doute redoutable.
A SUIVRE... LA VOIE DES RÊVES # 18
Source :
Le rétablissement de l'intuition en tant qu'initiation, La poupée dans la poche : Vassilissa la Sage in Femmes qui courent avec les loups : Histoires et mythes de l'archétype de la femme sauvage - Clarissa Pinkola Estés - 1992, 1995, 1996
Voir également :
- Le Mythe de Circé - Maurizio Bettini & Cristina Franco
- Biographies & Mythes historiques : Athéna - Corinne Barastégui
- Lune Rouge : Les forces du cycle féminin - Miranda Gray
- Taoïsme : Les enseignements sexuels de la Tigresse Blanche
L'ORACLE DES DÉESSES