La déesse Skaldi chassant dans les montagnes by HLM

MYTHOLOGIES GERMANIQUE ET NORDIQUE

La mythologie nordique

Les mythologies de l'Europe du Nord et de l'Est se composent des peuples d'origines germanique et slave.

Europe de l’Est, peuples d’origine slave : Les Russes, les Serbes, les Croates, les Bulgares, les Roumains, les Slovaques et les Polonais.

Europe du Nord, peuples d’origine germanique : les Allemands, les Néerlandais, les Danois, les Suédois, les Norvégiens, les Islandais et les Anglais.

Au sein de la mythologie germanique, on retrouve la mythologie nordique, dont la majeure partie a survécu, en Europe du Nord et de l’Est, d’origine scandinave et islandaise.

Le monolithe de Baasrode évoquait le personnage de Frau Holle ou Dame Holle, figure légendaire préchrétienne issue des Contes de l’enfance et du foyer des Frères Grimm. Ce personnage était également connu sous les noms de Holda, de Perchta ou de Bertha, entre autres.

Holle était considérée comme une déesse, Holda était liée au monde des esprits et Perchta était une déesse issue du paganisme alpin assimilée à la déesse Frigg, épouse d'Odin.

Dame Holle peut être aussi associée à la fois à Hel, déesse de la mort de la mythologie nordique ou à Freyja, déesse de la magie et des prophéties, épouse d'Ód.

 

Dame Holle assimilée à Hel, déesse de la mort

Hel, déesse de la mort, souveraine de Helheim, le royaume des morts dans la mythologie nordique, est une divinité guerrière qui peut être assimilée à :

  • Perséphone (reine des Enfers, divinité de la végétation associée au printemps) ;
  • Hécate (déesse de la Lune et de la magie) ;
  • Mélinoé, divinité mineure de l’orphisme, déesse des fantômes et des cauchemars.

Hel a la moitié du visage plongé dans les ténèbres de la mort et l’autre dans la lumière de la vie. Elle conduit les esprits des défunts notamment ceux qui ont eu une mort naturelle dans leur lit, vers leur vaisseau pour suivre le courant de l’une des douze rivières, les Élivágar, dont l’une débouche dans le pays de Gimlé (équivalent des Champs-Élysées grecs). Pour certains spécialistes, la Déesse et le lieu Hel concernent le monde des morts, ni bon ni mauvais.

Helheim est l’un des Neuf Mondes de la mythologie nordique, un lieu où vivent les morts. Helheim est l’antichambre de Niflhel, un monde encore plus profond, sombre et brumeux. Un lieu où les morts ne repartent jamais une fois la rivière Gjöll dépassée. Cette rivière est surplombée de Gjallarbrú, un pont soutenu par des piliers d’or.

Un seul chemin mène vers Helveg, le « chemin des morts ». Ce pont est gardé par Módgud, géante chargée de demander l’identité et la requête de chaque individu. Elle donne l’accès aux nouveaux défunts et empêche les âmes de retraverser le pont et la rivière Gjöll. Helheim est rattaché à la mort du dieu Baldr, fils d’Odin et de Frigg.

Dans la mythologie nordique, il y a toujours eu plusieurs mondes réservés aux morts. Helheim et Niflhel n’en constituent qu’une partie. La représentation chrétienne en a fait un lieu où vont les damnés, en opposition à d’autres mondes tel que Gimlé, Vingólf ou Valhalla.

Gimlé ou Gimli en islandais, littéralement « endroit protégé du feu » en vieux norrois, est le lieu où vivront les hommes bons et heureux après le Ragnarök.

 

Dame Holle assimilée à Freyja, déesse de la magie et des prophéties

Dans d’autres cas, Dame Holle serait associée soit à la déesse Freyja ou soit à la déesse Frigg.

Dans les croyances préchrétiennes, Freyja représenterait un des trois visages de la Grande Déesse-Mère, avec les déesses Frigg et Skadi. Cette dernière est une divinité nordique associée à la montagne, à la chasse à l’arc et à l’hiver.

Frigg ou Frigga, également connue sous les noms de Frija ou Fricka était, dans la mythologie germanique, la fille de de la déesse Fjorgyn, divinité de la terre et de l’air, la femme d’Odin, chef des dieux ainsi que la mère de Baldr.

