LA VOIE DES RÊVES # 19 : Le Vent se lève - Hayao Miyazaki

Le vent se lève, il faut tenter de vivre.

Paul Valéry

NB : cette chronique révèle tout partie du récit cinématographique.

Titre en français : Le Vent se lève
Titre en anglais : The Wind rises
Titre original : Kaze tachinu
Réalisation : Hayao Miyazaki
Scénario : Hayao Miyazaki
Pays : Japon
Année : 2013
Genre : Animation
Synopsis : 
Le réalisateur-scénariste s'est librement inspiré de la vie d'un ingénieur en aéronautique japonais, Jirô Horikoshi (1903-1982), concepteur du chasseur bombardier Mitsubishi A6M, autrement nommé, "chasseur zéro".
1918. Jirô est un jeune garçon passionné par les avions, tant et si bien qu'il en rêve durant ses songes dirigés...

Problématique :
Qu'est-ce que rêver et qu'est-ce que le rêve lucide ?
De l'utilité du rêve lucide.

Axes d'étude :
* Les rêves et les moyens de les diriger de Hervey de Saint-Denys
* Le rêve et ses fonctions (psychologie) : confère le blog de DJ Miss Phoebe
* Autre chronique : cf. chronique cinématographique Paprika de Satoshi Kon (2006).

INTRODUCTION
Dans l'Antiquité européenne, l'oniromancie et la science onéirocritique* étaient un art et un métier pratiqués par les prêtres et les prêtresses, gardiens de certains temples très importants, où les individus venaient y dormir pour recevoir, entre autres, des messages divins**. 
(*cf. Onirocriticon : De l'interprétation des songes d'Artémidore de Daldis, terme d'origine grecque, l'onéirocritique est l'art d'interpréter les rêves).
(**cf. Les Rêves et les moyens de les diriger de Hervey de Saint-Denys).

Les rêves et leurs interprétations ont toujours été une préoccupation humaine, un art, une pratique, voire une technique, selon les pays, les régions, les époques, les ethnies et les clans, les croyances et autres superstitions. Les rêves constituaient une partie non négligeable de la vie des individus, pour expliquer soit le divin soit le quotidien soit les deux.

De nos jours, les rêves sont relégués au seul vécu de la quotidienneté et il est chose aujourd'hui banale que de rêver. Mais en faire l'interprétation présuppose (dans le cas d'une étude sur le Soi-même) de posséder au préalable, une méthode, une certaine connaissance de la nature des choses et un certain équilibre psycho-mental.

Il est sage et intelligent de savoir rester à l'écoute de Soi-même et les rêves sont un bon moyen pour y parvenir. Il existe une pratique appelée rêve lucide, qui permet d'accéder à cette partie mystérieuse de la psyché humaine que sont les songes. Cela consiste non seulement à être conscient de ses propres rêves mais également à les diriger, grâce à la mémoire, à la volonté et à l'imagination.

Un rêveur lucide, autrement nommé "Psychonaute" ou "Voyageur de la Psyché", est donc une personne capable, non seulement d'être consciente de ses propres rêves, mais également de les diriger, notamment à l'état de veille. Le psychonautisme est une doctrine qui regroupe "les navigateurs de l'âme". Ce dogme est une méthode pour analyser les effets subjectifs des états modifiés de conscience, avec usage ou non de substances psychotropes. L'objectif étant de trouver un moyen d'explorer l'existence et d'enrichir l'expérience humaine afin de développer des réflexions sur la vie spirituelle. L'utilisation du terme psychonaute dans le cadre du rêve lucide renvoie à la faculté de se souvenir de ses propres rêves et de les diriger tout en visitant des dimensions et des densités différentes, d'où l'expression "Voyageurs de la Psyché" pour désigner la personne sachant diriger ses propres rêves et de rapporter des informations sur les mondes explorés en état modifié de conscience (ici, dormir).

Dans Le Vent se lève, la première séquence opère à une mise en situation précise : dans cette maison, précisément, cette entrée de maison précise, ce petit garçon précis en train de dormir : gros plan sur le visage du jeune garçon en train de dormir paisiblement, mais surtout, en train de rêver d'une façon très détaillée...

