CHAPITRE 10

Mars attacks

Mars Attacks! (Tim Burton, 1996, USA)

Scénario : Jonathan Gems d’après le comics (1962) « Weird Science »

Synopsis : Des milliers de soucoupes volantes martiennes se dirigent vers la Terre. L'événement provoque des réactions diverses et très controversées : certains les pensent pacifiques, d'autres pensent qu'ils sont hostiles et qu'ils représentent un danger pour l'humanité…

A la base Mars Attacks était une série de cartes à collectionner, commercialisées par la société Bubbles Inc.

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Tim Burton : "[…] J’éprouvais des sentiments très étranges à l’égard de l’Amérique et du monde en général. […] J’avais l’impression que tout se détraquait. Je me sentais donc porté vers un certain anarchisme, et j’ai retrouvé cette impulsion dans le scénario et dans les Martiens. Et puis, j’ai tout de suite accroché à la thématique : "il ne faut jamais se fier aux apparences". L’expérience Ed Wood n’était pas pour rien dans cet état d’esprit".

Tim Burton cite comme souvenir d’enfance le film de Sherman A. Rose, Target Earth (1954), qui l’a frappé tant il était médiocre. Pourtant, les films d’invasion des années 50 ont inspiré le réalisateur mais il n’a jamais prétendu que Mars Attacks! était un film de Science-Fiction.

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La même année, Independence Day réalisé par Roland Emmerich, sort sur les écrans, variation sur le même thème d’un film très patriotique. Pour le coup, les deux films ont tout de suite été antagonistes ; l’un prônant le nationalisme américain, l’autre constituant une parodie d’une Amérique libéraliste en plein déclin.

L’invasion des Extraterrestres

Dans les années 40, la psychose de l’objet volant non idendifié s’emparait du Monde. Le mythe de l’extraterrestre a toujours fasciné l’imaginaire de l’Homme. Petits hommes verts vulgarisés par la littérature fantastique, le thème offre des possibilités visitées par l’univers de la Science-Fiction.

"L’enfer, c’est les autres", ironisait Jean-Paul Sartre, évoquant nos difficultés à accepter ce qui nous est étranger et différent.

En règle générale, l’Extraterrestre dérange toujours l’être humain. Certains viennent coloniser la planète Terre, d’autres veulent nous avertir d’un danger qu’ils n’ont pas su éviter. Certains demandent provisoirement l’asile et il y a ceux qui ne pensent qu’à repartir. Il y a donc ceux qui prêchent et ceux qui détruisent, ceux qui ne savent pas communiquer, ceux dépourvus de tout sentiment humain, ceux qui sont fous et méchants, ceux qui se substituent au genre humain pour mieux les étudier ou les corrompre de l’intérieur. Ainsi, le film Men in Black (Barry Sonnenfeld, 1997, USA) constitue un regroupement de tous ces profils extraterrestres et une équipe d’hommes super-entrainés sont là pour veiller et surtout surveiller à la "bonne" circulation des Aliens venus visiter Terre, quelles que soient leurs motivations.

Finalement, la seule chose qui importe dans le cinéma, c’est que la planète bleue suscite toujours la curiosité et/ou la convoitise d’êtres venus d’ailleurs.

Dans les premières apparitions extraterrestres, il est question de missions moralisatrices ; d’une manifestation de type messianique où les Martiens se contentent d’observer le genre humain à travers une boule de cristal. Confère l’adaptation de A Message From Space.

Bien que l’extraterrestre s’incarne parfois dans l’esprit malin, il peut également passer pour un dieu, de par son omniprésence dans le quotidien humain, ainsi que par sa nature célecte et ses pouvoirs paranormaux.

Dans Le Jour où la Terre s’arrêta (Robert Wise, 1951, USA), un alien vient prévenir les autorités mondiales d’un ultimatum. Un remake de ce film fut réalisé en 2008 par Scott Derrickson.

LE JOUR OU LA TERRE S'ARRETA

Le pacifisme ne durant qu’un temps, les terriens admettent enfin qu’il puisse exister des mondes intergalactiques supérieurs, ce qui n’implique pas qu’ils soient meilleurs.

Pendant des années, les films vont exposer des Aliens méchants, colonisateurs, guerriers, racistes et parfois stupides. Sous les traits d’envahisseurs venus de l’espace, la production cinématographique va prêter aux extraterrestres tous les défauts humains pour mieux nous en décharger afin d’en être miraculeusement purifiés. La lutte idéologique accompagne le combat ethnique et certains envahisseurs vont connaître, sur le mode imaginaire, la projection d’une réalité politique.

L’exemple le plus flagrant de cette assimilation simpliste s’observe dans Red Planet Mars (Harry Horner, 1952, USA), tourné en pleine Guerre Froide. Le film raconte l’histoire d’un ancien nazi, criminel de guerre, qui travaille pour les Soviétiques en émettant de faux messages venus de Mars, visant à faire croire à la population terrienne que les martiens vivent sous un régime collectif proche du communisme. Ce qui a pour conséquence d’entraîner une panique sur l’économie mondiale, jusqu’à ce qu’un vrai message des martiens rétablissent la situation, en expliquant qu’il ne faut pas les confondre avec les marxistes. Une bonne dose de mauvaise foi ainsi qu’une pincée de naïveté étaient nécessaires afin d’y mêler propagande et imaginaire.

Dans La Chose d’un Autre Monde (The Thing From Another World, Christian Nyby, 1951, USA), le réalisateur met l’accent sur la nature différente de l’extraterrestre.

"L’angoisse devant une forme de vie inconnue n’a jamais été aussi bien montrée […]".

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En 1953, dans La Guerre des Mondes (War of the Worlds), film inspiré du roman d’H.G. Wells et réalisé par Byron Haskin, les martiens se livrent à un spectacle de destruction massive, laissant présager l’invasion de petits hommes verts, issue de l’imaginaire populaire.

En 1960, Le Village des Damnés (Village of the Damned, Wolf Rilla, GB) est un film britannique ne tombant pas dans la caricature de la production cinématographique américaine. Efficace et inquiétant, ce film montre la différence en renversant les valeurs établies par le mal.

"Sans effets spéciaux, sans procédés faciles, […], sans pompeux propos alarmistes, ni conclusion moralisatrice, Le Village des Damnés représente l’un des rares chefs d’œuvre de la Science-Fiction adulte […]".

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Ce film fera, en 1994, l’objet d’un remake réalisé par John Carpenter. Les anciens thèmes ont toujours préoccupé l’industrie cinématographique américaine, surtout si l’œuvre vient de l’étranger. Carpenter ayant repris scrupuleusement les mêmes plans que la version de 1960, la différence intervient dans l’histoire où il est inconcevable que le nationalisme américain soit mis en péril.

A suivre…

Sources :

* Ze Craignos Monsters, le retour – les grands thèmes du cinéma fantastique – Jean-Pierre Putters - 1995

* Tim Burton par Tim Burton - Mark Salisbury - 2000


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