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Réalisation, scénario, narration : Camille Mauduech

Genre : Documentaire

Production : les films du Marigot, MP Productions, les films du Dorlis

Distribution :Cinéma Public Films

Durée :1h48

Pays : France

Langues : français, créole

Sortie nationale : 22 avril 2009

Année de production : 2008

Site officiel : www.les16lefilm.com

 

SELECTIONS ET PRIX EN FESTIVALS :

 

·         Rencontres Cinéma Martinique 2008 è Prix Jean-Philippe Matime du meilleur documentaire

·         Festival du film d’Afrique et des îles Réunion 2008

·         Prix LUMINA 2008 – Martinique

·         Nomination aux Trophées des Arts Afro-caraïbéens Paris 2008

·         Mois du film documentaire Guadeloupe 2008

·         Songes d’une nuit DV Paris 2008

·         Festival de film créole des Seychelles 2008 è Prix spécial du jury

·         Festival International du Film de Guadeloupe 2009 (FEMI)

·         FESPACO 2009 – Burkina Faso www.fespaco.bf

 

SYNOPSIS :

 

En 1948, en Martinique, dans un climat de grève, dans une habitation sucrière, un gérant, blanc créole, est assassiné de trente-six coups de coutelas et retrouvé mort dans un champ de cannes de la plantation qu’il administre.

Après une chasse à l’homme de plusieurs semaines, seize coupeurs de cannes noirs sont arrêtés et maintenus en détention préventive pendant trois ans.

En 1951, leur procès, renvoyé à Bordeaux, ancien port négrier, avec l’assurance d’un verdict exemplaire et sans appel, deviendra le premier procès du colonialisme français aux Antilles, jugés devant « ses pères ».

 

NOTE D’INTENTION

 

Que se passe-t-il le 6 septembre 1948, sur un chemin isolé, à l’abri de presque tous les regards ?

Comment en est-on arrivé à un tel degré de violence ?

Comment la justice française traite-t-elle cette affaire et son instruction ?

Comment le lieu du procès, Bordeaux, va être déterminant dans la stratégie médiatique de soutien aux seize de Basse-Pointe ?

Pour quelles raisons le Parti Communiste soutient-il les seize et déploie-t-il tout un arsenal pour médiatiser le procès ?

Comment la presse et la situation internationale vont peser sur l’issue du procès ?

Pourquoi ce meurtre, un geste historique à part, et le procès qui en découle, une « victoire » contre le colonialisme, sont-ils passés sous silence ?

Les assassins étaient-ils sur le banc des accusés ?

Le film prend la forme d’une investigation au cœur de l’affaire des seize de Basse-Pointe, à la fois du drame et du procès qui en découlent. Camille Mauduech revisite « l’Histoire » et « l’histoire », tel un exemple historique mais également par le reflet de sa violence et ses secrets, qui en émanent soixante ans après.

A la manière d’une investigation, mais sans obligation de résultat, la réalisatrice se voit telle une glaneuse de souvenirs, voire comme un guide, sans cesse narratrice s’engageant dans les méandres d’une histoire à tiroirs. Sa voix, ses questionnements, ses interrogations, ainsi que ses suppositions, jalonnent la narration comme un liant, un ciment entre les pièces d’un puzzle.

 

Camille Mauduech tente ainsi de raconter l’histoire des seize de Basse-Pointe, histoire unissant la Martinique, Paris et Bordeaux, telle qu’elle s’inscrit dans l’inconscient collectif de l’île, parfois proche de l’histoire officielle, parfois plus officieuse et secrète, parfois déformée, avec ses contradictions, ses non-dits, ses « on dit ».

 

La dramaturgie s’inscrit d’elle-même dans l’histoire vraie. L’histoire singulière du meurtre de Guy de Fabrique et le procès qui en résulte, soutiennent le portrait d’un pays résolument français, qui s’est fondé sur le système de plantation, la division raciale, la suprématie coloniale, l’exploitation et la manipulation.

 

Source : Résumé des écrits de Camille Mauduech

 

REPERES CHRONOLOGIQUES

 

L’histoire de la Martinique est jalonnée de conflits entre patrons et ouvriers, entre nègres et békés. Toujours, les victimes des affrontements ont été du côté des ouvriers. Une seule fois, l’histoire s’est inversée : c’est l’affaire des seize de Basse-Pointe.

 

6 JANVIER 1934 : Assassinat d’André Aliker, journaliste communiste

Cf. le film « Aliker », réalisé par Guy Deslauriers, 1h50, sortie le 3 juin 2009.

