Critique de l'esthétique d'un point de vue éthique
11 sept. 2009
Qu'est-ce qu'une image ?
L'art se pose avant tout comme un obstacle à la relation à l'autre, ce qui entraîne une critique de l'image.
Le terme d'image vient du latin "imago" qui signifie pratique funéraire, induisant l'idée d'une persistance.
Le rôle premier de l'image est donc de perdurer, elle sert à figer quelque chose qui disparaît.
L'image a donc pour but de maintenir une présence, de prolonger un moment qui dans le présent ne se prolonge pas.
Par conséquent, elle n'aura de cesse de vouloir éterniser, garder, maintenir, ce qui nous échappe dans le présent.
C'est le propre de la relation à l'autre qui se déroule dans le temps.
Ce que l'on reproche à l'image d'un point de vue éthique, c'est qu'elle reste fondamentalement immobile et immobilisante, caractérisée par une dimension spaciale.
Dans l'histoire de l'humanité, l'image se constitue en idole, elle est absolument plastique, elle fige quelque chose qui ne peut être figé. L'image conduit à la fascination ainsi qu'à
la pure sensibilité.
Par sa fonction d'image, l'art se présente également comme un arrêt dans le temps.
L'oeuvre d'art est une représentation spaciale car elle fixe le temps ; elle délimite et censure ce qui se trouve autour.
Quel est le but de l'art ?
L'art est le lieu où plus rien ne peut subvenir puisqu'il se présente comme délimité. Il a pour effet de nous enlever à la réalité présente, de nous soustraire aux conditions de l'ici et du
maintenant.
Le but essentiel de l'art serait de nous distraire, de nous détourner de notre responsabilité, par le biais de l'image.
En cela, l'image marque une emprise sur notre esprit lorsque nous sommes face à elle, nous sommes passifs.
L'art relève de la magie, de l'extase, voire de la transe. Lorsqu'il crée, l'artiste obéit à une muse.
Dans l'extase, nous devenons des choses parmi les choses, ce qui permet l'oubli de soi-même et de notre responsabilité.
De même, la musique peut affecter notre état affectif et psychique.
La musique et l'image sont susceptibles de nous griser, nous entraînant dans un ailleurs, faisant directement référence à la représentation imagée qui nous lient au mythique, à l'oubli de soi, à
l'oubli de l'autre.
L'art produit une emprise sur nous qui entraîne un détachement, par conséquent, il y a lieu de dire que l'image dépossède l'être de son moi. Cette possessivité incombe également à l'artiste, car
il n'est pas pleinement responsable de ses actes.
Le but de l'art est-il de nous communiquer une vérité que nous sommes incapables de révéler ?
L'art aurait pour but de nous dire la vérité sur ce que sont les choses, là où le langage ne peut le faire.
L'oeuvre d'art ne s'adresse pas à quelqu'un en particulier, elle est neutre.
Le caractère propre d'une oeuvre d'art est son achèvement et s'oppose à la communication. Cet accomplissement place l'oeuvre d'art en dehors du monde.
Quelle doit être la place de l'art dans une société, une communauté
?
Platon considérait l'artiste tel un magicien séduisant le spectateur par des sortilèges. Devant l'image, le spectateur subit, il est fasciné et dépossédé, il ne s'appartient plus à lui-même.
Pour cette raison, Platon, Rousseau et bien d'autres penseurs condamnaient l'artiste à l'exil, car cette fascination pouvait aller jusqu'à la transe. D'un point de vue politique et éthique,
l'artiste était donc exclu de la cité.
La jouissance esthétique est un plaisir solitaire, ayant la fonction première de nous délivrer du poids de notre responsabilité permanente.
La fonction de l'art ne consiste-t-elle pas à l'incompréhension des choses
?
L'art n'est pas condamnable en soi car il procure une jouissance personnelle, intime et en cela, on ne peut donc pas affirmer qu'il ait une fonction purement sociale.
Il est nécessaire de réduire l'art à ce qu'il est vraiment et lui concéder une place indispensable dans le bonheur de l'homme.