Carte Europe centrale

Pour comprendre ce que veut transmettre le monolithe de Piatra Neamt, apparu en Roumanie le 26 novembre 2020, il est nécessaire d'explorer deux chemins de connaissances :

  1. Le premier chemin de connaissance est basé sur l’autre dénomination de Piatra Neamt qui est « Karácsonkő », soit en hongrois « stèle de Korotchoun ».
  2. Le deuxième chemin de connaissance est basé sur la signification de l’expression « Piatra Neamt », littéralement « pierre allemande » en roumain.
Situation géographique de la ville de Piatra Neamt, Roumanie

 

PREMIER CHEMIN DE CONNAISSANCES : LA MYTHOLOGIE SLAVE

Piatra Neamț en roumain ou Karácsonkő en hongrois, littéralement « stèle de Korotchoun » et Kreuzburg an der Bistritz en allemand, soit « forteresse de la Croix sur la Bistrita », est une ville pittoresque du nord-est de la Roumanie.

Cette ville est située sur le territoire de l’ancienne Moldavie, région traditionnelle délimitée :

  • à l’ouest par les Carpates qui séparent cette région de la Transylvanie,
  • au nord par une frontière avec l’Ukraine,
  • à l’est par la rivière Prut qui la sépare de l’actuelle république de Moldavie,
  • au sud par les rivières Siret et Milcov qui la séparent de la Valachie.

Dans la mythologie slaveKorotchoun également appelé Karatchoun, est le dieu de l’hiver, maître du gel et des blizzards, résidant dans le monde souterrain et pouvant se manifester par divers phénomènes dans le sol gelé ou les grottes (craquements, végétaux, chutes de stalactites…).

Il est représenté sous la forme d'un personnage anthropomorphe, mâle, barbu à l'air sévère, des stalactites de glace pendent de sa barbe et armé d'une lance. Mais il peut aussi se manifester sous des avatars zoomorphes comme le loup, l'ours et divers rapaces dont les harfangs, parfois à tête humaine.

Harfang des neiges

On adoucit Korotchoun par divers rituels et offrandes dont les chroniques anciennes ne précisent pas les détails, mais seulement que s'il les accepte, il laisse son partenaire Belboa, « le Dieu blanc » faire reparaître le soleil et adoucir le gel et le blizzard. Selon les anciennes croyances, c'est Korotchoun qui raccourcissait le jour et plongeait la terre dans la nuit ; sa fête était le jour du solstice d'hiver et se prolongeait quelques jours après.

A noter : Dans toutes les mythologies, l'oiseau, quel qu'il soit, possède un fort caractère symbolique et a un rôle de guide spirituel et de messager des dieux.

La mythologie slave

La mythologie slave est l’ensemble des croyances cosmologiques et religieuses des peuples slaves avant leur évangélisation. Elle partage avec les cultures celte, germanique, grecque et persane les mêmes schémas. L’arrivée et l’expansion du christianisme font disparaître certains éléments de cet ensemble et en transforment d’autres.

 

COSMOLOGIE DANS LA MYTHOLOGIE SLAVE : L’ARBRE-MONDE

La notion dArbre du Monde ou Arbre-Monde est un archétype renvoyant, au sein de plusieurs mythologies, à l'existence d'un arbre cosmique reliant les différentes parties de l’Univers — généralement les mondes célestes, terrestre et souterrain.

Cette notion apparaît ainsi chez de nombreux peuples indo-européens, tels les Perses, les Slaves et les Germains. La tradition hindoue (Rig Veda) compare l'univers à « un arbre à mille branches ». Elle revêt une forme particulièrement aboutie dans la religion scandinave, où l'arbre cosmique Yggdrasil possède des branches qui se déploient dans les cieux et dont les racines mènent au pays des géants, à celui des humains et aux enfers.

Ce concept se retrouve chez d'autres peuples, notamment chez les peuples chamanistes de Sibérie et les peuples précolombiens. Cet axe du monde permettrait au chaman de voyager de monde en monde.

En Irlande, l’arbre sacré jouait un rôle différent. Bien qu’associées à la magnificence de l’autre monde, les branches musicales servaient à soigner les maladies et le désespoir. Dans bon nombre de contes, ces branches magiques d’or ou d’argent étaient apportées par des messagers des terres de l’autre monde. Ainsi, le fabuleux voyage de Bran commença lorsque le son d’une musique l’endormit. Ce son provenait d’une branche d’argent aux fleurs blanches, qu’une belle dame remporta, après lui avoir parlé des merveilles du monde au-delà de la mer.

En Chine, l'Arbre du Monde se nomme Kien Mou (« bois dressé ») ou Jian Mu.

En Mésopotamie, l'Arbre-Monde se nomme KisKanu. Et l'Arbre-Vigne GesTin.

En Sibérie, chez les Yakoutes, l'Arbre-Monde se nomme Aal Luuk Mas, dont est issu le premier homme.

