Le cinéma allemand # 1 : les films de propagande de l'UFA
21 janv. 2013LA MODERNITE DANS LE CINEMA ALLEMAND
Problématique :
Comment et dans quel contexte historique et socio-politique le Nouveau Cinéma Allemand intervient comme le cinéma de la modernité d’après-guerre ?
CONTEXTE HISTORIQUE
Le cinéma du 3ème Reich
L’ « Universum Film Alztiengesellschaft » ou « Universum Film AG » (UFA) est une des sociétés cinématographiques d’Allemagne. Importante société fondée en 1917, durant la république de Weimar. Dans un premier temps, les studios de l’UFA ont pour objectif de produire des films de propagande militaire et politique. L’UFA connu son heure de gloire entre 1920 et 1930 en produisant des films de Fritz Lang : « Docteur Mabuse le joueur » (1922), « Les Nibelungen » (1924), « La Femme sur la Lune » (1929), ainsi que « L’Ange Bleu » d’Eric von Sternberg.
Sous le régime national-socialiste, l’UFA devint un organisme d’Etat. En 1940, elle crée une filiale française, Continental Films, puis fut dissoute en 1945. Lorsque l’Allemagne capitule, le premier tiers des scènes était tourné. Certains dialogues reprennent des discours réels. Le film « Kolberg » reçut le Prix du Film de la Nation, une des plus grandes distinctions décernées par le 3ème Reich. Deux mois après la première de « Kolberg », Hitler se suicide.
« Kolberg » de Veit Harlan et Wolfgang Liebeneiner, est un film de propagande commandé par Goebbels, patron du 3ème Reich, sorti en 1945. Ce film a coûté énormément cher pour l’époque (8,5 millions de marks). D’un point de vue historique, ce film est utilisé en tant qu’objet de manipulation, telle une arme de propagande de la guerre totale. Presque tous les dictateurs possèdent une passion pour le cinéma. A cette époque, il existe peu de films de propagande dite réelle, le but étant de faire croire que la vie suit son cours tranquillement.
Extrait de la lettre de commande du film « Kolberg » : « Un peuple uni à l’arrière et sur le front peut vaincre n’importe quel adversaire ». Le film devait constituer une grande fresque. Depuis « Metropolis » (Fritz Lang, 1927), film expressionniste produit durant la République de Weimar (1918-1933), l’Allemagne n’avait pas connu de production aussi colossale. Bien que la ville de Berlin soit détruite par les bombes, les producteurs du film décident de reconstituer les ruines dans les studios de l’UFA.
« La Vie continue » est un film réalisé par Wolfgang Liebeneiner, tourné en même temps que « Kolberg ». C’est également un film de propagande considéré comme étant du lavage de cerveau. Ce film eut un fort impact auprès du public qui perdura durant les années 50. C’est ainsi que les films retranscrivaient des récits en reprenant tout ce qui avait été de tradition durant le 3ème Reich. Tous les films du 3ème Reich étaient extrêmement politisés.
Afin de bien comprendre le phénomène qui s’opère sur le cinéma allemand des années 30, il est nécessaire de se pencher sur l’organisation de l’UFA durant le 3ème Reich.
Le 4 décembre 1930, Joseph Goebbels organise le boycott de la projection du film américain « A l’Ouest, rien de nouveau » (« All Quiet on the Western Front »), réalisé par Lewis Milestone, adaptation cinématographique du roman pacifiste éponyme d’Erich Maria Remarque, « Im Westen nichts neue ». La manifestation se transforme en émeutes dans les salles de cinéma. Hitler et Goebbels sont tous deux passionnés par le 7ème art.
Goebbels est nommé, en raison de ses qualités d’orateur et de rhétoricien, par Hitler le 11 mars 1933, ministre du Reich à l’Education du peuple et à la Propagande et fait interdire la diffusion de tous les films de Fritz Lang.
En janvier 1933, Hitler et Goebbels voient dans le film « Le Rebelle », réalisé par Luis Trenker, un cinéma de l’avenir, une façon de prendre le pouvoir et d’assurer l’avenir du nazisme. A cet effet, Goebbels comprend très vite que le cinéma et la propagande vont de paire. Au sein de son ministère, il régente la censure, la presse écrite, la radio, le cinéma et l’art. Selon Goebbels, la propagande est bien un art : la bonne propagande est celle qui mène au succès, la mauvaise, celle qui passe à côté. Pour Goebbels, le cinéma est malade et pour guérir, il doit retrouver une identité allemande. D’après lui, le cinéma est dangereux, alors il faut le contrôler. Le Ministère de l’Education du peuple et de la Propagande possède le monopole absolu sur le domaine de l’art et du cinéma. « Sous le haut patronage de Goebbels » est un documentaire tourné sur le patron de l’UFA.
« Le Triomphe de la volonté » (« Triumph des Willens », 1935) est un film de propagande nazie réalisé par Leni Riefenstahl, cinéaste berlinoise qui réalisa des films entre 1932 et 1936. Ce film décrit Hitler tel qu’il voulait se montrer et c’est le Fürher qui donne l’accent sur le cinéma allemand. A partir de 1945, elle ne réalisa plus de film, car rejetée par le système de production pour s’être associée au régime nazi.
Goebbels règne sur la production cinématographique (contrôle et surveillance) en véritable despote et pense à l’édification d’un nouveau cinéma allemand. Il dicte la ligne et le programme. Pour Goebbels, il faut un parti pris et dire que l’on veut voir des films allemands, c’est dire que l’on veut voir des films nationaux socialistes. Ces films sont, pour la plupart du temps des films de propagande dans la forme et dans le style. Le cinéma est une arme dans cette lutte totale dit Goebbels. Le documentaire se veut résolument antisémite dans la stratégie de la haine et de la destruction du peuple juif. Et l’attitude antisémite doit passer par le peuple. Le film et la radio sont utilisés comme vecteurs et ont pour fonction d’apporter une atmosphère de détente dans un climat de conflit, prônant la bonne humeur comme élément essentiel à l’effort de guerre.
La majorité du cinéma du 3ème Reich est un cinéma du divertissement, car les réalisateurs avaient peur de faire des films de guerre et que l’accent était porté sur les films de propagande.
A SUIVRE : La situation cinématographique d'après-guerre : les studios de la DEFA