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Les Inuits sont issus des peuples autochtones des régions de l’Arctique de la Sibérie et de l’Amérique du Nord (Alaska, Territoires du Nord-Ouest, le Nunavut, le Yukon, le Nunavik au Québec, le Nunatsiavut au Labrador ainsi qu’au Groenland. Ces dernières populations inuites qui vivent au Groenland sont les plus connues car les plus étudiées d’un point de vue anthropologique.

Les peuples inuits (inuk, pluriel d’inuit) sont variés et on en rencontre dans pratiquement toutes les régions polaires de la planète. Il existe les Inuits et les Inuvialuits du Canada, les Kalaallits du Groenland, les Iñupiats, les Yupiks de l’Alaska et les Yupiks de Russie (NB : les Yupiks de Russie ne sont pas considérés comme des Inuits au sens d’une descendance thuléenne). De nos jours, les Inuits constituent une population d’environ 150 000 individus, répartie pour la majeure partie au Canada et au Groenland.

 

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Les Inuits d’Amérique du Nord ne sont pas à proprement dit des Amérindiens bien que considérés comme des habitants autochtones du continent nord américain. Les ancêtres des Inuits provenaient des peuplades paléoasiatiques, venues sur le continent américain il y a plusieurs millénaires. A contrario, les Innus ne sont pas des Inuits au sens anthropologiques du terme, ce sont des Amérindiens qui vivent dans la forêt boréale du nord-est du Québec et au Labrador.

Le terme « inuit » provient de l’Inuktitut qui signifie « humain, personne », le pluriel est « inuk ».

Vie et culture dans les régions polaires aujourd’hui

Quatre-vingt pour cent de la population inuite pratique la chasse et la pêche. La chasse constitue une activité importante pour l’alimentation et leur économie (vente de viande, de peaux, de graisse et parfois d’artisanat).

La baleine boréale de l’Alaska (Balaena mysticetus) ou baleine du Groenland est la principale ressource de nourriture des Inuits, qu’ils pêchent d’une façon traditionnelle près de la banquise. La baleine étant un mammifère marin (vivant dans les zones arctique et subarctique) en voie de disparition, le gouvernement du Canada s’est accordé avec les populations inuites locales pour délimiter une aire de protection vouée à la conservation de cette espèce, en imposant des quotas de pêche dans la réserve nationale de faune de Niginganiq (Baie d’Isabella au Nunavut, au Québec). Le phoque et le caribou constituent d’autres sources alimentaires non négligeables.

 

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Aujourd’hui, les Inuits considèrent la chasse comme une activité à temps partiel, car beaucoup d’entre eux ont une activité salariée dans l’industrie minière, gazière et pétrolière.

Mais la chasse conserve son caractère traditionnel et demeure une source importante de nourriture. Depuis des siècles, les caribous jouent également un rôle essentiel chez les Inuits, tant pour l’alimentation que pour l’habillement.

Les habitats des Inuits dépendent des conditions météorologiques ainsi que des changements environnementaux lors des périodes glaciaires et ils sont directement concernés par les changements climatiques. Leur isolement pendant plus de trois mille ans combiné à des climats les plus extrêmes a produit une culture humaine unique au monde.

Entre 1920 et 1930, après avoir découvert d’importants gisements pétroliers dans l’Ouest, la zone Arctique fut envahie par les commerçants de fourrures, les missionnaires, les baleiniers et les divers prospecteurs en tout genre. L’attention était focalisée sur le développement économique, sans assumer les responsabilités et les conséquences qui en découlaient.

D’après les différents témoignages récents d’autochtones des régions polaires, la banquise ne se reformerait plus comme avant, peut-être des signes avant-coureurs du réchauffement climatique. Les multiples actions militantes des organisations non gouvernementales s’activent à lutter contre la surexploitation de la zone arctique par les grandes compagnies pétrolières. En clair, est-ce que cela vaut le coup de détruire la faune et la faune arctique pour quelques années de plus de carburant, trois ans tout au plus ? Nous sentons-nous concernés par les autres populations peuplant notre planète, même si elles vivent à des milliers de kilomètres de nous ?!

Il faut tout de même garder à l’esprit que les Inuits pratiquent une chasse séculaire, au caractère traditionnel et les produits de la mer constituent leur principale subsistance. La pollution de la biodiversité des océans contribue à faire des Inuits des populations en danger qui vivent en sursis.

Si nous en étions plus conscients, je suis certaine que nous considérerions les changements climatiques d’une bien autre manière ! Mes propos ont certainement l’air d’être plein de bonnes intentions mais ils n’en restent pas moins authentiques, réalistes et empathiques.