Freyja est une déesse importante de la mythologie germanique et nordique. sa demeure est Fólkvangr. Appartenant au groupe des Vanes, Freyja est la fille de Njörd, dieu des océans, de la pêche et du poisson, et, la sœur jumelle de Freyr, dieu de la prospérité.

Symbolisant la beauté, Freyja est souvent considérée comme l’équivalent de Vénus (Aphrodite chez les Grecs) et parfois confondue avec la déesse Frigg. Possédant des attributs guerriers, Freyja peut également être assimilée à Minerve (Athéna chez les Grecs).

Freyja est, non seulement associée à l’amour, à la terre, à la fertilité, mais également à la magie et aux prophéties.

 

MYTHOLOGIE NORDIQUE : COSMOGONIE, MYTHE ET CONCEPT

La Völuspá est un poème cosmogonique et eschatologique, dans lequel une voyante expose à Odin, sous la forme d’un long monologue, une série de visions riches en détails. Elle conte l’histoire et le destin du monde, des dieux et des hommes, depuis l’origine du monde jusqu’au Ragnarök qui verra l’avènement d’un renouveau de l’univers.

Concept d’au-delà et de domaine des dieux

Asgard est la demeure du dieu Odin, où ont été construites les halles célestes pour les douze Ases majeurs.

Ókólnir est un lieu où se trouve la halle Brimlé, qui constitue une demeure qui existera après le Ragnarök pour accueillir les bonnes âmes.

Sindri désigne également l'une des halles où vivront les hommes bons et vertueux après le Ragnarök.

Vingólf est un lieu situé à Asgard, domaine des dieux Ases situé au centre du monde.

Valhalla ou Valhöll en vieux norrois, Walhalla en allemand, est un lieu céleste où résident les valeureux guerriers morts au combat, situé au sein d’Asgard où règne le dieu Odin. Ces guerriers étaient choisis par les Valkyries sur les champs de bataille. Les nouveaux arrivants rejoignaient Valhalla par une porte sacrée appelée Valgrind, « la porte à barreaux des morts ». Avant d’y arriver, ils devaient franchir plusieurs obstacles, dont une puissante rivière d’air.

Le Ragnarök est expliqué et mentionné dans plusieurs poèmes rattachés à l’Edda poétique, notamment dans la Völuspá ainsi que dans la Gylfaginning.

La Gylfaginning, « la mystification de Gylfi » en vieux norrois, est la première des trois parties de l’Edda de Snorri Sturluson. Elle prend la forme d’un dialogue entre le roi Gylfi et trois personnages régnant sur Asgard.

Ragnarök renvoie à la fin du monde prophétique évoquant une série d’événements, dont un hiver de trois ans sans soleil, suivi d’une grande bataille sur la plaine de Vígríd. Les divinités, les Valkyries, les Einherjar (guerriers morts au combat) y affronteront les géants de la glace et du feu. L’ensemble mourra et une série de désastres naturels verra le monde submergé par les flots et détruit par les flammes.

Une renaissance suivra, où les dieux Baldr, Höd et Vidar rencontreront Líf et Lífþrasir, seul couple humain survivant et amené à repeupler le monde.

Líf et Lífþrasir_by_Lorenz_Frølich - 1895

La Völuspá raconte la destruction du monde, puis sa renaissance. Elle évoque les dieux qui vivront après le Ragnarök.

La Völuspá, littéralement « prophétie de la voyante » ou « dit de la voyante », est un poème anonyme issu de la mythologie nordique, écrit en vieux norrois vers l’an 1000. Il présente les prédictions de la prophétesse völva.

Les anciens Germains appelaient « völva » les prêtresses et prophétesses. Les termes « seiðkona », « spákona » en norrois, « spaewife » ou « wicce » en vieil anglais, sont utilisés pour désigner les femmes pratiquant la magie et la prophétie ou les prédictions de l’avenir. Elles sont des personnages récurrents de la mythologie nordique.

Les « völur » font référence à Freyja et pratiquaient :

  • le seiðr ou seidr ou seid, ensemble de pratiques magiques propres à l’ancienne religion nordique ;
  • le spá, la prophétie ;
  • le galdr, une incantation rituelle et magique.

Dans ce cas, ces personnes étaient appelées « fjölkunnig », ceux dont le savoir (kunne) est entier ou plein (fjol).

