Conscient de son infinie petitesse, le sage n'a rien à souligner, rien à démontrer, rien à exhiber :sa seule préoccupation est de se fondre harmonieusement dans le grand flux du Tao, sans laisser la moindre trace de son passage. Manifestement, nous avons beaucoup à apprendre.

Lao Tseu

LE BUSHIDO, SYSTÈME ÉTHIQUE

La chevalerie est au Japon ce que la fleur de cerisier est à l’image de l’emblème national. Cet art est toujours vivant, riche de force et de beauté. Il imprègne également et toujours l’atmosphère morale et exerce un charme puissant.

Le terme « chevalerie » est bien plus expressif dans sa langue d’origine. Le Bu-shi-dô, littéralement « guerrier-chevalier-pratiques », généralement traduit par « code du guerrier », désigne les règles que les combattants nobles doivent observer dans leur vie quotidienne. Ce sont « les préceptes de la chevalerie », de la classe guerrière.

Le Bushidô est le code des principes moraux que les chevaliers étaient tenus d’observer. Ce n’est pas un code écrit, il est issu d’une tradition orale. Un code ni écrit ni énoncé qui s’est développé au fil des décennies et des siècles de l’histoire du Japon.

 

LES SOURCES DU BUSHIDÔ

La première source est le bouddhisme qui délivre un état d’esprit très peu compréhensible pour les Occidentaux et très peu accessible pour qui ne connaît pas cette spiritualité :

  • Calme abandon au destin ;
  • De soumission paisible à l’inévitable ;
  • Cette attitude stoïque face au danger ou au désastre ;
  • Familiarité amicale avec la mort.

Le bouddhisme zen est un apprentissage qui incombait à la classe guerrière. Le terme « zen » est l’équivalent japonais du dhyâna, qui désigne des états de concentration cultivés dans l’hindouisme, le bouddhisme et le jaïnisme. Il est souvent traduit par « absorption », bien qu’étymologiquement, il signifie simplement « méditation » ou « contemplation ». Aujourd’hui, la méditation désigne de nombreuses techniques en Occident qui s’apparentent à la vigilance en psychologie et/ou en philosophie.

« Dhyâna » représente donc « l’effort humain d’atteindre par la méditation, des sphères de la pensée qui se trouvent au-delà de la portée de l’expression verbale ».

Le zen recourt à la contemplation et son but est de convaincre de l’existence d’un principe qui gouverne tous les phénomènes, ainsi que l’absolu, et, de se mettre soi-même en harmonie avec cet absolu.

Quiconque atteint la perception de l’absolu s’élève au-dessus des choses de ce monde et s’éveille « à un Ciel nouveau et à une Terre nouvelle ».

La deuxième source est le shintoïsme, littéralement la « Voie des dieux » ou la « Voie du divin ». Il est un ensemble de croyances anciennes japonaises, reconnu comme une religion. Il mêle des éléments polythéistes et animistes. C’est la plus ancienne religion connue au Japon. Elle est particulièrement liée à sa mythologie.

Au sein du Bushidô, le shintoïsme inculquât, plus que tout autre religion :

  • la loyauté envers le souverain ;
  • le respect pour la mémoire des ancêtres ;
  • la piété filiale.

Dans la théologie shintoïste, il n’y a pas de dogme de péché originel qui n’a pas sa place au sein de cette religion qui peut éventuellement constituer une spiritualité. Bien au contraire, « la bonté innée et la pureté divine de l’âme humaine est le saint des saints depuis lequel sont révélés les oracles divins ».

Les sanctuaires shintoïstes sont dépourvus d’objets et d’instruments de culte mais sont munis d’un miroir suspendu. Sa présence s’explique aisément car il symbolise le cœur humain qui, lorsqu’il est parfaitement serein et pur, reflète l’image même de la divinité.

L’acte de dévotion équivaut ainsi à l’antique injonction delphique : « Connais-toi toi-même et tu connaîtras les dieux ».

L’enseignement japonais, comme l’enseignement grec, implique avant tout d’ordre éthique, une introspection de la nature morale. Le culte de la nature a engendré au plus profond de l’âme nippone, l’amour de leur pays, alors que le culte des ancêtres, perpétué de génération en génération, a lié l’ensemble de la nation à la famille impériale, source des origines des Japonais.

Pour le peuple japonais, la patrie est plus qu’une terre, c’est la demeure sacrée des dieux, des esprits et des aïeux. L’empereur est plus que le gardien suprême d’un État de droit, plus que le maître d’un État civilisé, il est le représentant humain du Ciel sur la Terre.

Les principes du shintoïsme véhiculent deux caractéristiques essentielles de la vie affective du peuple nippon : le patriotisme et la loyauté. Cette religion a profondément imprégné le Bushidô d’une combinaison de loyauté envers le souverain et d’amour de la patrie.

La troisième source, la plus féconde du Bushidô, est le confucianisme qui se réfère aux doctrines strictement morales et qui sont fondées sur les enseignements de Confucius. Le caractère serein, bienveillant et empreint de l’expérience du monde de ses préceptes politiques et moraux convenait particulièrement bien aux samouraïs, qui formaient la classe gouvernante.

Bushidô
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