La sociologie dans le paranormal
09 mars 2011
« La sociologie, l’anthropologie et en particulier l’ethnologie, s’intéressent aussi au paranormal, si l’on en croit les multiples sondages publiés régulièrement dans la presse sur les croyances de la population, et les nombreux ouvrages sur l’attirance des foules pour les voyantes. Sauf rares exceptions, ces disciplines considèrent en général les phénomènes parapsychologiques comme des croyances illusoires, donc dénuées de toute efficacité réelle. Au mieux, elles déclarent ne pas « prendre parti » et ne pas s’intéresser aux faits psi. Elles cherchent rarement à vérifier les conséquences des actes paranormaux comme par ex. le chamanisme, mais essaient plutôt de comprendre le système culturel de représentations des différents groupes humains concernés. Cette approche "neutre" me semble adéquate à ces disciplines sociales, cependant une recherche de base plus approfondie serait nécessaire : sans préjuger à priori de l’efficacité ou non-efficacité des facultés psi ou des rituels magiques, il faudrait tout de même vérifier avec sérieux, tout au moins dans les enquêtes ethnologiques, les résultats des pratiques psi. Exemple : la pluie tombe-t-elle après une cérémonie de Danse de la Pluie ?
Cela permettrait, entre autres, de fournir une base solide à la réflexion des parapsychologues, qui eux, se chargent de découvrir "comment ça marche".
A lecture de cet article puisé dans les fondamentaux de l’Institut Métapsychique International, il m'est revenu en tête un livre relatant quelques paragraphes sur la perception extrasensorielle et les pouvoirs psychiques.
Il s’agit de « La réalité de la réalité, confusion, désinformation, communication » écrit par Paul Watzlawick et paru dès 1976.
Paul Watzlawick (1921, Autriche -2007, USA) est un théoricien de la communication et du constructivisme radical. Psychologue, psychothérapeute, psychanalyste jungien et sociologue, ses travaux portent sur la thérapie familiale et psychothérapie générale.
A propos de son livre, quelques paragraphes avaient retenu mon attention en 2009. Ce livre traite de l’idée de la réalité que chaque individu peut se faire. Dans les discours politique et scientifique, dans les conversations de tous les jours.
La question se pose : qu’est-ce le réel ? Et surtout, existe-t-il réellement ?
« De toutes les illusions, la plus périlleuse consiste à penser qu’il n’existe qu’une seule réalité, dont certaines peuvent être contradictoires, et qui sont toutes l’effet de la communication et non le reflet de vérités objectives et éternelles ».
Selon Paul Watzlawick, la réalité ne serait que la résultante des compromis, détours et aveuglements réciproques, à travers quoi passe l’information.
Parmi les nombreux sujets répertoriés par l’auteur, j’en ai retenu certains qui pouvaient venir compléter et affirmer que les phénomènes psychiques, concernant la communication non-verbale, existent même s’il ne les cite pas explicitement.
LES AVANTAGES DE LA CONFUSION
Toute personne en proie à la confusion se précipitera sur des conclusions étayées par le premier fait tangible qu’elle aura cru détecter à travers le brouillard des circonstances.
Le Docteur Milton Erickson, hypnothérapeute, mit au point une technique de confusion afin de mettre en avant les avantages positifs que peut engendrer la confusion. Il a démontré qu’en créant une confusion semblable au moyen d’affirmations vagues, ambiguës et intrigantes, on incitait le sujet hypnotique à investir la première information concrète et compréhensible d’un degré inaccoutumé de valeur et d’importance.
Et puisque la psychothérapie est fondamentalement l’art de transformer la vision qu’une personne a de la réalité, la technique de confusion constitue une intervention particulièrement efficace. Inutile de dire que, mise en des mains dépourvues de scrupules, elle peut servir à des fins extrêmement négatives. Autrement dit, la confusion aiguise nos sens et notre attention aux détails. En des circonstances inhabituelles telles que la présence d’un grand danger, on fonctionnera d’une façon qui pourra être différente du comportement normal quotidien. En une fraction de seconde et sans même y penser, on pourra prendre la bonne décision, celle qui sauve la vie.
Le même phénomène se produira aussi, comme réaction au malentendu, dans des circonstances moins exceptionnelles : très fréquemment, par exemple, lorsque pour une raison quelconque, nous nous engageons dans une situation en ayant l’esprit ailleurs. Le fait d’avoir l’esprit ailleurs participe largement des effets positifs de la confusion. Le concept taoïste de « wu-wei » (inattention délibérée) et l’enseignement Zen constituent à laisser aller et libérer son esprit, éléments décrits dans le livre d’Herrigel : « Le Zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc ».
"Je ne suis pas compétent pour décider si des puissances « plus hautes » de l’esprit y sont pour quelque chose, mais il ne fait aucun doute qu’un certain degré d’inattention consciente nous rend plus réceptifs aux innombrables indices minimaux non verbaux inhérents à toutes les situations interactionnelles qu’elles impliquent des humains ou des animaux, car les animaux disposent, en effet, d’une aptitude extraordinaire à percevoir et à interpréter correctement des indices tout à fait infimes".
LE POUVOIR DES PERCEPTIONS SUBTILES
Il existerait des situations où nos capacités habituelles de perception et d’intelligence ne suffiraient plus à fournir les réponses, nous aurions recours à certaines autres capacités qui ne semblent pas être l’objet d’une maîtrise consciente mais apparemment réactivées par ce que la situation offre de confusion et de malentendu.
Robert Rosenthal, psychologue, affirme que nous sommes à la merci d’influences dont nous n’avons pas conscience et sur lesquelles nous n’exerçons virtuellement aucun contrôle conscient. Nous influençons nous-mêmes les autres, quelles que soient la prudence et la discrétion que nous nous attribuons, par des moyens dont nous ne pouvons qu’être faiblement ou aucunement conscients. Nous pouvons en vérité être inconsciemment responsables d’influences dont notre conscience ignore tout et qui nous paraîtraient, si nous les connaissions, totalement inacceptables.
LA PERCEPTION EXTRASENSORIELLE ou PES
« Nous sommes bien plus perceptifs et bien plus influencés par nos perceptions que nous le pensons. »
Nous sommes constamment engagés dans les allées et venues d’une communication dont nous ne savons rien, mais qui fait beaucoup pour déterminer notre comportement.
Dans ce paragraphe, l’auteur relate une expérience :
Un jeu de cartes comportant cinq symboles : croix, cercle, carré, pentagramme et lignes ondulées.
L’expérimentateur regarde les cartes l’une après l’autre en s’assurant que le sujet ne peut pas les voir.
Par le biais d’éléments minimaux perceptibles, le sujet serait capable de deviner les cartes, en ayant recourt à des perceptions subtiles. Cette sorte de signaux serait incroyablement efficace parce qu’elle demeure entièrement hors de la conscience du sujet.
Source : La réalité de la réalité, confusion, désinformation, communication - Paul Watzlawick - 1976