Cette séquence constitue l'incipit (l'introduction, l'accroche) du récit cinématographique, le spectateur est en train d'assister en direct à un rêve, plus précisément à un rêve dirigé, celui du jeune garçon endormi qui rêve qu'il pilote un avion et opère à une balade aérienne...

RÊVE 1 : QU'EST-CE QU'UN RÊVE DIRIGE ?
L'incipit du récit, qui connote d'une vision subjective, nous donne la chance de pouvoir assister à un rêve dirigé complet. Le personnage principal se regarde en train de rêver (rêve à charge positive), il pilote un avion, et apparemment, il sait intervenir dans ses propres rêves, qu'il détaille à merveille. En effet, son rêve est très précis, très coloré et très sonore tout en restant réaliste. Il n'y a pas de dialogue mais cela ne signifie pas qu'il n'y ait pas d'action, rien que des sons et des couleurs. Mais, soudain, le songe s'assombrit et vire au cauchemar (rêve à charge négative). La vue du personnage se brouille, se dédouble, et, il voit apparaître des formes sombres et assez agressives qui foncent littéralement sur lui jusqu'à ce que son avion se démantèle. Et le personnage de finir par tomber de très haut... Fin du rêve.

Néanmoins, le réveil du personnage reste tout aussi paisible que son sommeil. Ce rêve ne semble pas l'avoir perturbé outre mesure, mais on découvre qu'il n'a pas une très bonne vue. En outre, le personnage ne semble ni choqué ni agité ni traumatisé par la fin de son rêve. Il s'est réveillé ni paniqué ni en sueur. Par conséquent, il connote d'une certaine expérience concernant le monde onirique.

Possible interprétation du rêve n°1 :

La réalité du personnage le rattrape dans son rêve dirigé, son inconscient parle à sa conscience : "N'oublie pas que tu as une mauvaise vue et il ne faudrait pas que tu t'attardes dans ce genre de songe, rêveur lucide". D'un point de vue psychologique, le rêve dirigé de Jirô pourrait être considéré comme un rêve récurrent d'édification. Le rêveur est confronté à une situation vécue dans la vie réelle. Il se voit directement et physiquement engagé dans l’action. Le ressenti lié à l’événement vécu dans le rêve doit lui permettre de comprendre pourquoi une telle situation s’impose à lui de cette façon. Un changement de comportement s’avère quelquefois nécessaire soit pour ne plus subir, soit pour décider d’exploiter des qualités jusqu’ici ignorées ou laissées de côté.

Plus tard, dans le récit, on découvre que le jeune homme se prénomme Jirô, un écolier, humble, poli et courageux, altruiste, juste et solitaire, agile et rapide, passionné d'aviation, tant et si bien qu'il en rêve chaque nuit. La psychologie du personnage nous indique que ce petit garçon ne peut que rêver sainement car il effectue des actions dans son quotidien qui sont saines et entretiennent sa bonne personnalité, qui vit au sein d'une famille aisée, dont la mère reste au foyer, à l'époque de la première guerre mondiale.

Dans la journée, Jirô va à l'école et fait l'acquisition d'une revue spécialisée sur l'aviation qu'il s'empresse de feuilleter de retour à la maison. A l'intérieur de ce magazine, il y découvre un article qui parle d'un certain Comte Caproni de Taliedo, un célèbre ingénieur en aéronautique italien.
Par la suite, grâce aux nouveaux éléments vécus dans la journée et à ses différentes lectures passionnées, Jirô perdure son rêve lucide et y a introduit un nouveau personnage ainsi que de nouveaux éléments qui permettent au rêve de donner une solution, de délivrer un message...

RÊVE 2 : QU'EST-CE QU'UN RÊVE PARTAGE OU RÊVE TELEPATHIQUE ?
D'un point de vue fonctionnel, Jirô n'y voit certainement pas très bien dans la réalité, mais, d'un point de vue psychologique, il sait y voir clairement dans ses rêves.
Le soir venu, tout en fixant la nocturne voûte céleste au lointain, Jirô installé plus ou moins confortablement sur le toit de sa maison, frustré de ne pas pouvoir observer d'une bonne vue les étoiles filantes, se met donc à faire un rêve lucide, il imagine, c'est-à-dire, qu'il commence à créer des images dans son esprit...

