The Butterfly Effect
06 juin 2011
Réalisation & Scénario : Eric Bress & J. Mackye Gruber
Titre original : The Butterfly Effect
Genre : Drame fantastique/ Science-Fiction
Pays : USA
Année : 2004
Synopsis : Evan Treborn possède la faculté de retourner dans le passé. Fasciné par ce don, il l’utilise pour sauver les vies brisées de ses amis d’enfance, mais le moindre détail modifié, a des répercussions indésirables sur son futur. Evan découvre que ce pouvoir est aussi puissant qu’incontrôlable, car la moindre petite chose qu’il « corrige », change la donne à chaque fois…
Originalité du film
Loin d’être un « teen-movie » traditionnel, The Butterfly Effect est un film a mi-chemin entre l’anticipation, le fantastique et la science-fiction. Il a reçu le prix du public au Festival International du Film Fantastique de Bruxelles en 2004. Le scénario se base sur la théorie du chaos, exploite judicieusement les nombreuses facettes de la temporalité narrative et joue à merveille avec le langage cinématographique. Les thèmes abordés sont multiples et mériteraient que l’on s’y attarde plus profondément : déterminisme, mémoire humaine, fonctionnement du refoulement comme défense du psychisme humain, caractère héréditaire, voyage dans le temps, etc.
D’autres films ont également utilisé l’effet papillon comme élément principal de l’intrigue narrative : Les dieux sont tombés sur la tête (1980), Retour vers le futur (1985), Le battement d’ailes du papillon, El Efecto mariposa (Fernando Colomo, 1995)etc.
Tout le film repose sur l’originalité du récit qui est répétitif et non-linéaire et se compose d’un savant mélange de flashbacks, flashforwards, d’ellipses temporelles ainsi que d’analepses et de prolepses.
Le film se compose de deux parties : la première période correspond à l’enfance et à l’adolescence d’Evan, constituée de trous de mémoire exprimés par les nombreuses ellipses et flashforward. La seconde partie correspond à la période de jeune adulte où Evan retrouve ses anciens journaux intimes qui lui permettent de combler ces mêmes trous de mémoire et qui sont exprimés par les nombreux flashbacks et la répétitivité du récit. Le voyage dans le temps du personnage est vu comme une chose abstraite, dans le sens où son esprit de jeune adulte se matérialise dans « ses corps appartenant au passé ». On peut également considérer une troisième partie sous-jacente : Evan, le personnage principal perd le contrôle de son don qui le rend de plus en plus malade et hystérique.
« Etudier et repérer les figures de style, c’est prendre conscience des procédés expressifs propres au film, c’est communiquer ce langage, c’est re-connaître et intégrer ce code vers une application sans doute plus juste des intentions du film ».
Le récit répétitif
Il raconte l’événement plusieurs fois dans l’histoire. Sa fonction consiste, d’une part, à la répétition des actions contribuant à rappeler que le spectateur regarde bien le même film et suit bien la même histoire et, d’autre part, par le biais d’une narration non-linéaire, constitue une histoire attractive et spectaculaire venant ainsi briser la singularité du film.
Le flash-back
Dans une narration cinématographique, un flashback, littéralement retour en arrière, est un procédé d’inversion, qui dans la continuité narrative, fait intervenir une scène qui s’est déroulée préalablement à l’action en cours.
« Le flash-back ne se contente pas de déjouer la chronologie du récit, il « ordonne » la narration : il est la raison de l’histoire qui ne se produit que sous cette forme et, est par conséquent lié aux motivations narratives ».
Le flash-forward
Dans le langage cinématographique, le flashforward (saut en avant ou avance rapide) intervient lorsque le lecteur ou le spectateur est informé d’éléments futurs au temps principal du récit, figure que l’on peut opposer au flashback. Il s’agit en fait de procéder à des inversions, sortes d’anachronismes temporels.
L’analepse
Terme composé du préfixe grec « ana » signifiant « après ». Ici, le récit raconte l’événement après qu’il ne soit sensé s’être produit dans l’histoire. Ainsi, le récit ne suit pas l‘ordre chronologique des événements. C’est ce que l’on appelle une notion de rétrospection, plus communément nommée, flashback.
La prolepse
C’est l’inverse de l’analepse : le récit à un temps d’avance sur l’histoire (séquence 1 qui sert également d’introduction et d’accroche). C’est ce que l’on appelle une notion d’anticipation, nommé flashforward.