Chez les Scandinaves, la sorcellerie était un art exclusif et précieux, essentiellement pratiqué par Odin et les dieux vanes de la nature, mais aussi par les nains et quelques humains privilégiés – habituellement des femmes. Pour pratiquer cet art, il était nécessaire de s’emplir de sagesse et de connaissances.

 

LE CHAMANISME NORDIQUE

Dans le monde indo-européen, il existe également des pratiques chamaniques que l’on retrouve parfois au sein des mythologies.

Ainsi, dans la mythologie scandinave, le dieu Odin peut quitter son corps, qui gît alors comme endormi, prendre une forme animale et voyager là où il le désire. Il possède un cheval à huit pattes, très rapide nommé Sleipnir.

Odin est un grand magicien, pouvant forcer les morts à livrer les secrets de l'au-delà, ce qui est une prérogative du chaman. En effet, après s’être pendu à Yggdrasil, l’arbre cosmique, Odin découvrit les secrets de la mort et se fit ressusciter.

Odin, Óðinn en vieux norrois, Oden, Othen ou Uodan, Wotan en vieil haut allemand, Wodan en vieux saxon, et Wōden en vieil anglais, est le dieu principal des panthéons germanique et scandinave. Les fonctions d’Odin sont multiples :

  • il est le dieu des morts, de la victoire et du savoir.
  • il est également considéré comme le patron de la magie, de la poésie, des prophéties, de la guerre et de la chasse.

Le lieu de résidence d'Odin est le palais de Valaskjálf, situé à Asgard, où se trouve également son trône, appelé Hlidskjálf, d'où il peut observer les Neuf mondes.

Le palais est bâti sur une terrasse à flanc de montagne auquel on accède par des longs escaliers qui descendent jusqu'au cœur d'Asgard. Le domaine d’Odin n'est pas accessible aux mortels. Il est relié à la terre par un arc-en-ciel que seuls les dieux et les personnes initiées peuvent emprunter.

Dans la mythologie germanique, Bifrost était un pont arc-en-ciel composé de trois rayons, qui reliait Asgard et Midgard (respectivement le Ciel et la Terre). Il aurait été construit par les dieux avec du feu rouge, de l’eau verte et de l’air bleu, et, était gardé par Heimdall, le gardien des dieux. Chaque jour, les dieux traversaient le pont pour tenir des réunions de l’autre côté, au puits d’Urd (Confère monolithe de Toulouse).

Les Scandinaves considéraient leurs voisins Lapons comme de grands magiciens. Ce peuple se nommait les Samis ou les Sames.

Les chamans samis étaient appelés des « noaide, nojid ou noi'jd ». Leurs pratiques ont été décrites au 13ème siècle dans l’Historia Norwegiae. Ils officiaient grâce à des assistants qui chantaient et utilisaient un tambour (comme leurs homologues sibériens) ainsi qu’un marteau de corne.

Ils pouvaient prendre une forme animale (renard, zibeline, loup, ours ou renne) pour aller se battre contre un confrère, découvrir un voleur, attirer le gibier à portée des chasseurs ou le poisson dans le fjord, provoquer des états d'hypnose ou d'illusion des sens.

 

Freyja, déesse de la magie et des prophéties, semble posséder des compétences chamaniques. On lui attribue la capacité de se transformer en faucon ou en plume lui permettant de voyager. La métamorphose et la capacité de s'éloigner de son propre corps sont considérées comme des attributs chamaniques. Le voyage en esprit dans d'autres univers par la transe caractérise Freyja.

Le mot nordique pour désigner les pratiques magiques et chamaniques est « seiðr ou seidr ou seid ». Elles sont presque exclusivement réalisées par des femmes, revêtues de peaux ou de plumes représentant les esprits animaux.

 

Le monolithe de Gränichen est apparu dans l’enceinte du château de Liebegg, près du musée de la Sorcellerie…

 

QU’EST-CE QUE LA SORCELLERIE ? Partie 1

Origine et étymologie

La sorcellerie désigne l'art d'interroger le sort (le hasard, le destin), et par extension d'en modifier le cours.

Plus généralement, le mot désigne la pratique d'une certaine forme de magie, dans laquelle le sorcier travaille avec des forces surnaturelles, des entités maléfiques ou bénéfiques, ainsi qu’avec des forces naturelles connues comme celles des éléments (eau, terre, feu, air), des plantes (botanique), des cycles lunaires (astronomie et astrologie), des ondes, des vibrations et des fréquences (les énergies subtiles). Une pratique qui nécessite donc un savoir et des connaissances.

