Dadaïsme
13 mars 2011
Mouvement intellectuel, littéraire et artistique apparu entre 1916 et 1925 en réaction à l’absurdité et à la tragédie de la Première Guerre Mondiale (1914-1918). C’est à Zürich (Suisse) qu’en 1916, les poètes Hugo Ball et Tristan Tzara, ainsi que les peintres Jean Arp, Marcel Janco et Sophie Taeuber-Arp décidèrent de s’allier et de créer un café littéraire, à la taverne de la Spiegelgasse, rebaptisée Cabaret Voltaire.
De renommée internationale, le Dadaïsme entendait remettre en cause toutes les conventions et contraintes idéologiques, artistiques et politiques. Dada n’était ni un dogme ni une école mais plutôt une constellation d’individus et de facettes libres.
Le mouvement met en avant l’esprit d’enfance, le jeu avec les convenances et les conventions, le rejet de la raison et de la logique, l’extravagance, la dérision et l’humour. Les artistes se voulaient irrespectueux et extravagants, affichant un mépris total envers la nostalgie du passé et l’esprit arriéré des choses. Ils recherchaient la plus grande liberté de créativité pour laquelle ils utilisèrent tous les matériaux et formes disponibles. Ils recherchaient également cette liberté dans l’expression du langage qu’ils aimaient lyrique et hétéroclite.
La contestation culturelle Dada se manifestait au cours de manifestations publiques par la truculence provocatrice et la dérision.
Le mouvement Dada se propagea de façon simultanée à travers plusieurs grandes villes allemandes telles que Berlin (1917-1923), Hanovre et Cologne ainsi qu’à travers le monde : New York (1915-1921), Paris (1920-1923). Différents manifestes parviennent jusqu’à Paris malgré la censure et le bourrage de crâne contre le tout germanisme.
Pour la première fois, les femmes sont acceptées comme artistes à part entière, camarades de jeu et complices des manifestations, traitées en égal, telles des collègues et non plus comme amantes et faire-valoir, amatrices douées ou objets de sublimation de l’art.
A partir de 1920, le mouvement dada commence à s’essouffler en France. André Breton trouve que le dadaïsme tourne en rond.
Le procès contre Maurice Barrès marquera la véritable disparition du Dadaïsme engendrant l’apparition du mouvement surréaliste.
La mise en accusation et le jugement de Maurice Barrès pour crime contre la sûreté de l’esprit n’était pas sans déplaire à Tzara et ses compatriotes, qui s’opposaient à l’idée d’un tribunal révolutionnaire. Tzara n’interviendra que comme témoin, laissant à André Breton le loisir de diriger le procès qui tourne rapidement en plaisanterie, ce qui n’était pas le souhait de Breton.
Tzara s’exclama : « Je n’ai aucune confiance dans la justice même si cette justice est faite par Dada. Vous conviendrez avec moi, monsieur le Président, que nous ne sommes tous qu’une bande de salauds et que par conséquent les petites différences, salauds plus grands ou salauds plus petits, n’ont aucune importance ».
Breton intervient : « Le témoin tient-il à passer pour un parfait imbécile ou cherche-t-il à se faire interner ? »
Tzara répond : « Oui, je tiens à me faire passer pour un parfait imbécile et je cherche à m’échapper de l’asile dans lequel je passe ma vie ».
A l’issue du procès, Barrès fut condamné à vingt ans de travaux forcés.
Dada et l’humour
Après la Première Guerre Mondiale, les jeunes ont besoin d’exprimer leur jubilation d’être en vie, la guerre est terminée et la paix est retrouvée. La vie a vaincu la mort, la paix a vaincu la guerre, l’enfance et l’insouciance sont de retour et vont pouvoir s’exprimer.
En 1963, Tzara déclare : « Dada n’était pas seulement l’absurde, pas seulement une blague. Dada était l’expression d’une très forte douleur des adolescents nés pendant la guerre de 1914. Ce que nous voulions, c’était faire table rase des valeurs en cours, mais au profit justement des valeurs humaines les plus hautes ».
Dada et l’érotisme
En 1920, Tzara nomment des « présidents dada », les plus anticonformistes, à l’originalité débridée.
L’artiste Clara Tice, peintre caricaturiste et poète, horrifie la prude société américaine avec ses dessins de femmes nues accompagnées d’animaux illustrant de manière érotique Les Fables de La Fontaine. Ses œuvres seront confisquées par la police.
Valeska Gert crée des danses lors de soirées berlinoises où elle contribue à la libération du corps de la femme et au nudisme.
Tzara publiera Sept manifestes Dada en 1924 en réaction au manifeste surréaliste de Breton.
Sources et liens :
The International Dada Archive
Parce qu'il existe encore des personnes sur cette planète pour dénoncer l'absurdité humaine...