L’ellipse temporelle
Elle apparaît dès lors que le temps diégétique est supérieur au temps écranique (temps de la projection). L’ellipse correspond a un silence narratif total à propos de certains éléments de la diégèse.
La fonction dramatique de l’ellipse temporelle démontre qu’il est efficace de ne pas dévoiler certains éléments de la narration.
Le manque d’informations narratives suscite et éveille l’attention ainsi que la curiosité du spectateur. Dans The Butterfly Effect, l’ellipse sert de diversion en créant « un espace vide » momentané renvoyant directement aux multiples pertes de mémoires du personnage principal. Ce n’est que lors des apparitions des flashbacks, que le spectateur pourra combler ce manque narratif et pourra compléter l’histoire en faisant appel à son esprit de déduction.
L’ellipse temporelle est une figure narrative correspondant à un silence textuel qui sont pourtant sensés avoir eu lieu.
Le rôle fondamental de l’ellipse vise à un effet dramatique s’accompagnant généralement d’une signification symbolique. Dans la fonction dramatique, le récit est construit de façon à dissimuler un instant décisif de l’action au spectateur afin de créer un effet de suspense.
Appelée ellipse de structure, elle peut être objectives, subjectives ou symboliques : soit on dissimule des informations au spectateur, soit le point d’écoute du personnage qui nous est donné justifie l’ellipse, soit la dissimulation d’éléments de l’action revêt une signification plus large et plus profonde. Concernant la signification symbolique, les ellipses expressives deviennent des ellipses de contenu surtout utilisées pour des raisons de censure sociale ou d’esthétique filmique.
Il existe trois sortes d’ellipses narratives : banale, significative et virtuelle. L’ellipse banale se réfère à la coupure du temps mort (montage). La significative se réfère à la valeur diégétique de la coupure et la virtuelle se base sur la rapidité et joue sur l’anticipation du spectateur pour lui imposer une image synthétique.
Il existe deux sortes d’ellipses théoriques : l’ellipse d’absence et l’ellipse du manque. La différence et subtile. L’ellipse d’absence est un moyen par lequel on signale l’absence de quelque chose ou de quelqu’un en montrant qu’il pourrait être vu ou entendu mais ne l’est pas. L’absence est ici paradoxalement présente. L’ellipse du manque est une forme d’absence est qualifiée de radicale car la manque n’est pas synonyme d’absence parce qu’il implique plus la privation, le défaut, la lacune, la faille, une insuffisance à combler.
Découpage technique du film
Le découpage technique du film est délibérément arbitraire et il reste très fastidieux, ayant souhaité me focaliser sur les séquences exploitants les différentes formes stylistiques cinématographiques utilisées. Ici, le but est de repérer le temps zéro de l’histoire, car le récit est non-linéaire et est truffé d’ellipses temporelles, de flashbacks ainsi que de flashforwards.
Le film débute sur un carton énonçant la théorie du chaos.
Séquence 1 : On découvre le personnage d’Evan Treborn âgé d’une vingtaine d’années écrivant avec empressement sur un carnet de notes. Cette séquence est un flashforward, c’est-à-dire, que l’on nous montre une scène qui n’est pas sensée s’être encore déroulée.
Générique du film
Première partie : élément narratifs
Séquence 2 : La séquence entière est un flashback, l’action se situe treize ans auparavant. Les éléments narratifs les plus importants sont le dessin d’Evan et la scène où il se tient debout dans la cuisine, un couteau à la main. Cette petite scène constitue un flasforward : quelques éléments du futur nous sont livrés. Première perte de mémoire exprimée par une ellipse temporelle du manque. Par ailleurs, l’institutrice d’Evan convoque sa mère afin de lui montrer le dessin inquiétant qu’il a fait. Ce dessin constitue un simple détail non moins important concernant la suite de la narration.
Séquence 3 : Continuité narrative dans le flashback. Evan est chez Kelly et son frère Tommy dont le père de ces derniers en a la garde. On découvre les penchants pédophiles du père. Deuxième perte de mémoire exprimée par une ellipse d’absence symbolique (censure sociale).
Séquence 4 : Flashback. Evan va rencontrer son père qui est interné dans un centre hospitalier spécialisé. Au cours de la visite, Evan a un trou de mémoire : ellipse temporelle du manque, son père essaye de l’étrangler (flashforward). Mort et enterrement du père d’Evan.
