Soleil Vert de Richard Fleisher
09 juil. 2009
Réalisation : Richard Fleischer
Scénario : Stanley R. Greenberg
Adaption : Make room! Make room! de Harry Harrison (1966)
Pays : USA
Année : 1973
Genre : Science-Fiction
Production : Metro-Goldwyn-Meyer
Distribution : Swashbuckler Films
Synopsis
« New York, 40 millions d’habitants, année 2022. La pollution a détruit toutes les ressources alimentaires de la planète. Seule une société de classes sans pitié permet à une caste privilégiée de survivre. Pour nourrir la populace, on utilise les cadavres des hommes pour produire le nouvel aliment : Soleil vert. Magnifique et émouvante scène de la mort volontaire du vieillard devant de belles images écologiques (du passé)… »
Actuellement, La population de la ville de New York (États-Unis) est l'une des plus importantes et des plus cosmopolites du monde. New York compte plus de 8 millions d'habitants, ce qui représente 40 % de la population de l'État de New York.
Entre 1995 et 2005, la population de New York a augmenté plus rapidement que celle de la région.
Les démographes estiment qu'elle devrait atteindre
les 9,4 millions d'habitants vers 2025.
Le contexte
Soleil vert comme 2001 : l’odyssée de l’espace, Orange mécanique ou THX 1138, fait partie de ces films d’anticipation « intellectuels », prophétiques, inspirés par un avenir lourd de menaces, en l’occurrence celle de la surpopulation et de l’épuisement des ressources naturelles. Soleil vert est devenu un classique, l’un des films d’anticipation les plus sombres jamais réalisés. Il exprime parfaitement la peur « de vivre dans un monde semblable à la mort ». Adaptation du roman d’Harry Harrison publié en 1966 intitulé Make room, Make room !, roman décrivant un New York surpeuplé où s’entassent des millions de chômeurs, où les automobiles ne roulent plus et où règnent le rationnement et la violence. L’action se situe non pas en 2022, mais en 1999. Cette date paraissait assez lointaine en 1966 pour être crédible.
Soleil Vert décrit un monde surpeuplé, dans lequel les denrées sont rares et précieuses. Le pouvoir invente un moyen de résoudre les deux problèmes : transformer secrètement les êtres humains en nourriture. Suivant un des usages de la littérature, du cinéma de science-fiction et d’anticipation, le film ne représente pas un monde de pure imagination, mais interroge le présent en représentant un monde fictif. Ce qui en fait un film singulier, qui se démarque du cinéma d’anticipation dit « classique ».
L’intrigue de Soleil Vert repose sur un secret d’État, à la fois politique et
industriel : la nourriture dont on abreuve la foule misérable de ce New York surpeuplé et cauchemardesque, n’est pas composée de plancton comme on le croit, mais d’êtres humains poussés au
suicide ou raflés par des pelleteuses lors des émeutes fréquentes. Dans ce monde profondément dénaturé, la notion même de nature ne survit que comme une légende, radotée par des vieillards tels
que Sol Roth, le biblio, qui aidera Thorn (le détective) à découvrir la vérité sur le Soylent Green. Chaque apparition d’un élément de ce monde disparu fait événement.
SOL : « Cochonnerie sans odeur et sans goût ! T’as rien connu d’autre, bien sûr ! Quand j’étais gosse, la nourriture, c’était de la bouffe. Là-dessus, nos magiciens de la science ont empoissonné l’eau, pollué le sol, détruit les plantes et la vie animale. Enfin, de mon temps, on trouvait de la viande n’importe où ! On achetait des œufs, du vrai beurre. On trouvait de la laitue fraîche à gogo !
Comment quelqu’un peut vivre dans un climat comme celui-là ? C’est la canicule d’un bout à l’autre de l’année ! On se croirait dans un four, on crève à force de transpirer ! Comment en est-on arrivés là ? »
La réponse à cette question de la fiction, Soleil Vert la donne dans son pré-générique, séquence de montage de daguerréotypes et de photographies, retraçant une généalogie catastrophique de l’ère industrielle. Des prémices de la civilisation industrielle au monde contemporain, d’une utilisation encore innocente, voire utopiste de la technologie (Sol accuse la science d’être une des causes, de la pénurie et de la famine), cette séquence d’ouverture relate le glissement progressif vers un rythme de plus en plus effréné, une sensation de vertige dans l’accumulation des foules, des fumées qui s’échappent de la cheminée des usines, les multiplications de l’image elle-même dans les nombreux split-screens (écrans divisés). Au terme de cette séquence documentaire dans laquelle nous ne sommes pas encore dans la fiction, bloc d’analyses historiques, envoyé sur les écrans du divertissement, l’image d’un New York baigné en contre-jour dans une épaisse brume de pollution (confère la séquence du marché en plein air dans lequel on achète les plaquettes nutritives, où l’on peut constater un magnifique travail atmosphérique sur la couleur, prolongeant la sensation de dessèchement et d’étouffement dû à la canicule constante).
Le générique de fin contraste et contrebalance le générique du début, montrant des images successives d’une nature belle, florissante, tout simplement vivante signifiant un retour à la réalité pour le spectateur (sentiment de sécurité).
Les thèmes développés dans Soleil Vert
- Surpopulation
- Les peurs alimentaires
- Cannibalisme, anthropophagie involontaire
A suivre…