Le rêve éveillé de Jirô :
"En contre-plongée (vue du bas, vision subjective, celle de Jirô), au plus haut dans le ciel bleu parsemé de gros nuages cotonneux et traversé par des avions, dont le dessous des ailes est orné du drapeau italien. Il aperçoit le Comte Caproni dans l'un de ses avions. Jirô ne manque pas de se présenter en précisant qu'il est japonais et qu'il est en train de rêver (rêve dirigé).

Venant à la rencontre du jeune garçon, le Comte lui annonce que lui aussi est en train de rêver et que tous deux partagent en fait le même rêve, au sens propre comme au sens figuré.
Les deux personnages sont donc en train de vivre le même rêve, de partager un rêve dirigé, autrement nommé, rêve télépathique, de dialoguer dans leur rêve tout simplement. Et le Comte Caproni, italien de nationalité, n'a pas vraiment l'air surpris de discuter et de pouvoir comprendre un jeune garçon japonais.
Giovanni Battista Caproni (1886-1957), ingénieur de son état (dans cette fiction comme dans la réalité non fictive) s'adresse à Jirô en ces termes : "Nous sommes bien dans un rêve. Le monde est un rêve. Bienvenue dans mon royaume".

L'ingénieur fait donc visiter son rêve à Jirô et lui indique qu'il préfère construire des avions pour transporter des individus plutôt que de les piloter pour balancer des bombes.
Tout en continuant leur promenade onirique, Caproni explique à Jirô que ce qu'il y a de bien dans les rêves, c'est que tout y est permis.
Jirô pose alors une question au Comte Caproni : "Pensez-vous que je serais capable moi aussi de construire des avions ? Ma vue est mauvaise et je sais bien que je ne pourrais jamais être pilote". 
Et Caproni de lui répondre que lui-même n'a jamais piloté d'avion et qu'il en est parfaitement incapable. Le Comte se considère tel un heureux créateur d'avions, il est ingénieur en aéronautique.
"Si tu le veux, tu le peux, mais entre le "veux" et le "peux", il y a un cheminement à suivre, des obstacles à surmonter, des efforts et des choix à faire afin de pouvoir suivre sa propre Voie, celle que tu as choisi, et non celle d'un autre. Tu es si réaliste, jeune japonais, que tu es bien prêt à écouter la vérité afin que tu puisses choisir et suivre ta propre Voie, c'est certainement ta Destinée.", aurait dit le Comte Caproni à Jirô.
Mais, comme je ne suis pas le Comte Caproni et que je ne suis point ingénieur en aéronautique, voilà ce que le célèbre ingénieur répondit à Jirô : "Les avions ne devraient jamais servir à faire la guerre ni à s'enrichir. Les avions sont des rêves merveilleux et les ingénieurs transforment les rêves en réalité !"
Et le Comte Caproni de s'en retourner au loin dans son propre rêve en assurant à Jirô d'un geste de la main qu'ils se reverront.
Fin du rêve de Jirô.

A l'instar du toit sur lequel il avait commencé son rêve lucide, Jirô se réveille allongé dans le salon. Il s'empresse de dire à sa mère que plus tard, il sera ingénieur en aéronautique. Et sa mère de lui répondre qu'il a fait un beau rêve, mais il temps d'aller dormir !

Dans ce rêve, Jirô nous prouve, que grâce au rêve partagé, il est possible de trouver une solution aux occupations et préoccupations de la vie quotidienne, encore faut-il s'adresser aux bonnes personnes ! Ici, le Comte Caproni représente la personne expérimentée qui va pouvoir suggérer et transmettre une idée, comme il le dit lui-même, ce qui compte, c'est l'inspiration. 