En Nouvelle-Zélande, chez les Maoris, l'Arbre-Monde se nomme Kauri/Tane.

Chez les Olmèques, l'Arbre-Monde se nomme UlaMa(K).

Chez les Mayas, l'Arbre-Monde se nomme Ceiba / Yax Imix Che / Wacah Chan.

En Roumanie, l'Arbre-monde se nomme ArminDer.

ArminDer, l’Arbre-Monde dans la mythologie slave

Un concept cosmologique assez répandu dans les mythologies des peuplades locutrices de langues indo-européennes est celui de l’Arbre du Monde, également présent dans la mythologie slave. L'arbre le plus souvent cité est un chêne, quelquefois un pin ou un autre conifère. Symbole fortement ancré, le concept d'Arbre-Monde a survécu dans le folklore slave.

Trois niveaux de l'univers sont représentés dans cet arbre :

  • Sa cime représente le ciel, séjour des divinités et des entités célestes.
  • Le tronc, le séjour des mortels.
  • Les racines, le séjour des morts.

La cime et le tronc sont deux mondes quelquefois associés, en opposition aux racines de l'arbre.

Contrairement aux idées communément admises, il semble que le royaume des morts dans la mythologie slave soit plus un lieu agréable, de plaines herbeuses et verdoyantes dans un été éternel.

La conception de trois royaumes situés verticalement le long de l'axe du monde constitué par l'Arbre-Monde reflète l'organisation géographique et horizontale des mondes. Le monde des dieux et des mortels est situé au milieu de la Terre (conçu comme un plateau situé sur l'axe au milieu de deux autres plateaux : le ciel et le sous-sol).

Ce monde est entouré par une mer, au-delà de laquelle se trouvait le pays des morts, où les oiseaux se rendaient chaque hiver pour en revenir au printemps. Dans de nombreux récits populaires, le concept du départ vers le lointain, à travers la mer, était lié à la notion de mort.

Cette vision fait écho à l'ancien concept mythologique qui veut que l'après-vie soit atteinte par la traversée d'une étendue d'eau. De plus, sur le plateau horizontal, le monde était aussi divisé par quatre points cardinaux, représentant les quatre directions du vent (nord, est, sud, ouest). Ces deux divisions du monde, en trois royaumes sur l'axe vertical et en quatre points cardinaux sur l'horizontal, étaient relativement importantes dans la mythologie de la religion cosmique des anciens Slaves.

 

DEUXIÈME CHEMIN DE CONNAISSANCES : LA MYTHOLOGIE GERMANIQUE

Le nom de la ville de Piatra Neamt est dérivé des mots « piatra », littéralement « pierre » en roumain et « neamt » qui signifie « allemand » en roumain, selon les sources.

Si on traduit littéralement le monolithe de Piatra Neamt, cela donne « le monolithe de la pierre allemande ».

D’une part, le monolithe de l’Utah indiquait la nécessité de porter attention à tout ce qui est ancien, voire très ancien.

D’autre part, le monolithe de Piatra Neamt comme le monolithe de l’Utah renvoient à une période précise de l’histoire, l’Antiquité. En outre, il est apparemment question de mythologies et de croyances faisant partie d’anciennes religions polythéistes. Il serait donc intéressant de commencer par explorer la mythologie germanique, en particulier la notion d’arbre du monde…

 

La mythologie germanique

La mythologie germanique est une version remaniée de diverses mythologies plus anciennes des peuples germaniques. Comme la mythologie nordique est la plus connue de ces mythologies, les deux termes sont souvent utilisés de façon interchangeable.

Les légendes sont identiques, à quelques variantes régionales près, même si les noms des dieux sont légèrement différents, leurs fonctions, leurs attributs et les mythes qui leur sont associés sont identiques.

De même, la pratique du culte germanique et celle du culte nordique étaient voisines. Les différences proviennent des durées pendant lesquelles ces mythologies furent décrites ainsi que des migrations des peuples germaniques.

Europe du Nord, peuples d’origine germanique : les Allemands, les Néerlandais, les Danois, les Suédois, les Norvégiens, les Islandais et les Anglais.

Europe de l’Est, peuples d’origine slave : Les Russes, les Serbes, les Croates, les Bulgares, les Roumains, les Slovaques et les Polonais.

La majeure partie de la mythologie nordique survivant en Europe du Nord et de l’Est est d’origine scandinave et islandaise.

En ce qui concerne la mythologie slave, il ne reste que très peu ou pas d’écrits, certainement à cause des effets du christianisme. De même pour les mythes balkans qui ont été remplacés par les coutumes chrétiennes et islamiques.

La mythologie nordique fut sauvée par une érudit et homme d’État islandais nommé Snorri Sturluson au début du 13ème siècle de notre ère. L’auteur écrivit un livret sur les dieux nordiques, fournissant des explications détaillées sur les anciens mythes. Il y consigna les sagas de l’ère des vikings (750-1050). C’est alors qu’une puissante tradition se forma autour des exploits héroïques d’Odin, de Thor et de Freyr.

