CHRONIQUE MUSICALE #03 : Exploration électronique : LE HARDCORE Part. 2
07 mars 2011Ouvre ton esprit & observe les Multivers !

N’ayant pas encore trouvé de soirées Hardcore dignes de ce nom, je me propose de continuer mon exploration électronique en posant quelques principes sur le bruit ainsi que sur sa représentation ; en écoutant des artistes venus d’horizons différents ayant choisis comme moyen d’expression cette musique qui sait parfois se faire mélodique…
Le bruitisme
La musique bruitiste ou noise music est apparue au début du 20ème siècle, grâce au mouvement futuriste italien. Dans son manifeste « Arte dei Rumori » (L’Art des bruits), Luigi Russolo (1885-1947), compositeur, pose les bases conceptuelles du bruitisme.
« Quand le bruit vous ennuie, écoutez-le. » – John Cage, compositeur, poète et plasticien, 1912-1992, USA)
La musique bruitiste se caractérise par l’assemblage de sons communément perçus comme désagréables et/ou douloureux, dans tous les cas, dérangeante. Elle prend à contre-pied les plus communes définitions de la musique, fondées sur sa dimension esthétique, pour s’intéresser à d’autres aspects de l’œuvre musicale : sa structure, son sens, son effet sur l’auditeur et les différentes caractéristiques du son.
Le Hardcore
Selon certains DJ’s, jouer une musique suggérant une écoute plus mentale que corporelle, effaçant ce que nous recherchons tous, un moyen d’expression artistique où l’on puisse s’épanouir sans que l’on nous colle l’étiquette de terroriste. Ou alors, si terrorisme il y a, ce ne serait que pour exprimer un dégoût latent d’une France qui s’appauvrit de sa culture en formatant les gens de manière à les laisser dans un état végétatif (afin de mieux les manipuler, qui sait !?) et leur proposer une culture de masse bien encadrée, bien définie, fade, sans message (même si dans certains cas la musique Techno n’engendre aucun message particulier, d’où le fameux « No Message » hurlé à tue-tête à tout bout de champ et pourtant…
« Le Hardcore désignerait un son encore plus pointu, bruyant, extrême ».
A ce titre, le Hardcore se voudrait être un style dur, s’éloignant peu à peu des musiques électroniques traditionnellement diffusées, souhaitant exprimer une rage sans discours revendicatif. Comment être pris au sérieux, comment être entendu, si le discours ne suit pas ?
Considérée comme une musique « underground », elle exprime la plupart du temps une certaine révolte urbaine.
« Le Hardcore prône la transgression des règles, la fascination du danger et de la vitesse, parfois même du morbide, agitant les idées les plus dérangeantes parce que souvent sans motif, sans référence, sans histoire. » - AN-JU
Le Hardcore semblerait être par conséquent, une réponse vindicative à la Techno dite commerciale, musique récupérée et agencée à toutes les sauces, musique populaire de masse, intégrée et acceptée par une génération de zombis lobotomisés par les concepts publicitaires stéréotypés, la télévision et la radio.
La musique Hardcore n’est pas diffusée par les médias habituels, ce qui en fait une musique marginale et pourtant intéressante par bien des points, si toutefois la curiosité des gens est activée par l’irrésistible envie de découvrir de nouvelles choses. Mais il paraît impossible de lui d’appliquer une « norme », bien qu’elle ne soit pas passée à côté des réseaux de diffusion commerciale, à ce style jugé trop agressif. Pour le coup, grâce à internet ainsi qu’aux web radios, cette impossibilité d’écoute est caduque et obsolète.
Le bruit désiré et sa représentation collective
La sémantique du mot « bruit » subit l’usage totalement subjectif qui peut être fait de sons et on entend les musiques contemporaines mettre à mal systématiquement toutes les définitions traditionnelles du bruit, en premier lieu celle du bruit comme un son puissant.
D’après le Oxford English Dictionnary, le bruit serait comme « tout son non désiré ». La musique Hardcore produirait en outre tout son rejeté par les autres musiques.