Possible interprétation du rêve n°2 :

Jirô vient de faire ce que l'on appelle un rêve dirigé, partagé, un rêve d'inspiration. Les rêves d'inspiration aident la personne à trouver la solution à un problème apparemment inextricable auquel elle a été confrontée à l’état conscient. Il faut savoir que l'inconscient travaille en dehors de toutes contraintes émotionnelles, avec une plus grande rapidité et efficacité que ne peut le faire le conscient qui se trouve réduit aux limites que la personne se fixe elle-même. Au réveil, la personne se surprend à posséder en elle la solution tant recherchée.

Possédant un début de réponse et l'heure de dormir ayant sonné, c'est avec une impatience devinée que Jirô s'empresse de faire un autre rêve dirigé au sein duquel on peut aisément se dire qu'il a hâte de retrouver le Comte Caproni afin d'obtenir de plus amples informations sur ce qu'est un ingénieur en aéronautique...

Jirô pense tout le temps aux avions, il en a fait son credo, son objectif, son ambition, tant et si bien qu'il en a même des visions. A l'université, il est l'un des élèves les plus studieux et est féru de travail. Jirô est devenu un jeune homme poli et courtois, altruiste et gentil, humble et sympathique, et très ingénieux. Etre réaliste et rêver lucidement, ça paye apparemment ! Au cours d'un feu qui ravagea les locaux de l'université suite à un tremblement de terre, Jirô découvre part hasard une carte postale à l'effigie du Comte Caproni, ce qui lui rappelle que cet homme a réussi à accomplir un de ses plus grands rêves ! Un signe ?!

RÊVE 3 : L'ESSAI RATE DU COMTE CAPRONI
Etudiant à l'université de Tokyo, Jirô est devenu un jeune homme mais il n'a pas oublié de rêver. Le troisième rêve dirigé montre un Comte Caproni qui essaye un de ses avions et qui pour l'occasion filme la scène. Hélas, ce ne sera qu'une tentative de plus ! Et Caproni de s'adresser à Jirô en lui disant que le vent continue de souffler et qu'il faut s'accrocher à la vie. Caproni finit par citer une phrase tirée du poème Le cimetière marin de Paul Valéry : "Le vent se lève, il faut tenter de vivre !".

Pour la petite sœur de Jirô, ce dernier est devenu égoïste et méchant car il se fait de plus en plus absent. Il faut dire que Jirô est très pris par ses études. Il va peut-être partir pour Nagoya.
Plus tard, jeune adulte, Jirô est embauché par la société Mitsubishi, entreprise privée spécialisée dans l'aéronautique, où il est considéré comme un génie, mais ne bénéficie d'aucun privilège si ce n'est que d'explorer le monde de l'aéronautique.

RÊVE 4 : LA FORCE CREATRICE SUR LE MODE REALISTE, PREMIERE TENTATIVE
Tout en travaillant et en dessinant, Jirô se met à imaginer un avion en rêve lucide et l'opération semble fonctionner. Malheureusement, une des ailes de l'avion cède. Fin du rêve.

Pour trouver sa solution, Jirô explore, dans la réalité, le monde de l'aéronautique, qu'il trouve fascinant, aussi bien dans ses rêves que dans la réalité. Il faut dire qu'il est également devenu ingénieur, ses rêves sont donc en adéquation avec sa personnalité, sa quotidienneté et sa propre réalité.
A la suite d'un essai manqué d'un avion de chasse nommé Faucon, Jirô garde l'espoir et l'ambition d'en construire un nouveau, plus rapide et plus résistant. Cet essai lui a ouvert l'esprit et lui a permis d'apercevoir "les perspectives immenses qui se dessinent à l'horizon". Mais Jirô ne pourra pas imaginer le Faucon 2 et va devoir s'atteler à construire des bombardiers avec l'aide d'ingénieurs allemands.
C'est alors que le jeune ingénieur part pour l'Allemagne. Le Japon a vingt ans de retard technologiquement sur l'Occident, sur les grandes puissances, comme le dit si bien son ami et collègue, Honjô. Ce dernier possède un esprit de compétition qui commençait à se faire ressentir dès l'université et qui est devenu une obsession qu'il transmet inconsciemment à Jirô, "comme si le destin de l'aviation japonaise reposait sur ses épaules". Alors forcément, il y a de quoi avoir la pression ! Selon l'Assemblée Générale de sa société, Jirô doit voyager vers l'Ouest, il doit continuer à explorer le monde...

