LA VOIE DES RÊVES # 03 : Animisme & chamanisme : le monde des songes
28 mai 2018Première publication : le 22/07/2012
Mise à jour par Phoebe : le 30/04/2018

Nos âmes sont de grandes voyageuses
Selon certaines traditions, les âmes des êtres humains peuvent quitter le corps matériel, c’est ce qui se passe au moment de la mort. Le fait même que les rêves existent indique que l’âme peut aller et venir sans que cela ait la moindre influence sur l’intégrité du corps physique. Les songes sont conçus comme un moyen de voyager dans le monde invisible.
Dans notre conception occidentale, les rêves ne peuvent être ni provoqués, ni contrôlés, tout au plus, ils peuvent être décryptés, par exemple, par le biais de la psychanalyse, qui d’ailleurs n’hésite plus à utiliser certaines pratiques issues du chamanisme pour traiter certaines affections de l’âme.
A contrario, le chamanisme utilise la transe pour passer du monde visible au monde des esprits ; cela s’appelle le « rêve contrôlé » et cette technique est maîtrisée par le chaman qui permet de voir le monde universel d’une autre manière.
L’organisation du monde non ordinaire
La représentation et l’organisation des mondes non ordinaires sont différentes d’un peuple à l’autre. Par exemple, les peuples de Sibérie ont une vision du monde étagé qui se compose de trois niveaux : le monde d’en bas (les racines), le monde du milieu ou intermédiaire, représenté par le tronc et le monde d’en haut, symbolisé par les branches. Pour d’autres peuples, les mondes sont soit imbriqués, soit sont perçus tel un kaléidoscope.
Les peuples pratiquant le chamanisme sont des populations qui ont su garder un lien proche avec la nature, aussi bien de la faune que de la flore. Ils respectent la Nature parce qu’ils la connaissent et parce qu’ils savent de quoi cette Nature est capable : ils la respectent parce que certains, tout comme les Inuits du Grand Nord (Baie de Hudson), la craignent.
Les esprits qui régissent l’Univers portent des noms, des formes et de caractéristiques différents selon les régions. Partout, on retrouve cette croyance en l’existence d’esprits qui habitent les êtres animés et inanimés. Partout, ces esprits peuvent aussi bien être bienfaisants que malfaisants et il appartient au chaman de les reconnaître, de les neutraliser et de s’en faire des alliés.
Les rêves, une porte vers la connaissance du monde
Les rêves et les visions sont très importants dans la formation du futur chaman, car c’est grâce à eux que les êtres divins, les ancêtres, l’esprit du chaman défunt, le pouvoir d’un lieu, d’un animal peuvent se manifester.
Cette quête des esprits auxiliaires est une étape cruciale dans la constitution des pouvoirs du chaman. Ce dernier doit en effet leur parler et les apprivoiser afin de s’assurer leur bienveillance et les inviter à revenir. Ainsi, avec le temps, les esprits deviennent de puissants protecteurs que le chaman pourra convoquer lorsqu’il aura besoin de leur aide. Ils deviennent alors des alliés, des guides spirituels lors des combats que le chaman aura à mener dans ses voyages vers le monde invisible.
De quel rêve viens-tu ?
Pour les peuples qui pratiquent le chamanisme, les rêves constituent une porte d’accès vers le monde invisible. Une importance considérable est accordée à cette pratique car les rêves constituent des messages qui émanent du monde des esprits et que notre conscience pouvait capter durant notre sommeil. Dans certaines traditions, il est déconseillé de réveiller une personne qui dort au risque que son âme de rêve, de ne pas avoir le temps de revenir en toute sécurité.
« Par exemple, chez les Indiens d’Amérique, l’activité onirique était fortement valorisée. Dans certaines tribus, les Anciens enseignaient aux plus jeunes la manière de rêver convenablement, en les faisant dormir auprès d’une personne expérimentée. Les Aborigènes d’Australie peuvent saluer un inconnu qu’ils croisent pour la première fois en lui demandant : « De quel rêve viens-tu ? ».
Le grand livre des rêves
Depuis l’aube des temps, l’humanité a toujours été fascinée par les rêves et leur interprétation, un certain nombre de thèmes viennent régulièrement hanter nos voyages oniriques, le plus souvent sous divers déguisements. Les rêves puisent leur matériel dans le monde diurne du rêveur. C’est pourquoi le travail, le statut social, la santé physique et mentale doivent toujours être pris en considération. Cette loi s’applique encore aujourd’hui : tenir compte de son vécu et de son environnement pour interpréter les rêves. Fournir des repères qui donneront tout son sens à l’analyse.
L’art d’interpréter les rêves est une longue tradition du bouddhisme, dont nombre de légendes et récits relatent des scènes oniriques.
Les rêves dans la psychologie occidentale : l’étude moderne des rêves et de leur signification ne débuta véritablement qu’avec le psychiatre Sigmund Freud et son homologue suisse Carl Gustav Jung. C’est sur leurs théories que repose l’approche analytique contemporaines des rêves.
Freud et les rêves
Sigmund Freud développa la technique de l’analyse des rêves dans le but d’établir des connections entre le conscient et l’inconscient. Les rêves exercent une influence puissante sur le travail du mental et la compréhension des rêves peut avoir un impact significatif sur le traitement des problèmes psychologiques.
Freud pensait que dans les rêves, le mental s’engage dans un processus primaire grâce auquel les peurs et les désirs inconscients se transforment en symboles oniriques. Le processus secondaire correspond au refoulement de ces pulsions et symboles de l’esprit conscient éveillé. Beaucoup de désirs inconscients qui se manifestent en rêve remontent à des expériences de la petite enfance.
Freud fondait la majorité de ses théories sur le concept du ça – nos instincts primitifs – et le refoulement des désirs par le conscient. Dans les années 1920, certains scientifiques marquèrent leur désaccord avec Freud, certains estiment que les rêves n’étaient pas le reflet de nos désirs inconscients mais celui de notre vie quotidienne. Freud révisa ses théories et établit une distinction entre les rêves issus des expériences de la vie réelle et ceux inspirés par le ça.
Les rêves
Jung partageait en grande partie l’idée de Freud selon laquelle les rêves étaient principalement des représentations de l’inconscient. Pourtant, il se demanda si un rêve n’était que la conséquence de l’expérience individuelle. Jung était féru d’anthropologie, de mythologie, d’histoire des religions et d’occultisme. Il découvrit qu’il existait entre les symboles oniriques et les mythes et les légendes, des connections que seule une connaissance croisée de l’histoire et des cultures pouvait autoriser. Jung développa l’idée d’un inconscient collectif, une sorte de réserve innée des informations associée à la tendance humaine d’organisation et de penser de certaines manières, quels que soient la culture, la religion ou le pays d’origine. Jung élabora la notion d’archétype : une idée ou un schéma inné, incarné dans le rêve sous forme d’image ou de symbole. La méchante sorcière, la grand-mère pleine de sagesse, le héros ou le magicien sont des exemples d’archétypes.
A SUIVRE…
Sources :
Le chamanisme au quotidien - Sophie Dardenne - 2005
Confère le blog de DJ Miss Phoebe in Le Dialogue dans les rêves in Histoires de Samouraïs # 4, Chroniques Martiales