Le bruit est un donc un son non désiré dans la perspective d’une opposition classique du bruit au Beau. Dans cette tradition, le son musical est susceptible d’être Beau tandis qu’un son non périodique ne peut prétendre à cette qualité.
Le bruit étant une interprétation principalement subjective. C’est ainsi que certains musiciens affirment rechercher le bruit pour le bruit, c’est-à-dire, désigner ce qui est indésirable, voire insupportable.
Le concept de bruit ne peut que déboucher sur un problème d’ordre esthétique, car le bruit ne s’oppose au Beau que dans son acception traditionnelle. L’art est un terrain où le désir et son contraire s’affrontent dans le même temps. Le plaisir et la souffrance voient leurs oppositions voler en éclat dans le souci des artistes d’exprimer une réalité conforme aux contradictions intérieures. Parce que la violence, la saleté et la laideur sont transformées en valeurs par la capacité d’inversion de l’art.
Theodor W. Adorno (1903-1969), philosophe, sociologue, compositeur et musicologue allemand, représentant et théoricien de la Nouvelle Musique (neue Musik), courant de musique contemporaine d’avant-garde du 20ème siècle, fondée sur le principe de l’innovation radicale. Esthétiquement parlant, il introduit la notion interdisciplinaire d’industrie culturelle (Kulturindustrie), concept désignant l’ensemble des entreprises produisant selon des méthodes industrielles des biens dont l’essentiel de la valeur tient dans le contenu symbolique : musique et tourisme de masse, etc.
Adorno montre que le Beau n’a pas d’existence propre et est absurde lorsqu’il est coupé du Laid.
« On peut admettre que le Beau a pris naissance dans le Laid plutôt que l’inverse […]. La définition de l’esthétique comme théorie du Beau n’est pas opportune, car le caractère formel du concept de beauté passe à côté du contenu intégral de la sphère esthétique ».
Dans le sonore, le bruit incarne le Laid, tandis que le « son musical » incarne potentiellement le Beau. Mais le bruit symbolise également la part de négativité de l’œuvre musicale ainsi que celle du cœur de l’homme, passant par la sensation de chaos et d’irréductibilité.
Dès lors que l’on considère la négativité comme inexpugnable du cœur de l’homme, comment peut-on continuer à assimiler le Beau à la vérité tout en niant la part de laideur qui s’y trouve ? Le bruit a toujours fait partie de la sphère esthétique, au moins comme faire-valoir du son périodique.
Dans la Techno, le problème dépasse encore ce simple clivage artificiel entre Beauté et Laideur : le bruit est soudain entièrement le champ esthétique. Le bruit est désiré et constitue désormais une catégorie esthétique.
Tous les bruits n’ont pas la même valeur et le discours idéaliste, esthétisant est également présent dans cette musique qu’ailleurs.
Artiste à découvrir : Murmure
Ironie mise à part, aujourd’hui, les hautes sphères des réseaux sociaux connus de tous, nous donne la possibilité de découvrir de nombreux artistes, en dehors des circuits habituels de diffusion.
« Murmure, artiste originaire de Nantes, compose un Hardcore industriel teinté d'influences Trance & Gabber.Connu pour ses sorties sur le label Américano-hollandais "Industrial Movement" & B2K Records ainsi que pour ses lives dancefloor, il a pu jouer en live auprès de grands noms du Hardcore tels que Manu Le Malin, Radium, Miss Daisy aka Mandragore, Speedyq's, Hellfish, Lenny Dee, Speedy J (Techno), The Outside Agency, Rotator (Breakcore) ».
Petite appréciation personnelle : Murmure nous sert un Hardcore puissant et mélodique. C’est tout ce que je peux en dire pour l’instant en attendant de pouvoir écouter et danser sur un de ses lives !

Liens :
http://soundcloud.com/murmure/tracks?page=2#play
http://www.facebook.com/pages/Murmure/308832926201?v=wall
A SUIVRE...
Sources :
Bruyante Techno, réflexion sur le son de la free party, Emmanuel Grynszpan - 1999
Mise à jour par Phoebe le 2 Août 2020
Photos (Graffs) by Phoebe