RÊVE 5 : LE DERNIER VOL DU COMTE CAPRONI
Jirô rêve encore et toujours. Fatigué par une longue journée, il s'endort avachi sur son lit. Il est en train de rêver qu'il se trouve dans une cabine d'un train en marche...

"Il regarde par la fenêtre l'air pensif. Soudain, le Comte Caproni vient s'asseoir à côté de lui en lui posant la question suivante : "Est-ce que le vent continue de souffler, jeune japonais ?", comme si cette phrase était devenue un mot de passe, une phrase symbolique de reconnaissance, une sorte de leitmotiv. Et Jirô de répondre que oui. C'est en ces termes que le Comte invite Jirô à le suivre pour lui présenter sa dernière création avant sa retraite.
Le Comte saute hors du train en marche et Jirô en fait de même. Il se retrouve nez-à-nez devant la dernière invention de l'ingénieur italien pour un dernier vol. Un vol inaugural privé juste avant sa livraison à l'armée de l'air, mais inutilisable à des fins militaires. L'avion est plein à craquer car presque tout le village est là : toute sa famille, ses ouvriers ainsi que ses proches. Une vraie réussite selon Jirô qu'il assimile à un édifice de la Rome antique.

Le jeune ingénieur fait part au Comte de son inquiétude quant au retard technologique que possède son pays qu'il considère comme étant un pays pauvre. Le Comte de lui répondre que le plus important pour un ingénieur, c'est l'inspiration : "L'inspiration ouvre les portes de l'avenir. Lorsque l'inspiration est là, la technologie suit.[...] Nous aussi, les Italiens, nous sommes pauvres. Nous avons beaucoup de bouches à nourrir. Faites bien attention à votre tête ! On a beau être dans un rêve, on peut tout de même la perdre !"
Puis, le mystère du rêve se fait sentir : Le Comte Caproni demande à Jirô s'il avait le choix, opterait-il pour un monde avec ou sans pyramide ?
Pour le Comte, les Êtres Humains ont toujours rêver de voler mais il pense que c'est un rêve qui est aussi une malédiction. Selon Caproni, l'avenir de l'avion a un destin funeste. C'est devenu une machine de guerre, de destruction massive. Néanmoins, le Comte répond lui-même à sa propre question en disant qu'il a opté pour un monde avec des pyramides (mais on ne sera pas pourquoi, c'est ça le mystère du rêve !). Et le Comte de reposer la question à Jirô qui lui répond qu'il veut concevoir de beaux avions, comme celui qui vient d'apparaître sous les yeux des deux rêveurs, mais qui paraît inachevé. Jirô s'empresse en silence de le mettre en mouvement et l'ingénieur italien de le trouver majestueux. Mais pour Jirô, l'engin n'est pas encore terminé car il doit encore travailler sur le cockpit et sur le moteur.

Le Comte Caproni félicite Jirô pour sa création et lui dit que c'est un rêve magnifique. Pour le Comte, c'est le dernier vol. Il pense que le pic de créativité ne dure jamais plus de dix ans, pour les ingénieurs comme pour les artistes. Et le Comte de souhaiter à Jirô de vivre pleinement ces dix meilleures années.
Fin du rêve.

Et tout de suite, de voir Jirô travailler d'arrache pied au sortir de "ce rêve magnifique".

Possible interprétation du rêve n°5 :

Un autre rêve d'inspiration. C'est d'ailleurs un des sujets de Caproni, l'inspiration, qui selon l'ingénieur italien, ne durerait environ qu'une dizaine d'années.
Après cinq ans de bons et loyaux services au sein de la société, Jirô se voit proposer une grosse commande et se voit nommer, par la même occasion, responsable de projet : un chasseur pour porte-avion en vue d'un concours de l'aéronavale de 1932.
Par la suite et à force de travail, Jirô procède au premier essai de sa première création. C'est un jour important et Jirô adopte une attitude solennelle. Les débuts s'avèrent concluant mais au bout du compte, il ne le sera pas.

