Welcome to Helsinki
08 mars 2012
« La Finlande est un os de seiche, une grosse pierre concave dans le ventre sableux de laquelle les arbres poussent vite comme des moisissures sous la lumière interminable du Nord. Rongée par les glaces et émiettée en milliers de petites îles, c’est l’aspect qu’elle donne sur une carte de géographie, près de la pulpeuse Russie et de l’osseuse et robuste Scandinavie. La Finlande est un reste de quelque chose : une fois enlevés les Slaves, les Scandinaves, les orthodoxes, les catholiques, le sel et la mer, les bouleaux des forêts, une fois grattées quelques centaines de milliers de tonne de granit, ce qui reste, c’est ça, la Finlande ». Diego Marani, « Nouvelle grammaire finnoise »
L’image de cet auteur nous fait aisément imaginer sa propre vision d’un pays que je viens de découvrir récemment. « Rongée par les glaces et émiettée en milliers de petites îles » est une des caractéristiques du pays des glaces, où l’omniprésence de la neige en hiver, nous cache en définitive l’omniprésence de la mer et de l’océan.
La Finlande est un pays nordique ne faisant pas partie de ce que l’on appelle la Scandinavie, généralement composée de la Suède, de la Norvège, du Danemark, de l’Islande et des îles Féoré. Peuplée autrefois par les Sames, tribus autochtones de nomades éleveurs de rennes, regroupés aujourd’hui en Laponie, la Finlande fut, tout d’abord, envahie par les Vikings au 9ème siècle, puis à partir du 12ème siècle, les Suédois se heurtent aux Russes. En 1581, La Finlande devient Grand-Duché du royaume de Suède. En 1807, Alexandre 1er de Russie lance une offensive militaire et annexe la Finlande à sa couronne. Le pays fut rattaché à la Russie jusqu’en 1917, date le l’indépendance de la Finlande et entra dans l’Union Européenne en 1995.
D’une superficie de 338 145 km² et d’une démographie s’élevant à un peu plus de 5,4 millions d’habitants, la République de Finlande (Suomen tasavalta en Finnois, Republiken Finland en Suédois) est l’un des premiers pays européens à avoir accordé le droit de vote aux femmes ainsi que leur éligibilité au sein du gouvernement.
On nous parle souvent de l’Union Européenne mais ce concept ne devient réaliste et palpable, seulement lorsque l’on décide d’entreprendre un voyage pour en faire le tour. Après mes deux derniers séjours en Irlande, je décidais de visiter la capitale finlandaise, Helsinki.
Entre partir à la découverte de la Laponie, milieu sauvage et naturel par excellence, à traineau de chiens, ou traverser la principale ville de long en large, mon choix se porta sur la découverte de la capitale finlandaise, tout en sachant que je ne manquerais pas une autre occasion d’aller à la découverte de la ville du Père Noël qui serait, selon les Finlandais, Rovaniemi (capitale de la Laponie, située au Nord du pays, à 10 km du cercle polaire), car il est un fait avéré, les Nordiques se disputent la résidence du célèbre barbu qui offre des cadeaux aux petits enfants qui sont été sages !
La Finlande bénéficie d’un climat subarctique en Laponie, au Nord, région proche du cercle polaire, méridional et nordique dans la majeure partie du pays. Le climat est rude en hiver, les températures peuvent atteindre les - 25°C au nord du pays et sont douces en été (20°C en moyenne).
Les langues officielles sont le Finnois (Suomi) et le Suédois, bien que l’on trouve, certainement dû au fait de l’activité touristique, de nombreuses inscriptions en Russe.
En Finnois, Finlande se dit « Suomi » et les habitants, les Finlandais, « Suomalainen ».
Le Finnois est une langue agglutinante appartenant à la famille linguiste finno-ougrienne, tel que l’Estonien, le Same (Laponie), le Hongrois et le Basque. Le Finnois apparaît tout d’abord être une langue incompréhensible pour tout néophyte qui se respecte mais avec un peu d’entraînement, en tendant attentivement l’oreille et en usant d’un esprit logique, il est assez facile d’en comprendre les bases. Ainsi, des mots tels que « avoinna » qui signifie « ouvert » ou « ravintola » qui signifie « restaurant » sont devenus des mots courants durant mon séjour.