 

Synopsis (studio-cinélive Juin 2009) :

Sus aux élus corrompus et aux ordures de colonialistes ! Dans son journal « Justice », qu’il imprime et rédige seul, le coco André Aliker dénonce les abus et les pratiques odieuses des puissants, quitte à déchaîner leur colère. Révéler au public des figures emblématiques méconnues, comme ce Martiniquais, personnalité assassinée en 1934, c’est bien le rôle du cinéma.[…]

 

ð  Avis du critique : biopic trop figé et aussi barbant qu’un manuel scolaire des années 50.

  

1946 : La loi dite « d’assimilation » est votée, la Martinique devient un département français.

ð  Loi n° 46-451 du 19 mars 1946 : loi de départementalisation du 19/03/1946 è création des départements d’Outre-Mer.

ð  Loi érigeant la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et la Réunion en départements, adoptée à l’unanimité par l’Assemblée Nationale (AN) constituante, est une reconnaissance de l’égalité entre « les vieilles colonies » et la métropole.

ð  Aimé Césaire (1913-2008, poète et homme politique français. Fondateur du mouvement littéraire de la négritude, anticolonialiste), rapporteur à l’AN, souligne que la loi de départementalisation, au-delà de l’assimilation, est d’abord une loi sociale, d’égalisation des droits sociaux.

 

1947 : Les députés communistes sont exclus du gouvernement.

 

23 AOUT 1947 : Pierre Trouillé (1er préfet de la Martinique), prend ses fonctions, nommé par le gouvernement socialiste, sous la tutelle du ministre de l’intérieur, Jules Moch, qui vient d’orchestrer la répression des grèves de 1947.

  

4 MARS 1948 : Trois ouvriers en grève sont tués, encerclés sans sommation par les forces de l’ordre, sur l’habitation Lajus au Carbet.

 

6 SEPTEMBRE 1948 : Guy de Fabrique, administrateur blanc créole de l’Habitation Leyritz, fait face, armé et escorté de trois gendarmes, à un groupe d’une soixantaine de grévistes. Il est assassiné de 36 coups de coutelas dans un champ de cannes de la plantation du Leyritz.

 

9 AOUT 1951 : Après trois ans de détention préventive, seize ouvriers agricoles sont assis sur le banc des accusés à Bordeaux et risquent la peine de mort. Onze avocats, la plupart communistes et nommés par le Secours Populaire, vont dresser le premier procès du colonialisme français aux Antilles.

 

DECEMBRE 1959 : Suite à un incident de circulation, entre un Noir et un Blanc, les CRS interviennent violemment sur les badauds. Trois jours d’émeutes à Fort-de-France font trois morts parmi les manifestants.

 

MARS 1961 : Grève générale des ouvriers agricoles. Rassemblement au Lamentin. Les forces de gendarmerie vont ouvrir le feu sur les manifestants. Trois morts. George Gratiant prononcera le discours « sur trois tombes » qui provoqua la colère du ministre des armées, Pierre Mesmer.

 

FEVRIER 1974 : Après une grève des ouvriers du nord de l’île, les gendarmes tirent pour disperser les ouvriers à Chalvet. Un mort. 48 heures après, le corps d’un ouvrier de 19 ans est retrouvé à quelques mètres du lieu de l’affrontement, frappé à mort.

 

CITATIONS :

 

« Nous mesurons (…) tout le poids du mépris des meurtriers en uniformes et nous savons aujourd’hui encore mieux qu’hier le peu de poids que pèse dans la balance de l’Etat français les vies humaines, lorsque ces vies-là sont celles des nègres de chez nous… Qui veut du pain aura du plomb, au nom de la loi, au nom de la force, au nom de la France, au nom de la force de la loi qui vient de France. »

 

Source : « Sur trois tombes » - 1961 – Georges Gratiant (1907-1992, avocat et homme politique français, né à la Martinique, Maire de la commune du Lamentin de 1959 à 1989 et Président du Conseil Général de 1946 à 1947).

 

« Colonisation : tête de pont dans une civilisation de la barbarie d’où, à n’importe quel moment, peut déboucher la négation pure et simple de la civilisation. »

 

Source : Aimé Césaire, Discours sur le Colonialisme, 1950

 

Voir également l’article écrit par Jacques Mandelbaum, « LES 16 DE BASSE-POINTE : Les trente-six coups de couteau qui ont embrasé l’île de la Martinique ».

 

Source : Le Monde, 22 avril 2009.

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