Séquence 5 : Ellipse temporelle, l’action se déroule six ans plus tard. Evan, Kelly, Tommy et leur ami Lenny trouvent un bâton de dynamique qu’ils cachent dans la boîte aux lettres d’un de leur voisin. La conséquence de leur acte est masquée par une ellipse temporelle d’absence et du manque. Mais le spectateur se doute bien de la conséquence, expliquée partiellement durant la séquence suivante. Evan a un trou de mémoire, il ne se souvient pas de se qu’il s’est passé après que Lenny ait mis le bâton de dynamite dans la boîte aux lettres et ses amis refusent de lui en parler.
Séquence 6 : Kelly et Evan rendent visite à leur ami Lenny, ce dernier est quelque peu troublé par les événements. Au cours d’une promenade, les trois adolescents rencontrent Tommy qui s’acharne sur le chien d’Evan. Ellipse d’absence, Evan et Kelly ont été assommés par Tommy ; Lenny est resté prostré dans un coin (il n’a pas pu délivrer le chien), tandis que Tommy a tué le chien d’Evan qui n’a aucun souvenir de la scène. Il manque donc des éléments narratifs, tant pour le personnage que pour le spectateur qui sont placés au même niveau de lecture, ce qui accentue l’identification.
Séquence 7 : Evan et sa mère déménagent. Le jeune garçon promet à son amie Kelly de revenir la voir dès qu’il le pourra.
En première partie, certaines séquences comportent une multitude d’ellipses temporelles et de flashforwards (que l’on ne peut comprendre qu’en deuxième partie), que l’on peut considérer comme des indices semés et distillés au compte-goutte au gré de la narration. Ce procédé retient l’attention du spectateur qui devient pour le coup investigateur de l’histoire s’il possède le recul nécessaire ou s’il n’est point dans un processus de projection.
Les scénaristes ont réussi un véritable tour de force d’écriture scénaristique en nous rappelant que le cinéma est avant tout une question de langage.
Deuxième partie : découverte du voyage dans le temps
Séquence 8 : Ellipse temporelle banale, la séquence se déroule sept ans plus tard. Evan est devenu un brillant étudiant à l’université et cela fait sept ans qu’il n’a pas eu de perte de mémoire. Au cours d’une soirée, Evan rencontre une jeune fille qu’il invite.
Séquence 9 : La jeune fille constitue ce qu’on appelle l’élément déclencheur car c’est elle qui retrouve les anciens journaux intimes qu’Evan tenait quand il était plus jeune. Quand elle lui demande de lui en lire quelques passages, Evan semble troublé car il s’aperçoit que les lignes écrites « s’animent ». Flashback sur séquence 6 exprimant métaphore à peine masquée de la mémoire ravivée.
Séquence 10 : A la suite de l’incident, Evan rend visite à son ami d’enfance, Lenny qu’il retrouve complètement traumatisé par l’épisode de la mort du chien. Evan essaie d’en savoir plus sur les événements du passé, mais en vain, cela ne contribue qu’à perturber encore plus Lenny.
Séquence 11 : Evan se met à relire tous ses journaux intimes qu’il avait écrit durant son enfance notamment le passage du bâton de dynamite dans la boîte aux lettres du voisin. Flashback sur séquence 5 : projeté dans son passé, Evan « revit » les événements qu’il avait oubliés (exprimés par l’ellipse temporelle d’absence de la séquence 5). L’esprit d’Evan à 20 ans se retrouve dans le corps d’Evan alors âgé de 13 ans à l’époque. C’est alors que le spectateur ainsi que le personnage principal découvre les éléments cachés : la boîte aux lettres explose entrainant la mort de la voisine et de son bébé. Effrayés, les enfants s’échappent sauf Lenny qui reste tétanisé devant l’effet qu’a produit l’explosion. Puis, retour dans le présent d’Evan : la cicatrice provoquée par la brûlure de cigarette se présente comme une preuve irréfutable de son voyage dans le passé.
Séquence 12 : Evan souhaite avoir des informations sur les raisons de l’internement de son père. On apprend que son père (Jason) était un élève studieux mais qu’il était atteint lui aussi de pertes de mémoire. Evan se demande si son père avait trouvé un quelconque moyen pour se remémorer les événements qu’il avait soi-disant refoulés. Mais l’état mental de Jason allant de mal en pis, il dû être interné.
