Soundfeer Czech Festival 37

 

L’ANIMISME


Du latin animus, esprit, âme. Croyance en une âme, une force, animant non seulement les êtres humains, mais également les animaux et les éléments naturels (pierres, arbres, vent, etc). Ces âmes ou ces esprits supérieurs sont bénéfiques, optimistes, bienfaiteurs donc il convient de leur vouer un culte.

Principes de l’animisme


Tout ce qui existe et ce qui est mobile, ce qui est vivant, recèle une âme.

L’essence de cette âme est la force, douée de puissance variable et se localise inégalement dans l’univers.

A côté de ces forces-émanations, résultantes des vibrations créatrices, se placent les êtres-forces, les âmes personnifiées douées d’intelligence et de volonté.


L’âme de l’Homme sur qui est centrée la création, constitue un exemple remarquable de ces êtres-forces personnifiés.

L’âme désincarnée, nourrie par le viatique des sacrifices funéraires, sublimée et purifiée par les épreuves, se mue en force supérieure par la relation avec le minimum, centre de création ou de génération de toutes les forces existantes.

L’animisme correspondrait à la perception d’une identité commune des intériorités entre les existants humains et non humains mais à celle d’une identité distincte entre leurs physicalités.


L’animisme tout comme le chamanisme se fondent tous les deux sur une notion très vaste : les êtres créés. Le monde se divise alors en cinq mondes au sein desquels on peut trouver des esprits.


LE CHAMANISME


Définition


Le chamanisme est un concept délicat qui prend une multitude de formes. Chaque continent a vu apparaître des versions du sacré qui s’expriment par des pratiques spécifiques en rapport avec une culture, une géographie, un climat, un mode de vie donnés.


Dans toutes les formes de chamanisme, on retrouve une conception similaire de l’équilibre cosmique, une même approche du divin et de l’Univers.


La chaman sait et voit que tout a une âme, un esprit, que tout est vivant et participe à un unique réseau d’énergie vitale. L’homme est uni au monde qui l’entoure : minéral, végétal et animal, ces éléments ne vont pas les uns sans les autres.


« Dans ce processus, l’être humain a un devoir de respect envers tous les être vivants ; respect vis-à-vis de la vie et de sa nature sacrée qui rassemble le tout au sein des pratiques chamaniques ».


L’univers du chamanisme reste toutefois inquiétant car nos sociétés modernes n’accordent que très peu d’importance aux aspects magiques et mystiques des choses que l’homme contemporain s’est appliqué à annihiler en effaçant le caractère subtil d’une pratique qui se situe au carrefour du symbolisme, du mysticisme, de la théologie, de la psychologie, de la sociologie et de la médecine. Ces concepts de spiritualité ont malheureusement échappé au monde occidental qui s’est appliqué pendant des siècles à éliminer les peuples qui pratiquaient le chamanisme.


L’ancêtre de toutes les religions

Cf. Le Chamanisme et les techniques archaïques de l’extase - Mircea Eliade.


Le chamanisme représente l’ancêtre de toutes les religions de l’humanité. D’une part, le chamanisme se retrouve au sein des mythes fondateurs de toutes les grandes cultures : Antiquité Gréco-romaine, Egypte ancienne, mondes celtiques et germains. D’autre part, le chamanisme n’est ni une religion, ni un dogme. Il peut se définir comme une forme de sensibilité et une pratique spirituelle, adaptable, souple et multiforme.


Le sens du sacré


La pensée chamanique se rapproche, par exemple, de l’animisme japonais (shintoïsme), voire du druidisme celtique, dans le sens où tous les éléments de la nature possèdent une âme (homme, végétal, animal, minéral).


Tous ces éléments sont animés par une même énergie. En Chine, cette énergie est appelée le « qi » ou « chi », au Japon, le « ki », les Indiens la nomme « prâna », les anciens peuples scandinaves l’appelaient « megin » et les Amérindiens du Nord, « mana ».


Le chamanisme est une façon globale d’appréhender le monde à travers la vénération de la surnature (forces cachées de la nature) et il constitue également un modèle sacré de ce qui rattache l’être humain à l’Univers.


Cette énergie vitale constitue le respect que l’Homme entretient avec la nature ; un principe de réciprocité (don et contre-don). La nature donne à l’homme, qui en échange lui retourne quelque chose.


L’arbre est au centre de toute pensée chamanique


L’arbre est au centre de la cosmologie chamanique et constitue un élément important du caractère sacré de la nature. Les Indiens d’Amérique du Nord appellent les arbres « le peuple debout ». Tout comme les hommes, ils sont vivants et dotés d’une conscience. Ils représentent le lien entre le Ciel et la Terre : ils se nourrissent de la Terre-Mère et puisent leur énergie du Soleil. Les arbres sont les gardiens de la planète dont ils purifient l’atmosphère.