Le souvenir génère des images :
En vacances dans un hôtel de campagne, Jirô allongé repense aux premiers essais de son avion. Il visualise et revoit ce qui n'a pas fonctionné.

Puis, Jirô se lie d'amitié avec Naoko, une jeune femme qu'il avait rencontrée quelques années auparavant dans un train, lors d'un tremblement de terre et à qui il avait porté secours. La jeune femme, atteinte d'une grave maladie est sensible au charme et à l'intelligence du jeune homme.

L'imagination génère des images :
Revenu au Japon, Jirô découvre, avant son premier vol, la création d'Honjô, son collègue et ami. Tous deux imaginent comment l'engin prendra son envol.

Un contexte de guerre :
Jirô se voit obligé de se cacher car il est recherché par la police spéciale comme dissident politique (bien entendu, ce n'est pas le cas !).
Jirô apprend au cours de sa fuite qu'il va concevoir le prochain modèle d'avion de la marine impériale. Il pourra compter sur l'entreprise aussi longtemps qu'il leur sera utile.
Le jour J, Jirô assiste au Conseil d'Administration puis à une réunion avec la marine impériale.
Puis, Jirô se met au travail avec son équipe et montre une ambition à toute épreuve : atteindre les 270 nœuds, soit 500 kilomètres/heure, "Il faut voir loin !" dit-il.
Jirô transmet des images à son équipe de projet quand il expose son concept d'avion. Il est enfin arrivé au bout de ses peines et a enfin créé l'avion de ses rêves, un engin de chasse, rapide et efficace pouvant aller jusqu'à 240 nœuds.
Ayant passé du temps avec Jirô et ayant quelques affinités avec ce dernier, Naoko le rejoint par amour. Les deux amoureux décident de se marier et de profiter du peu de temps qu'ils leur restent à vivre ensemble car Naoko est toujours autant malade.

RÊVE 6 : LE DERNIER RÊVE DE JIRÔ
Enfin, l'avion de ses rêves a pris son envol et c'est une réussite totale pour Jirô. Durant les essais, l'attention de Jirô est attirée par un "calme mystérieux".
C'est la fin de la guerre... Une guerre perdue pour les Italiens et les Japonais. C'est en traversant une multitude d'épaves d'avion que Jirô retrouve pour la dernière fois le Comte Caproni, là où ils s'étaient rencontrés la première fois, au royaume de leurs rêves. Mais Jirô a l'impression d'être en enfer. Pour Caproni, ce n'est pas tout à fait l'enfer, mais, ça y ressemble.
L'ingénieur italien demande à Jirô s'il a su pleinement profiter de ses dix meilleures années. Et Jirô de répondre oui, même si tout a été réduit en cendres. "Rien n'est plus dur que de perdre une guerre", dit l'ingénieur italien. Puis, ce dernier se met à contempler l'œuvre de Jirô, le fameux "Zéro".

Caproni attire l'attention de Jirô sur Naoko, en train de se promener, les cheveux au vent. Caproni fait remarquer à Jirô que cette jeune femme l'attendait à cet endroit depuis un bon bout de temps... On ne peut qu'imaginer que Naoko ait succombé à sa maladie et qu'elle est venue dans le rêve de Jirô pour lui transmettre un message. C'est un rêve de l'au-delà.

Les rêves de l'au-delà ou rêves astraux :
Durant le sommeil, le rêveur est projeté dans des plans de réalités différentes  de celle où il vit à l’état conscient. Très souvent, le rêveur aura l’impression de voler. 
Ces rêves peuvent également se faire à l'état d’éveil. La conscience quitte le corps. Ce dernier se paralyse pour la laisser s’envoler vers des zones connues ou inconnues. La conscience voyage librement vers d’autres dimensions et d’autres consciences.
Dans ces rêves, le rêveur peut recevoir des messages venus de personnes disparues, des guides spirituels ou de toutes autres entités appartenant à un monde différent du leur. Ces rêves ont pour but de révéler notre dimension spirituelle, nos capacités parapsychiques et médiumniques.