Séquence 13 : Evan rend visite à Kelly, devenue serveuse dans un fast-food miteux. En voulant en apprendre plus sur son passé, Evan pose des questions à Kelly qui ravive les vieilles blessures passé jusque là refoulées. Ce qui entraine le suicide de cette dernière et la colère de son frère Tommy.
Séquence 14 : Evan évoque l’apparition de la cicatrice au cours de son premier voyage temporel effectué durant la séquence 11, ce qui l’intrigue beaucoup. Puis, il se met à relire un passage de son journal intime qu’il avait écrit alors qu’il était âgé de sept ans. Cette séquence constitue donc un complément informatif vis-à-vis de la séquence 3.
Cette séquence reste très importante d’un point de vue narratif car elle permet de comprendre et de mettre en lumière les éléments cachés de la narration et de mettre en place le récit répétitif. Ainsi, l’espace représenté joue avec l’esprit troublé du personnage. En effet, par le biais du montage et des ellipses temporelles, les scénaristes ont réussi à jouer avec les rapports spatiaux du récit. Dans ce cas précis, nous avons affaire à une disjonction distale exprimant l’expression « là-bas ». Dans le langage cinématographique, la disjonction distale constitue une altérité spatiale qui articule deux espaces lointains. Cela représente tout ce qui est rejeté dans un ailleurs irréductible à l’espace représenté dans le plan précédent afin de donner une impression de continuité, on utilise le raccord mouvement, le raccord regard ou le raccord de direction. Il est également possible d’utiliser la bande son par le biais d’un indice sonore permettant de lier le plan 1 au plan 2.
Dans cette séquence l’altérité spatiale s’exprime à travers la déformation de l’image qui est en fait la déformation de la vision du personnage principal (le décor se transforme sous ses yeux). Puis Evan se retrouve dans le passé, son esprit a investi son corps lorsqu’il avait sept ans, exprimé grâce au flashback, retour à la séquence 3. Ce qui lui permet de se remémorer, d’une part, les éléments du passé qu’il avait inconsciemment occultés (perte de mémoire, ellipse temporelle du manque exprimant la pédophilie du père de Kelly et de Tommy), et, d’autre part d’influer sur les événements de ce même passé.
Par le biais du dialogue, le spectateur se rend compte que le personnage principal peut changer son passé. La distorsion de la voix d’Evan permet de comprendre que son esprit du futur a investi son corps du passé. Ce qui permet d’en déduire que ce ne sont pas les propos initiaux qu’il avait tenu dans « l’autre passé ».
Séquence 15 : Evan se réveille dans un autre présent qu’il découvre au fur et à mesure qu’il évolue et va devoir s’adapter au fur et à mesure.
Séquence 16 : La succession d’images accélérées retranscrit les changements qui se sont effectués dans le passé et témoigne de l’effet papillon. C’est à ce moment précis que le spectateur possède un léger temps d’avance sur le personnage. La réalité présente d’Evan a été modifiée grâce aux changements apportés par ce dernier dans le passé.
Troisième partie : Evan prend conscience de son don mais ne parvient pas à le maîtriser
La troisième partie du film est constituée d’un récit répétitif (plusieurs histoires différentes dans le même récit), agrémentée d’une succession de flashbacks qui viennent compléter les éléments narratifs manquants de la première partie.
Evan s’aperçoit qu’il peut donc changer son passé mais il ne peut contrôler tous les éléments modifiés, de sorte que le présent n’est jamais « parfait ». En effet, quelques problèmes subsistent. Le personnage va donc s’évertuer à revenir dans le passé pour le modifier afin de sauver les personnes de son entourage de leur destiné. Hélas il n’existe pas de situation idéale dans le meilleur des mondes possible. Il se retrouvera en prison pour avoir tué Tommy, le frère de Kelly. Supportant très mal l’univers carcéral, il se servira de son don pour s’en sortir, usant de ruse et de malice, mais à chaque fois qu’un élément sera « rectifié » dans le passé, un autre problème surgira dans son présent, de telle sorte que certaines de ses actions prendront une tournure prophétique.