La sorcellerie est un terme controversé et son histoire est complexe. Selon le contexte et le milieu culturel dans lequel ce mot est employé, il désigne des idées différentes, voire opposées. Chaque société possède ses propres conceptions en matière de traditions, de croyances, de religions, de rites et de pratiques.

 

Étymologie du terme sorcellerie

Le terme de « sorcellerie » est une extension du mot « sorcier » qui possède une double étymologie. La première est « sortiarus » en latin, le « diseur sorts », désigné dans l’Antiquité comme étant « un praticien de la divination », notamment à l’aide d’une baguette magique.

Le terme de « sorcier » n'apparaît réellement qu'en 589, lors du Concile de Narbonne. C'est alors un terme politique issu d'un contexte post-évangélique qui désigne, de manière péjorative, toute personne qui pratiquait la « vieille coutume » :

  • Les sages-femmes
  • Les herboristes
  • Les guérisseurs
  • Les rhabilleurs
  • Les tireurs de feu
  • Ceux qui connaissaient les arts médicaux des druides et druidesses
  • Les sourciers
  • Les astrologues
  • Les devins

Toutes ces personnes étaient déjà pourchassées sous l’occupation romaine. Le mot « sorcier » a pour origine la déformation du mot « sourcier » - celui qui détecte la source, l'eau à distance. La notion d'action à distance du sorcier se retrouve dans l'expression « jeter un sort ».

Les noms donnés à ces hommes et femmes pratiquant la magie sont légion dans l'Antiquité romaine.

« Ceux qui connaissent les grands secrets du monde sont les divini, magi, harioli. Ceux qui pouvaient invoquer les esprits s'appelaient incantatores (ou coragii en Germanie.) On nommait pythones, haruspices, augures, ceux qui savaient lire l'avenir [...], on distinguait encore les pyromantii (par le feu), hydromantii (par l'eau), necromantii (par le recours aux âmes des morts), etc. Les tireurs d'horoscopes furent au cours des temps nommés mathematici, horoscopi, genethliaci, etc. On connut encore les fascinatores, propres à jeter le mauvais œil, et aussi des striges (strigae) ou lamies (lamiae) qui, bien avant le vol des sorcières du sabbat chrétien, étaient soupçonnées de perpétrer des crimes sous la forme d'oiseaux de nuit. »

Ces personnes pouvaient être spécialistes dans un domaine, telle la communication avec les esprits et les âmes des défunts (nécromancie).

Du point de vue anthropologique, le mot « sorcier » peut recouvrir différentes fonctions comme chaman, femme- ou homme-médecine. Le sorcier est aussi un personnage présent dans les mythes, les contes et les légendes.

La sorcellerie désigne tout ce qui est considéré comme surnaturel sans appartenir à la religion officielle ou tout ce qui est relatif à la magie.

 

BRÈVE HISTOIRE DE SORCIÈRES

Dans la Grèce antique et à Rome, la divination était une pratique admise, liée à certains sanctuaires et à la prise officielle de décisions.

Dans l'Antiquité, la prêtresse-magicienne la plus connue du monde antique est la Pythie de Delphes. Médée évoquait plus la fureur sanguinaire de la femme jalouse que la gentille magicienne. Mais il y a aussi Hécate et Circé.

Au Moyen Âge, contrairement à ce que l’on pourrait penser, il y a eu peu de procès de sorcières. Dans un contexte de christianisme émergeant, le clergé commence à élaborer une codification.

A la Renaissance, c'est l'Inquisition pure et dure : injustice, mauvaise foi, intolérance, délations, fabulations, superstitions, procès et bûchers. En effet, les 16ème et 17ème siècles furent une pire époque d'obscurantisme et de diabolisation. Dans une multitude d'endroits, les bûchers brûleront encore jusqu'au 18ème siècle. Une période tumultueuse de l'Histoire de l'Humanité qui a duré plus de 300 ans.

 

A SUIVRE : Monolithe de Gränichen : Qu’est-ce que la sorcellerie ? Partie 2

Sources, cartes et photos : Wikipédia - Merci et Gratitude

Retour à l'accueil