 

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L’Ygdrasil : l’arbre de vie dans la cosmogonie scandinave


Ygdrasil est un arbre sacré considéré comme étant le véritable axe du monde symbolisant la vie. Dans la tradition nordique, la coutume veut que l’Ygdrasil soit un frêne. En réalité, il semblerait que ce soit un if, symbole du sacré.


Ses branches ressemblent à des racines sinueuses qui s’entrecroisent à travers tous les mondes. La plus grosse s’étend vers Asaheim, le royaume des Dieux. La plus noueuse se dirige vers Jotunheim, le pays des géants ; la plus puissante située au-dessus de Niflheim, le monde bu brouillard, subit les morsures de l’immense dragon Nidhug, l’Amer-Rongeur.


Cette puissante racine est gonflée de sève vivante, résiste aux crocs et au venin de la bête fabuleuse et abrite la fontaine Hvergelmir. Mimir est la fontaine qui coule vers Jotunheim. La légende raconte que quiconque s’abreuve à cette fontaine avec la corne Gjallar, aura intelligence et sagesse. Urdar est la fontaine qui s’étend vers Asaheim.


Autour d’Urdar habitent trois filles, les Nornes, maîtresses absolues du temps, comparables au trois Parques latines (Nona, Decima et Morta), filles de Nyx, la Nuit.


Les Nornes sont chargées de fixer la durée de la vie de tous les hommes, tout comme les Moires de la mythologie grecque, Clotho, Lathésis et Atropos, qui veillent sur le sort des mortels mais également sur le mouvement des sphères célestes ainsi que sur l’harmonie du monde. Les trois Moires, du grec ancien « moîrai », signifiant « les portions de destin assignées à chaque homme », étaient des divinités du Destin implacable.


Les Nornes dévident sans fin le fil de l’histoire. Elles sont autant aimées et respectées que redoutées, « car rien n’est plus terrible que l’inexorable fuite du temps ».


« Tout le mystère du monde réside dans ce perpétuel enchaînement. Le Passé commande notre Futur et le Présent n’est qu’un point fugitif qui roule entre nos doigts comme un grain de sable imperceptible et insaisissable ; et le silence des Nornes, avec leurs longs cheveux sombres et leurs yeux transparents, pèse sur les hommes qui ne peuvent interroger celles qui connaissent ainsi l’heure où s’arrêtera le destin de chacun ».


Affronter le verdict de Skuld, Vervandi, et Urd, reste le plus grand combat de ceux qui vivent dans la seule certitude de mourir. Et quand tous dorment, les Nornes veillent toujours, attentives à mesurer ce qui appartient à chacun.

 

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 L’if sacré est à la fois l’arbre de vie et l’axe du monde. Lui aussi doit lutter pour étendre ses branches vers le ciel où s’amassent les nuages. L’Ygdrasil résiste et survit et il ne peut pas mourir, car les trois Nornes prennent soin de lui. Chaque jour, elles tirent de l’eau de la fontaine d’Urdar, la répandent sur la terre jusqu’à obtenir une boue épaisse. Avec ce mélange sacré, appelé Auri, Urd, Vervandi et Skuld frottent l’écorce de l’arbre de vie. Ainsi, Ygdrasil restera toujours vert et son feuillage pourra étendre son ombre bienfaisante sur les neuf mondes.

Ygdrasil est toujours en fleur, il se dresse au-dessus de la fontaine d’Urdar, où nagent deux cygnes, immaculés et majestueux.


« Dans le vent du Nord, frissonnent les hautes branches de l’if Ygdrasil. Autour de lui tourne le monde ».


Les arbres sont sensibles à tout ce qui les entoure et constituent une source de sagesse pour ceux qui savent les écouter.

 

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En psychologie, les arbres symbolisent l’âme humaine : le tronc représente le moi conscient, les racines au moi subconscient, les racines profondes correspondent à une intelligence supérieure opérant au niveau de l’inconscient, les branches et les feuilles représentent un moi « superconscient » doué de caractéristiques quasi divines. La sève qui monte des racines jusqu’au sommet symbolise l’énergie de vie (prâna, ki, qi, megin, mana), qui nourrit chaque couche et chaque niveau d’existence.


En cela, les arbres nous ressemblent et nous devons les considérer et les respecter tels des êtres vivants à part entière, ils ont leur légitimité sur cette planète, sans eux, nous ne pourrions survivre. Il faut donc apprendre ou réapprendre à les contempler, à les écouter et à les aimer.


La pensée chamanique repose sur l’existence de mondes parallèles et sur l’omniprésence des esprits.


De nos jours, il apparaît bien difficile d’intégrer cette notion et pourtant il peut être utile de savoir aborder les choses d’une manière différente en se basant sur nos connaissances initiales et en faisant tout notre possible pour les préserver.

 

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A SUIVRE…


Sources :


Chamanisme au quotidien - Sophie Dardenne - 2005

Légendes de la Mythologie Nordique - Jean Mabire - 1999


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