Qui souhaiterait voir son habitat détruit par les requins de la finance et du pétrole pour quelques dollars de plus ?

Qui souhaiterait manger coquillages, poissons et mollusques impropres à la consommation parce qu’ils sont contaminés par les différents rejets humains et industriels, pour quelques poignées de billets ? Billets qui ne profiteront, je tiens à le souligner, qu’à une infime partie de la population terrestre, les 2% qui régissent le monde se contenteront de regarder notre planète dépérir à petit feu, à coup d’enjeux financiers et non humains, mais se sentiront en toute sécurité.

Vulnérabilité sanitaire et environnementale

L’isolement géographique et la rareté des microbes sous les climats froids n’ont pas préparé les Inuits à développer leur système immunitaire contre la grippe, la tuberculose et bien d’autres maladies. Au 20ème siècle, la pandémie de grippe espagnole a décimé de nombreuses communautés inuites.

L’agriculture est impossible en région Arctique. La chasse et la pêche restent les seules sources traditionnelles d’alimentation. Les polluants émis dans l’hémisphère nord tendent à se concentrer dans la zone arctique où ils se déposent des éléments qui contaminent l’océan arctique et les zones polaires émergées.

La langue inuite est essentiellement orale. Mythes, récits, chants et formules chamaniques ont toujours été transmis oralement. La langue est devenue une langue écrite depuis le 18ème siècle et s'est consolidée au 19ème siècle avec l'arrivée du christianisme.

Au Nunavut, l’Inuktitut est la langue officielle de cette région qui constitue un symbole identitaire et qui est enseignée les trois premières années du cycle scolaire primaire.

Mythologie et croyances inuites

Les pratiques religieuses traditionnelles chez les Inuits constituent une sorte de chamanisme dont la base est l’animisme.

La cosmologie inuite n’est pas une religion au sens théologique du terme. Rachel Atituq Qitsualik, écrivaine inuite raconte :

« Le cosmos inuit n’est régi par personne. Il n’y a pas de figures divines maternelles ou paternelles. Il n’y a pas de dieux du vent ou des créatures du Soleil. Il n’y a pas de punitions éternelles dans l’au-delà, tout comme il n’y a pas de punition pour les enfants ou les adultes ici, aujourd’hui ».

Les histoires traditionnelles, les rituels et les tabous des Inuits sont imbriqués dans une culture de précaution et de protection, due à un environnement hostile.

La genèse du monde inuit ne comporte ni meurtre rituel du père, comme on peut le constater dans les mythologies gréco-romaines et scandinaves. Aussi, il n’existe ni chaos ou vide initial d’où émerge le monde.

Au commencement, il est dit qu’il y a un Homme et une Femme, sans créateur divin et sans créature animale. La Femme demande à Kaïla, esprit du ciel, de peupler la Terre. Alors, Kaïla envoya la Femme pêcher sur la banquise et cette dernière en sortit du trou, tous les animaux dont le dernier fut le caribou. Kaïla affirmait que le caribou était le plus beau cadeau qu’il puisse lui faire car cet animal pourrait nourrir le peuple. Et, en effet, le caribou permit aux hommes de pouvoir se nourrir, se vêtir et se protéger.

Comme il ne restait que les bêtes les plus faibles et malades, Kaïla renvoya la Femme sur la banquise pour y pêcher l’esprit du loup, envoyé par Amarok. Amarok était un loup gigantesque qui était connu pour dévorer les chasseurs imprudents qui chassaient la nuit, mais ce loup peut aussi aider les humains en veillant à ce que ses frères, les loups, maintiennent les troupeaux de caribou en bonne santé.

Le terme « amarok » désigne également le loup chez les peuples inuk. Il semblerait que le mot signifie également « esprit du loup ».

 

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Légendes des peuples Inuits

Amarok est un grand chasseur, qui chasse seul ses proies. Il est réputé attaquer les chasseurs humains qui sortent chasser seuls durant la nuit en toute imprudence.

Les Amérindiens et les Inuits ont toujours porté une grande importance au loup. Cet animal tient une grande place dans leur culture mais contrairement aux Européens, l’animal est plutôt perçu comme un être positif, associé à la pensée que cet animal est symboliquement lié au caribou, régulant ainsi les populations des troupeaux. En réalité, les caribous constituent une autre source alimentaire importante pour les peuples inuk.

La légende du loup et du caribou a été consignée dès 1874 et Amarok y joue un rôle important. Le loup est considéré comme un animal indispensable à la régulation démographique naturelle du gros gibier, grâce au type de chasse qu’il pratique, régulation qui est complétée par la chasse pratiquée par les hommes.

