Dôjôji et autres nouvelles par Yukio Mishima
05 mai 2011
L’auteur : Yukio Mishima alias Kimitake Hiraoka
Né à Tôkyô en 1925, il se consacra à l’écriture et publia dès l’âge de 24 ans, son premier roman autobiographique, Confessions d’un masque ; roman dont le thème central traite de l’homosexualité, lui apportant par la même occasion la célébrité.
Entre 1949 et 1970, Mishima écrivit une quarantaine de romans aux sujets divers et variés : des essais, des pièces de théâtre, des récits de voyage ainsi qu’un bon nombre de nouvelles qui témoignent de son talents et de la fertilité de sa plume. Développant l’art de la description du détail et de l’ellipse dont les sujets relatent un Japon moderne en butte à ses traditions séculaires, Mishima était un admirateur de la tradition classique nipponne et des vertus du samouraï. C’est au sommet de sa gloire, en novembre 1970, qu’il se donna la mort au cours d’un seppuku spectaculaire.
Dojoji
Courte pièce de théâtre faisant référence au théâtre Nô dont l’intrigue se déroule dans une boutique de meubles d’occasion et d’objets d’époque, tenue par un antiquaire. L’histoire est axée autour d’une mystérieuse armoire faisant l’objet d’une mise aux enchères privées. Les enchères débutent et vont bon train, lorsque qu’un personnage fait éruption dans la boutique, proposant d’acheter l’armoire pour 3000 yens. Attirant l’attention de l’assistance, Kiyoko, danseuse de son état, prétend connaître la véritable histoire de cette armoire…
Le théâtre Nô
Style de théâtre traditionnel japonais, de conception sacrée, devenu au fil du temps un divertissement aristocratique, datant de la fin du 13ème siècle et largement théorisé par Zeami (1363-1443), acteur et dramaturge japonais.
Le Nô pourrait être traduit par « drame lyrique », sachant que le mot « nô » signifie « pouvoir, être puissant », il unit deux traditions : la pantomime dansée et les chroniques en vers, avec utilisant de masques. Les acteurs sont généralement accompagnés d’un petit orchestre et d’un chœur et jouaient essentiellement pour les shoguns et les samouraïs.
Le Nô est un théâtre très stylisé, simplifié et codifié, développant une émotion ou une atmosphère. Le Nô met (presque) toujours en scène deux protagonistes : le waki, « celui du coin » et le shite, acteur masqué représentant une apparition fantomatique, une divinité ou un démon, résultat des hallucinations issues des visions ou des rêves du waki. Le waki reste assis sur le devant de la scène durant toute la représentation et tient le rôle de spectateur et de voyant, parfois même de médium. Généralement, le waki revient d’illustres contrées lointaines, soit à cause d’un combat ou d’un amour malheureux, soit à cause de la présence d’une divinité. Le shite qu’il rencontre prend l’aspect d’un vieillard ou d’une jeune femme qui lui rappelle la légende du lieu, tout en dansant et en chantant, paré d’un magnifique costume. La scène à laquelle assiste le waki prend la forme d’une hallucination ou d’un rêve, mettant en avant les aspects légendaire et magique soulignant le caractère sacré du théâtre. Il est à noter que le mot théâtre provient du grec « theatron » signifiant contemplation.
Les sept ponts
Koyumi, une geisha âgée de 42 ans, Kanako, Masako âgées d’une vingtaine d’années et maiko et Mina, une servante, s’en vont à travers la ville pour traverser sept ponts afin que leurs souhaits soient exaucés.
Rituel des sept ponts que doivent traverser les personnages de l’histoire en faisant une prière à chaque fois qu’ils entrent et quittent le ponts sans proférer un seul mot.
L’univers des geishas
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, une geisha n’est pas une prostituée, c’est une femme qui appartient « au monde des fleurs et des saules » ; en connaissance de cause, elle est apparentée à une dame de compagnie raffinée réservée à une clientèle très aisée, dédiant sa vie à la pratique des arts traditionnels japonais.
Littéralement, le mot « geisha » signifie « art de la personne » dont la ville traditionnelle d’origine est Kyôto, où on utilise plutôt le mot « geiko » pour désigner la geisha.
A Tôkyô, on nomme « la femme qui excelle dans les arts », hangyoku et son apprentie, oshakusan ou maiko (Kyôto).
Les geishas vivent dans des maisons traditionnelles appelées « okiya », situées dans des quartiers réservés, nommés « hanamachi » ou « kagaï ». Les quartiers les plus réputés à Kyôto sont ceux de Gion, Miyagama-chô, Kamishichiken, Ponto-chô et Shimabara. Ceux situés à Tôkyô se nomment Shinbashi, Akasaba, Asakusa, Yoshi-chô, Kagurazaka et Mukojima. Fukagawa reste un des lieux historiques le plus réputé.
Les geishas officient généralement dans des « ochaya », littéralement, salons de thé. Selon une célèbre geisha, une geiko devait avoir la délicatesse d’une fleur et la force et la souplesse d’un saule. Elle devait également exceller dans plusieurs pratiques artistiques : pratique d’un ou plusieurs instruments, cérémonie du thé (chanoyu), arrangement floral (ikebana), poésie, littérature et peinture, calligraphie, pratique de la danse traditionnelle afin d’obtenir un port gracieux et une démarche élégante. La geisha spécialisée dans l’art de la danse se nomme « odoriko » ou « tachikata ». Elle apprenait par l’observation (minaraï), portait le kimono (kitsuke) et devait maîtriser l’art de la conversation ainsi que l’art de divertir.
Sources :
Dôjôji et autres nouvelles ~ Yukio Mishima, traduit de l'anglais par Dominique Aury ~ Nouvelles extraites de La Mort en été.
Le théâtre ~ Marie-Claude Hubert