Néanmoins, si vous ne parlez ni le finnois ni le suédois, les Finlandais sont anglophones et semblent être un peuple peu stressé et avenant. En effet, s’il vous arrive de vous perdre dans les nombreuses rues helsinkiennes, il vous sera facile de demander votre chemin si vous parlez anglais, les Finlandais ne refusent généralement pas de vous aider.
Arrivée dans la capitale finlandaise en début de soirée, à la recherche de mon hôtel, je découvris une ville enneigée, dont le centre ville (keskusta ou centrum) m’apparut très riche et très urbanisé, avec une architecture dont les influences russes ont dans un premier temps retenu mon attention.
L’exotisme ne connote pas forcément les îles paradisiaques de la mer des Caraïbes et j’avoue avoir été complètement dépaysée par la vue d’une ville sous la neige entourée d’eau qu’on ne voyait pratiquement pas !
Bien souvent, ce sont les petits détails simples qui retiennent notre attention et pour ma part, j’ai été à la fois impressionnée presque excitée par l’omniprésence de la mer. Mer gelée et paysages couverts par la neige, semblent nous envelopper de leur manteau blanc et la nature en hibernation nous rappelle qu’elle est bel et bien présente, vivante, mais endormie. Et cette mer que l’on devine grâce à la multitude de bateaux à quai, pris dans la glace et se présentant comme étant en hivernation, attendant patiemment la belle saison. Et puis, les nombreux petits ponts que l’on peut traverser tout en se doutant qu’au-dessous, l’eau coule à flot sous une épaisse couche de glace !
Helsinki keskusta : le centre ville d’Helsinki
Helsinki en suomi, Helsingfors en suédois, est une ville qui fut fondée par Gustave Vasa, roi de Suède. Située dans la région d’Uusimaa (au sud du pays), la ville se caractérise par la forte présence de l’eau, qui couvre 70% du territoire. Très peu marquée par le relief, elle s’étend sur une presqu’île entourée de nombreuses petites îles telles que Mustikkamaa (à l’est), Suomenlinna (au sud-est), Lauttasaari et Lehtisaari (à l’ouest)…
Les habitants (584 420 hbts intra-muros) s’appellent les Helsinkiens et les Helsinkiennes, « Helsinliläiset » en finnois. Bien qu’aux premiers abords cela ne se remarque pas, Helsinki reste une capitale résolument cosmopolite où un peu plus de cent trente nationalités se côtoient au quotidien. En argot, on appelle Helsinki, « Stadi » (stad signifiant ville en suédois) ou « Hesa » en finnois.
Découvrant la gare centrale Rautatieasema, située place Rautatientori, je me dirigeai vers la presqu’île venteuse de Katajanokka, littéralement « Presqu’île du Genévrier ». Cette dernière est considérée comme le laboratoire de l’Art nouveau. Décidant de découvrir quelques rues adjacentes sous un ciel nocturne, je longeais la grande avenue faisant face à Pohjoissatama, Pohjoisranta, à la recherche d’un restaurant servant des spécialités finlandaises, subjuguée par l’étendue de mer gelée et par le froid qui me mordait de temps à autre le visage.
Finalement, je dénichais par surprise un restaurant allemand où je dégustais un délicieux morceau de viande de porc, accompagné d’une onctueuse sauce à bière et à la pomme, le tout servi avec une bière blonde légère et douce. Après avoir fait quelques photos dans le petit parc Tervasaari, je décidais, tout en longeant Tervasaarenkannas, de rentrer à l’hôtel où le lendemain m’attendait une séance de sauna qui me promettait détente et sérénité.
D’est en Ouest : à la recherche des disquaires finlandais
Voyager à l’étranger constitue pour moi l’opportunité de m’établir une liste de disquaires à fréquenter, ma passion de DJ me poussant parfois hors des frontières, je ne manque jamais l’occasion de me mettre en quête de la perle rare d’ordre vinylique.
Quittant la presqu’île Katajanokka dès le matin, je me dirigeai vers le quartier de Kaartinkaupunki, décidai de longer Laivasillankatu (« katu » signifie rue) et sillonnai des petites rues jusqu’à tomber sur un premier disquaire très éclectique, rue Laivurinrinne, dans le quartier Punavuori. Mais c’est chez un disquaire d’Iso Roobertinkatu que je trouvais une partie de mon bonheur.
