Au-delà de la culture

La question préoccupante pour l’homme contemporain est la relation qu’il entretient avec la culture. La technique seule ne peut apporter de solution tant que l’on ne pourra pas l’appliquer en dépassant les limites que les institutions, les cultures, les philosophies lui impose.

La politique n’est qu’une partie de la vie et ne se  résume pas qu’au simple exercice du pouvoir. Nous ne devrions pas nous laisser abuser par la politique ou par les institutions politiques. Seuls le pouvoir et l’usage que l’on en fait, sont essentiels.

La culture possède sa propre identité et l’avenir dépendra de la faculté que l’homme aura de transcender les limites des cultures individuelles. Toutefois, pour y parvenir, il faudra avant tout qu’il sache reconnaître et accepte le fait qu’une culture ne se réduit pas qu’au seul aspect linguistique, ce qui aurait pour conséquence la méconnaissance de ses richesses.

Les crises économiques et de l’environnement viennent aggraver les problèmes mondiaux, culturels et politiques. A moins qu’il apprenne à maîtriser et à régulariser ses modes de consommations et de productions, l’homme court au désastre.

La réponse ne réside pas dans une restriction de l’homme, mais dans sa capacité à l’ouverture à de nouvelles dimensions, de nouvelles options, de nouvelles voies, conduisant à de nouvelles possibilités et à de nouvelles alternatives, pour utiliser de façon créative ses propres capacités sans se mettre sous la dépendance de l’égo.

L’homme doit alors comprendre que renier sa culture est aussi destructeur que de nier l’existence du mal. La seule possibilité serait de pouvoir s’impliquer de manière active et consciente dans les aspects de son existence qui lui semblent les plus naturels.

Un large mouvement culturel, anti autoritaire, qui s’imposerait de lui-même serait nécessaire. L’homme y gagnerait une connaissance meilleure et approfondie de l’extraordinaire organisme qu’il est ; la possession de talents remarquables le grandira, le gonflera d’orgueil (et de fierté) et il respirera mieux.

Pour y parvenir, il devra cesser de privilégier exclusivement certains hommes ou certaines qualités et accepter le fait qu’il existe plus d’un chemin qui mène à la vérité.

Car aucune culture n’est infaillible dans cette recherche et aucun maître penseur ne révèlera la voie pour mener cette recherche à bien.

Source : Au-delà de la culture - Edward T. Hall, 1979