Au cours des séquences suivantes, le don d’Evan est expliqué d’une façon scientifique, ce qui élimine tout discours d’ordre religieux ou divin. S’acharnant contre la fatalité du destin, Evan recherche la solution pour parfaire ses rectifications temporelles auprès de son père qui lui déconseille de jouer « à Dieu ». Evan n’a que faire de ces conseils et défie son père (qui possédait les mêmes pouvoirs que lui).
Les nombreux voyages d’Evan à travers le passé le rendent finalement obsessionnel dans sa quête de la situation parfaite. Et il finit par comprendre, que quoi qu’il en soit, il ne pourra jamais contrôler tous les paramètres constituants les différentes situations qui font partie de sa vie passée ainsi que celle de ses amis.
Ainsi la boucle est bouclée quand la narration revient à la situation initiale de la séquence 1 de la première partie. On s’aperçoit alors que les séquences précédentes ne sont alors qu’une succession de flashbacks, judicieusement agrémentée d’ellipses temporelles et que la séquence 1 qui sert d’introduction est en fait un flashforward.
L’effet papillon : Théorie du chaos et déterminisme
L’effet papillon est une expression qui résume une métaphore concernant le phénomène fondamental de sensibilité aux conditions initiales en théorie du chaos. Le phénomène de sensibilité aux conditions initiales est un phénomène découvert, entre autres, par Henri Poincaré (1854-1912, mathématicien, physicien et philosophe français), à la fin du 19ème siècle, appelé ‘flot géodésique » sur une surface à courbure négative. Cette sensibilité explique le fait que, pour une système chaotique, une modification infime dans conditions initiales peut entrainer des résultats imprévisibles sur le long terme. En réalité, la situation utilisée par la métaphore est sans doute mal choisie. Des travaux récents ont montré que « l’effet papillon » n’était pas applicable car un effet minime peut se retrouver noyé ou oublié sans pour autant qu’il provoque une incidence pour la totalité (cf. travaux sur les problèmes de prévisions météorologiques d’Edward Lorenz ainsi que La Pensée de Blaise Pascal).
Définition heuristique d’un système chaotique
Un système dynamique est dit chaotique s’il présente simultanément un phénomène de sensibilité aux conditions initiales (que l’on retrouve dans le film à travers des figures de styles telles que le flashback et les ellipses temporelles) ainsi qu’une forte récurrence (récits répétitifs dans le film). La présence de ces deux propriétés entraine un comportement désordonné qualifié à juste titre de chaotique (retranscrit par le personnage d’Evan à 20 ans).
Stabilité du système solaire (problème à N corps)
Le point de départ de la théorie du chaos repose sur un problème à trois corps qui consiste à étudier le mouvement de trois corps en interaction gravitationnelle telle que le système Terre-Soleil-Lune. Le but étant de déterminer la stabilité du système solaire sur le long terme (ou d’observer une éventuelle collision d’un des trois corps ou l’éjection de l’un d’entre eux vers l’infini de l’univers). A la base, ce problème a été élaboré dans le but d’étudier et d’évaluer le mouvement lunaire.
Laplace et le déterminisme
Pierre-Simon de Laplace (1749-1827) est un mathématicien, astronome et physicien français qui a obtenu un franc succès pour ses travaux concernant la mécanique céleste (description du mouvement des étoiles et des planètes). En 1814, il écrivit sur la théorie du chaos dans son « Essai philosophique sur les probabilités ».
« Nous devons donc envisager l’état présent de l’univers come l’effet (la conséquence) de son état antérieur et comme la cause de celui qui va suivre. Une intelligence qui pour un instant donné connaîtrait toutes les forces dont la nature est animée et la situation respective des êtres qui la compose, si d’ailleurs elle était assez vaste pour soumettre ses données de l’analyse, embrasserait dans la même formule les mouvements des plus grands corps de l’univers et ceux du plus léger atome : rien ne serait incertain pour elle ».
Le déterminisme est la théorie selon laquelle la succession des événements et des phénomènes est due au principe de causalité, lien qui peut parfois se décrire par une loi physico-mathématique qui fonde le caractère prédicatif de ces derniers.
Le déterminisme n’est pas à confondre avec le fatalisme et le nécessitarisme, il relève en premier lieu de la science. L’idée du déterminisme universel fut édictée pour la première fois par le baron d’Holbach (1723-1789), savant, philosophe matérialiste d’origine allemande et d’expression française.