DE L'UTILITE DU RÊVE LUCIDE
Le récit cinématographique montre et démontre de l'utilité du rêve lucide et du bénéfice du rêve partagé. En Orient, et en particulier, dans la philosophie martiale, il est bon de savoir "dialoguer dans les rêves". Le film étant de nationalité japonaise, il est utile de se rappeler qu'il existe, dans ce bas monde, plusieurs visions du monde et différentes appréhensions des choses et de la vie qui nous entourent.

"Vaincre n'est pas l'essentiel. Au-delà de l'horizon, le monde est bien plus vaste qu'on ne peut l'imaginer. Ne pas voir chez autrui ce qu'il peut nous enseigner, c'est faire preuve d'étroitesse d'esprit et manquer de générosité."

Outre la vie d'un jeune garçon qui souhaite devenir ingénieur et qui le devient, Le Vent se lève est un film qui nous raconte beaucoup de choses sur les rêves et, en particulier, sur le rêve lucide. Jirô est une personne qui a pour habitude de pratiquer le rêve lucide ou autrement appelé rêve éveillé ou encore rêve dirigé.

Ce genre de rêves s’obtient en se mettant dans un état modifié de conscience. On se place en stade alpha, stade où les ondes électriques du cerveau permettent la relaxation, l’intuition, le rêve sans dormir. A ce stade, l’inconscient capte ce qu’il est parfois difficile d’accepter en état de vigilance quand les peurs, les croyances et les préjugés prennent le dessus. Le stade alpha ou stade modifié de conscience s’obtient soit avant de dormir, soit en état de relaxation ou de méditation, soit à l'état d'éveil. Des visions, des images, des messages et des couleurs se forment devant les yeux fermés ou ouverts.

Bien entendu, dans le cas de Jirô, il est question de se chercher d'une manière professionnelle, que va-t-il pouvoir faire comme métier en rapport avec l'aviation, étant donné que sa vue est mauvaise. Les rêves lucides du petit garçon vont lui permettre de pouvoir se réfléchir tout en s'élargissant l'esprit.
Les rêves lucides de Jirô vont donc lui permettre d'atteindre ses propres objectifs dans sa réalité (fictive). Cela lui permet également de développer et d'entretenir des qualités et des vertus.
Ce film d'animation a donc pour sujet l'utilité de rêver et la fonction du rêve lucide.

La leçon est simple : Pour accomplir ses propres rêves, il faut agir dans ce sens : CQFD.

Le rêve semble apparaître comme une partie de la solution. Selon le récit cinématographique, le rêve lucide possède sa pleine utilité au sein de la vie d'un être humain. Ce qui est extraordinaire dans tout ça, c'est la possibilité de transmettre des informations ou un message, de donner des idées, d'inspirer ou d'être inspiré et de partager des situations similaires dans un rêve dirigé à visée télépathique. 

COMMENTAIRES SUR LE RÊVE, LE SOUVENIR ET L'IMAGINATION
Dans les trois cas, qu'il rêve, qu'il pense ou repense en visualisant (souvenir) ou qu'il imagine, l'Être Humain est donc capable de fabriquer lui-même des images dans son esprit ou du moins de s'en souvenir en faisant appel à sa mémoire qui est une des cinq principales fonctions cognitives du cerveau humain, avec le langage, l'attention, les fonctions visuo-spatiales et les fonctions exécutives.
En l'occurrence, d'un point de vue purement anthropocentrique, on pourrait éventuellement se dire que le rêve est le propre de l'Humanité et que le rêve lucide est une faculté psychique humaine permettant bien des choses qu'il est possible de développer grâce à une pratique, une méthode, une technique !

A SUIVRE : LA VOIE DES RÊVES # 20 : Les rêves et les moyens de les diriger

Sources :
Le Vent se lève de Hayao Miyazaki - DVD Zone 2
Les rêves et ses fonctions - Cf. Le Blog de DJ Miss Phoebe