Ghost Dog, La Voie du samouraï

 

Réalisation : Jim Jarmush

Pays : USA         

Année : 1999

Scénario : Jim Jarmush

Production : Pandora Filmproduktion

Distribution : Bac Films

 

Synopsis : Ghost Dog, tueur à gage, impartial, méticuleux et colombophile, suit la voie du guerrier zen. Il mène une vie simple, exécutant ses contrats, basée sur le concept du bushidô, autrement dit, la Voie du Guerrier…

Le film débute par une citation extraite de l’Hagakure, recueil en onze volumes, considéré comme étant le livre secret des Samouraïs.

 

« La voie du Samouraï se trouve dans la mort. Il faut méditer chaque jour sur la mort inévitable. Chaque jour, le corps et l’esprit en paix, on doit méditer sur la mort : déchiré par les flèches, les balles, les lances et les épées, emporté par les vagues déferlantes, précipité par le cœur d’un grand incendie, frappé par la foudre, broyé par un grand tremblement de terre, tombant du haut d’une falaise, emporté par la maladie, faisant « seppuku » à la mort de son maître. Chaque jour sans exception, on doit se considérer comme mort. Telle est en substance la Voie du samouraï ».

 

Cette première maxime nous plonge dans l’ambiance et annonce un film bercé par le rythme, la poésie et la musique. La bande originale du film est signée RZA, membre du groupe Wu Tang Clan.

 

Miyamoto Musashi a écrit le Traité des Cinq Roues, décrit ainsi le rythme : « Dans les arts et dans la vie, saisir le rythme est le plus important ».

 

Jim Jarmush a su s’approprier certains passages de ce fameux livre en l’adaptant à merveille à notre époque. Le personnage de Ghost Dog (Forest Withaker) est ici perçu comme un guerrier des temps modernes, solitaire et sage, dont le respect et le code de l’honneur ne sont plus à démontrer.

 

« Il est mauvais qu’une chose devienne deux. On ne doit rien chercher d’autre dans la Voie du Samouraï. Il en va de même pour tout ce qu’on appelle Voie. Celui qui a cette compréhension sera ouvert à toutes les Voies et sera toujours plus en accord avec la sienne ».

 

Qu’est-ce qu’un samouraï ?

 

Samouraï vient du mot japonais "saburai" signifiant se tenir à côté, garder, servir.

Etre un samouraï, c’est connaître l’art de vivre et de mourir, ces deux notions sont indissociables. C’est un homme au profil classique, chevalier vaillant, solitaire, romantique, fidèle jusqu'à la mort. Le samouraï est un mélange d'orgueil et d'humilité, de force et de fragilité, vivant selon ses propres lois.

 

« Si on devait définir en un mot la condition du samouraï, sa base tient dans une dévotion sérieuse, corps et âme, à son maître. Ne pas oublier son maître est la chose fondamentale pour un vassal ».

 

Le rythme

 

Presque toutes les séquences du film sont ponctuées par des extraits de l’Hagakure, lus en voix off par le personnage, que l’on voit souvent méditer et s’entraîner. Tout ceci est agrémenté par des intertitres du texte écrit ainsi que par des fondus enchaînés apparaissant comme une ponctuation, venant souligner les images. Le rythme paraît lent au début, la musique l’est aussi faisant état d’un mysticisme qui peut être mal compris par le spectateur, s’il ne s’est pas documenté auparavant. En effet, cette philosophie de la mort et du guerrier pourrait s’avérer être très peu compréhensible par le monde occidental, dont les préceptes de la guerre sont totalement différents.

 

« Voir le monde comme un rêve est un bon point de vue. Quand on fait un cauchemar, on se réveille et on se dit que ce n’était qu’un rêve. Il est dit que le monde où nous vivons n’en diffère en rien ».

 

La poésie : au Japon, comme toute chose, la guerre est un art

 

Dans sa façon d’être, le personnage principal, Ghost Dog, nous transmet son état d’esprit, sa loyauté, son dévouement ainsi que sa détermination. Personnage discret, souvent incompris, il vit d’une façon simple et se détache de la matérialité des choses. Lecteur raffiné, il transmet son savoir à qui souhaite le recevoir.

 

« Parmi les maximes au mur du seigneur Naoshige se trouvait celle-ci : « les questions importantes doivent être traitées légèrement ». Maître Ittei commenta : « Celles sans importance doivent être traitées sérieusement ».

 

Ces morceaux de textes viennent également ponctuer et souligner l’action, sorte d’underscoring explicatif, non synchrone, ici le texte est l’action, l’action est le texte.

 

« Même si la tête d’un samouraï est subitement tranchée, il doit pouvoir accomplir une dernière action avec assurance. S’il devient pareil à un fantôme vengeur et montre une grande détermination, même la tête coupée, il ne devrait pas mourir ».

 

La musique de RZA

 

Le choix de Jim Jarmush a été judicieux. RZA a su retranscrire une atmosphère, une ambiance, qui colle à la peau du personnage tout le long du film. Une bande originale connotant un certain lyrisme ainsi que son état d’esprit.

 

« On dit que ce qu’on appelle l’esprit d’une époque est une chose à laquelle on ne peut revenir. Si cet esprit se dissipe, c’est que le monde approche de sa fin. Même si l’on veut revenir à l’esprit d’il y a 100 ans, cela ne se peut. Aussi, il faut tirer le meilleur parti de chaque génération ».

 

 

 

 

Retour à l'accueil