L'univers de Wes Craven # 2
28 août 2010LA NECESSITE DE LA PEUR AU CINEMA
La peur est liée à l'inconnu, indissociable du fantastique, qui est l'expression stylisée du vertige de la conscience devant la confusion de l'imaginaire et du réel. Le fantastique étant un genre populaire par excellence, il intervient dans le processus narratif dramaturgique (drama=action), créant par la même occasion un décor affectif ainsi qu'un climat d'inquiétude, mettant en avant des sentiments et des émotions simples, qu'on ne peut qualifier de vulgaires ou de rudimentaires.
La peur est une émotion naturelle, naïve, parfois instinctive, inséparable du fantastique qui, vidé de substance, devient insolite, étrange et merveilleux, ce qui permet à cette dernière d'en devenir par conséquent inoffensive.
Pour déclencher la peur, faut-il montrer ou seulement suggérer ?
La spécificité du cinéma est justement de montrer et de faire éprouver...
LES FILMS
Les Griffes de la nuit (Wes Craven, 1984, USA)
Version originale : A Nightmare On Elm Street
Synopsis : Victime de cauchemars incessants et plus vrais que nature dans lesquels elle est poursuivie par un homme à la face brûlée et aux griffes acérées, la jeune Nancy Thompson décide de se confier à ses amis. Loin de la rassurer, ceux-ci avouent que leurs nuits sont également tourmentées par ce mystérieux et inquiétant croque-mitaine...
Outre le fait d’exploiter la peur dans ses films, Craven exploite également le thème du cauchemar. La propension qu’a l’être humain à rêver et par la même occasion, à diriger ses rêves.
Bernard Werber dans son Encyclopédie du savoir relatif et absolu évoque le peuple du rêve. Il mentionne une tribu malaisienne qui organisait la vie autour des rêves qu’elle faisait (voir article sur l'attrape rêve).
Ne parle-t-on pas de "rêves prémonitoires", ces rêves qui donnent à l’instant présent cette impression de déjà-vu ?
Au départ, Freddy devait être un vieil homme, afin de se rapprocher au mieux de l'image du croquemitaine. Mais finalement, comme peu d'acteurs correspondaient à ce que Craven recherchait, l'idée fut abandonnée.
Dans ce premier film, l'horreur est assez palpable.
La Revanche de Freddy (Jack Sholder, 1985, USA)
VO : A Nightmare On Elm Street Part 2 : Freddy's Revenge
Synopsis : Une famille emménage dans la maison où vivait Nancy Thompson et ses parents. L’aîné des enfants, Jesse, commence à faire des cauchemars tandis que des phénomènes étranges secouent son entourage, à n'en pas douter Freddy Krueger est de retour.
Ce deuxième opus se différencie nettement de son modèle et mêle plusieurs thèmes du cinéma d'épouvante, la maison hantée, la possession.
Freddy, censé être tout puissant au travers des cauchemars, s'extrait des songes pour apparaître dans la réalité, ce qui prouve qu'a priori les scénaristes n'ont rien compris aux règles fixées dans l'original. Cette possibilité pourrait être sciemment voulue, ainsi elle justifierait la présence de Freddy dans la réalité lors des épisodes suivants. Bien qu’il soit dit qu’on ne peut ramener Freddy dans la réalité qu’en l’attrapant dans les rêves.
Ce deuxième film est, pour ma part, assez médiocre et perd un peu de son originalité.
Freddy 3, les griffes du cauchemar (Chuck Russell, 1987, USA)
VO : A Nightmare on Elm Street 3: Dream Warriors
Synopsis : Les docteurs Simms et Goldman soignent dans un hôpital psychiatrique des adolescents victimes d'horribles cauchemars dont ils refusent de parler. Christine, une jeune interne, qui a subi les sévices de Freddy Krueger, l'abominable tueur d'enfants, apprend que celui-ci est la cause de ses cauchemars. En effet, ces jeunes gens sont les enfants des personnes qui avaient éliminé Krueger. Nancy (héroïne du premier film), devenue adulte, propose au docteur Goldman d'appliquer un traitement qui supprimerait les rêves durant une semaine. Simms n'est pas d'accord mais Goldman prend seul l'initiative d'une séance de groupe amenant les patients sous hypnose, dans un cauchemar collectif, afin de combattre Freddy...
Le film est assez intéressant car le fait de ramener le personnage du premier volume, Nancy, donne un sens à ce troisième volet, une sorte de cohérence dans le récit, suite logique des choses, les cauchemars continuent, les meurtres également !
En effet, outre le fait que Christine soit enfermée dans un hôpital psychiatrique parce qu’elle est insomniaque et que par conséquent, elle devient folle par manque de sommeil, les autres personnages du film sont tout aussi « dérangés ». Ici, Freddy se sert de la faiblesse de chacun pour les anéantir. Mais chacun possède une force particulière lorsqu'il rêve.
Christine a le don de ramener les gens dans ses cauchemars pour qu'ils puissent lui venir en aide. Le fait de ramener les personnages dans ses propres songes est une indication très importante dans la narration, une sorte de fil conducteur qui permettra d'engendrer un lien dans les prochains films.
A suivre...
Sources :
* Wikipedia, l’encyclopédie libre
* Fantastique et Science-Fiction au cinéma d’Alain Pelosato (1999)
* Le cinéma fantastique et ses mythologies (1895-1970) de Gérard Lenne (dernière édition 1985)