Prenant des photos au gré de mes envies, je pris le tramway pour rejoindre la place du marché central Kauppatori, à l’angle de Pohjoisesplanadi et Katajanokanlaituri. Après un bref regard sur les différents étalages du marché, je m’arrêtais pour déguster une excellente friture de poissons petits frais accompagné de pommes de terre sautées.
Du Nord au Sud : découverte de la ville
Tout en remontant l’avenue Pohjoisranta, je longeais la rive pour découvrir quelques personnes pratiquant la pêche blanche. Suivant mon instinct, je lâchais mon plan pour suivre Pitkänsillanranta pour découvrir le lac gelé de Kaisaniemenlahti. Remarquant un homme traversant le lac à pied et avec assurance, je décidais de le suivre. C’était la première fois que je traversais un point d’eau gelée et j’avoue avec été empreinte d’une certaine appréhension : « marcher sur l’eau n’est pas chose courante ! ».
Avec empressement, je rejoignis Kaisaniemenranta et longeais le chemin de la voie ferrée avant de découvrir la deuxième partie du lac (Eläintarhanlahti), proche du quartier de Kallio, où je découvris un groupe de canards sauvages prenant un bain de soleil.
Les îles Lauttasaari et Lehtisaari : la nature dans la ville
En consultant mon plan, je remarquais deux petites îles situées à l’ouest d’Helsinki : Lauttasaari et Lehtisaari, deux petites îles que l’on atteindre à pied.
Je décidais de les visiter tout en continuant à découvrir une ville portuaire et fortement industrialisée. Suivant la rive que l’on pouvait soupçonner, je traversais les différents quartiers d’Ullanlinna, de Länsisatama et de Ruoholahti pour atteindre la rue principale de la deuxième île, Lauttasaarentie.
A gré de ma promenade, je découvris une île cité-dortoir ornée de bâtiments modernes, puis, c’est en progressant lentement que je découvris une magnifique aire de balade, silencieuse, calme, apaisante et enneigée…
Après avoir pris quelques clichés, je repris ma route vers Lehtisaari qui s’avérait être une île beaucoup plus petite que la précédente, sans attrait particulier. Après avoir suivi la direction du nord, je retrouvais la rue Kuuisaarentie menant au Musée Urho Kekkonen de Tamminiemi pour redescendre vers le sud. Cette journée fut excellente car cela faisait bien longtemps que je n’avais pas fait une aussi longue promenade (environ 30 km à pied), promenade longue et endurante car il n’est pas aussi aisé de marcher sur la neige ; c’est un peu comme si on marchait sur du sable.
Shopping sous la neige
Après avoir pris mes points de repères, je décidais de faire du shopping le dernier jour. Mais je n’avais pas prévu la fabuleuse tempête de neige qui s’acharnait sur la ville ce jour là ! Un vrai périple pour qui n’est pas habitué à se balader sous des conditions climatiques redoutables ! Dans ces cas, les magasins restent des sources de chaleur non négligeables.
Je me dirigeai en toute hâte chez un disquaire situé dans le quartier Sörnäinen où je dénichais un vinyle des Sugarcubes à un prix imbattable !
Pour le reste, je me pressais au marché couvert de la place Kauppatori, afin d’acheter des spécialités finlandaises : petits gâteaux et friandises en tout genre, saumon fumé et mariné, et de la viande renne.
Après avoir rejoint l'aéroport Vantaan Lentoasema, je dénichais l'idôle nationale des enfants finlandais : Muumi (plus connu en français sous le nom de Moumine), petit troll dont l'aspect se situe entre une vache et une hippopotame, créature créée par la finlandaise suédophone Tova Jansson...
Helsinki reste une ville nordique et mystérieuse où il possible d’avoir une qualité de vie assez confortable mais qui reste onéreuse et le climat reste assez difficile à supporter, du moins en hiver, ce qui vaudrait le coup de la visiter en été !
Et c'est à 12 192 mètres d'altitude que je pus observer un phénomène assez étonnant : le jour apparaissait sous mes yeux tandis que la nuit faisait son bonhomme de chemin dans mon dos !
Voir également album photos : http://unefenetresurlemonde.over-blog.com/album-2030750.html