Les guerriers vikings (les Normands, les Danois, les Norvégiens et les Suédois) s’organisaient en petits groupes ou en équipages. Ils pouvaient servir un grand chef pendant un temps puis s’en séparer. Leurs excellents bateaux et leurs grandes qualités de marins leur permirent de dominer les mers et de voyager loin.

Les guerriers vikings adoraient écouter les exploits d’Odin le borgne. Le chef des dieux nordiques exerçait une fascination très particulière en tant que « père des morts ». Il se partageait ceux qui étaient tombés au combat avec Freyja, la déesse de la fertilité. Il inspira également les effroyables Berserker, combattants qui mordaient les boucliers et se jetaient dans la bataille, nus et sans crainte aucune.

Les dieux étaient invoqués par temps de guerre, tant et si bien, que le roi danois Harald Hiltetand se plaignit de l’inconstance d’Odin. Le dieu de la guerre répondit : « Le loup gris observe les palais des dieux. »

Le Ragnarök était le crépuscule des dieux, un événement préordonné qui marquerait l’apogée du drame cosmique. Les germes de la destinée furent semés à l’aube des temps, lorsque le monde et ses premières créatures surgirent des violents extrêmes qu’étaient la glace et le feu.

Fondamentalement fragile et imparfait dès le commencement, l’univers était assailli de forces destructrices. L’inévitable aboutissement fut déclenché par une série de catastrophes.

L’apocalypse est un thème récurrent dans la mythologie, mais la vision nordique est plus absolue que la plupart des autres, et unique par la perte de ses dieux.

Conscient de l’imminence du Ragnarök, Odin n’avait qu’une idée en tête : réunir à Valhalla les guerriers héroïques morts au combat, les Einherjar. D’après le mythe, Odin aurait besoin de guerriers pour la bataille finale qui opposerait les dieux et les géants sur le champ Vigrid. Odin serait lui-même tué par Fenrir, le loup né de Loki, dieu du feu, et, de la géante de la glace Angerboda.

 

COSMOLOGIE DANS LA MYTHOLOGIE GERMANIQUE : YGGDRASIL

Yggdrasil ou Yggdrasill est l’Arbre-Monde dans la mythologie germanique. Yggdrasil est le frêne cosmique de la mythologie germanique. Son nom est soit une référence à la potence, soit au cheval d’Odin. Ce dernier s’était pendu pendant neuf nuits à Yggdrasil afin d’acquérir la sagesse. Les Vikings adoraient Odin et lui sacrifiaient des hommes en les pendants à des arbres.

Yggdrasil

L’arbre cosmique était le centre de l’univers. Sur lui repose neuf royaumes :

  • Asgard ou Asaheim, royaume des Ases, groupe de dieux associés à Odin.
  • Vanaheim, royaume des Vanes, groupe de divinités associé à la fertilité, à la fécondité, à la sagesse, à la précognition, à l’art astral ainsi qu’à la magie.
  • Álfheim, royaume des Ljósálfar, les Elfes lumineux.
  • Migdard ou Mannheim, royaume du milieu, monde des êtres humains.
  • Jötunheim, royaume des géants.
  • Svartalfheim, royaume des Dökkálfar, les Elfes sombres.
  • Niflheim ou Nibelheim, royaume des Brumes et des Nibelungen, littéralement « Ceux de la brume » ou « Ceux du monde d’en bas ».
  • Muspellheim, royaume du feu.
  • Helheim, royaume des morts où résident les défunts, les personnes mortes de maladie ou de vieillesse.

Yggdrasil est décrit comme l’arbre le plus grand et le plus majestueux qui ait jamais poussé. Ses branches surplombaient les neuf mondes et s’élevaient jusqu’aux cieux. Il était soutenu par trois immenses racines :

  • La première, à côté du puits MIMIR, descendait à JOTUNHEIM, la terre des géants.
  • La seconde aboutissait à NIFLHEIM, près des sources de HVERGELMIR, où le dragon NIDHOGG la mâchonnait par en dessous lorsqu’il avait une indigestion de cadavres.
  • La dernière était enfoncée près d’Asgard, la forteresse des dieux, sous le puits d’URD, où les dieux tenaient leur réunion quotidienne.

L’idée d’arbre cosmique se retrouve dans toutes les mythologies du nord de l’Europe et de l’Asie. Il était considéré comme la colonne vertébrale de l’univers, la structure qui soutenait les neuf mondes.

Des éléments magiques figurent également dans la mythologie germanique. L’exemple le plus flagrant est celui des pommes de la déesse Idun. Seuls ces fruits magiques empêchaient les dieux de vieillir. Ils provenaient manifestement d’un autre arbre sacré.

 

A SUIVRE : Monolithe de Piatra Neamt : La spirale dans la géométrie sacré

Sources, cartes et photos : Wikipédia - Merci et Gratitude

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