Canis lupus arctos - Loup arctique (Amérique du Nord)

Amarok est aussi un terme utilisé par les Inuits du Groenland pour désigner un loup de couleur grise, réputé féroce. Il s’agit en fait du loup arctique de couleur blanche (Canis lupus arctos), espèce qui vit dans la partie septentrionale de l’Amérique du Nord. Le loup de Sibérie (Canis lupus albus) est une sous-espèce de loup polaire qui ne constitue pas une espèce menacée, car le climat extrême empêche, bien heureusement, les hommes de capturer les loups.

Canis lupus albus ou loup de Sibérie

Anirniit

Pour les Inuits, tout possède un esprit, une âme tout comme dans le shintoïsme au Japon, qui fut longtemps une religion d’état dans ce pays.

« Anirniq » signifie « souffle » en Inuktitut et pour les Inuits, les esprits perdurent après la mort.

Une expression inuite déclare : « Le grand danger de notre existence réside dans le fait que notre régime alimentaire est entièrement constitué d’âmes ».

D’après cette phrase, il est évident d’en conclure que le peuple inuit est un peuple respectueux de leur environnement ainsi que de la Nature qui leur fournit directement de quoi survivre dans des régions où le climat est froid, voire glacial et où les conditions de vie semblent bien difficiles.

Ainsi, les Inuits se doivent donc d’apaiser les esprits-vengeurs en observant les us et coutumes et en pratiquant des rituels adaptés (principe de don et de contre-don). 

La vie rude et hasardeuse dans l’Arctique conduisit les Inuits à craindre constamment les forces invisibles, certainement liées aux conditions climatiques extrêmes.

Dans la société inuite, le rôle principal du chaman (angakkuq) est de rappeler à tous l’obéissance aux rituels et tabous, afin d’apaiser les esprits que lui seul a le pouvoir de voir et de contacter.

L’anirniq (l’esprit, l’âme) d’une personne fait partie d’un tout transcendant, tout comme l’anirniq d’un ours polaire, d’un mammifère aquatique ou d’une plante, qui passait pour être un seul et même esprit. Parfois, l’anirniq d’une personne ou d’un animal pouvait devenir une figure respectée ou influente, par le biais d’un haut fait relaté dans un conte traditionnel.

Bien que n’ayant pas de divinités bien définies, il existe une mythologie et un bestiaire faisant partie de la culture inuite. Ainsi, on peut y rencontrer des créatures mi-homme, mi-chien, appelées Adlet (ou Erqigdlet), surtout chez les populations du Groenland, du Labrador et de la baie d’Hudson. Il nous est conté que ces créatures sont très véloces et que si les humains se trouvent sur leur chemin, leur rencontre finit bien souvent en bataille dont les Adlets sortent généralement vainqueurs.

Agloolik est un esprit bienveillant qui a pour habitude de vivre sous la glace et qui vient en aide aux pêcheurs et aux chasseurs.

Sedna (ou Sanna, Nerrivik, Arnarquagssaq ou Nuliajuk) est un esprit féminin de la mer, maîtresse des animaux aquatiques polaires. Quand la pêche n’est pas bonne ou que la mer se déchaîne, la légende dit que Sedna est en colère. La légende de Sedna fait en sorte que les chasseurs vivent dans l’obligation de traiter la mer et les femmes avec respect.

Nanuq (ou Nanuuq, Nanook en anglais) est un "Tuurngait", un esprit malfaisant de la mythologie inuite.

En Inuktitut, « nanuq » signifie « ours polaire » et Nanuq est le maître des ours polaires, qui joue un rôle important car c’est lui qui décide si les chasseurs se sont bien comportés tout en respectant les règles rituelles.

L’Ursus maritimus alias l’ours polaire (ou ours blanc) est un des plus grands carnivores terrestres qui figure au sommet de la chaîne alimentaire des régions arctiques. L’ours blanc est un mammifère marin semi-aquatique dont la survie dépend essentiellement de la banquise et de la productivité marine. L’ours polaire est un animal protégé inscrit sur la liste rouge des espèces menacées, classement effectué par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN).

La principale menace provient du réchauffement climatique mais également de la pollution humaine.

 

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A SUIVRE...

CF. Sea Leagacy, organisation non gouvernementale pour la défense des océans

Polar Bear International, organisation non gouvernementale pour la conservation des ours polaires.

Sources :

Voir également articles :

Animisme et chamanisme : l’arbre de vie nordique # 1

Animisme et chamanisme : l’arbre de vie celtique # 2

 

 

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