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Lieu : Saint-Brice (95), Ile-de-France, France

Date : Du 6 au 12 Août 2011

 

 

INTRODUCTION

 

Ayant déjà énormément écrit sur la Voie du guerrier ainsi que sur celle du sabre, je désirais mettre en pratique mes différentes lectures. Jusqu’à présent, je ne connaissais les arts martiaux qu’à travers les nombreux films que j’avais pu voir. Les films et le cinéma ont également la fonction de faire découvrir une multitude de choses et il nous appartient d’approfondir notre connaissance à partir de bases qui nous ont été léguées, c’est du moins ma vision des choses concernant l’apprentissage, quel qu’il soit. Se donner les moyens de mettre en pratique ce que l’on a appris.

 

Bien souvent et aux premiers abords, nous considérons les arts martiaux comme des techniques extraordinaires de combat où l’esprit de compétition est fortement mis en avant et qui fait partie de notre imaginaire collectif. Combativité de l’esprit et maîtrise du corps constituent les éléments essentiels des arts martiaux, leurs conférant un aspect fabuleux, voire magique.

 

C’est en approfondissant mes recherches sur le Bushido et le Zen que j’ai pu me rendre compte que les arts martiaux sont avant tout des « Voies » qui nécessitent une pratique sérieuse et intensive, un savoir-faire dans l’exécution de mouvements millimétrés, constituant une gestuelle précise, accompagnée, pour la plupart du temps, d’un esprit, d’une énergie qui permet la maîtrise et le contrôle de soi, le « ki ».

 

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Mon désir de pratiquer le kenjutsu m’est venu au cours de la lecture de nombreux écrits historiques et mythiques sur les « bushis » japonais, autrement dit les samouraïs, ainsi que du Gorin-no-shô, le Traité des Cinq Roues, écrit par Miyamoto Musashi.

 

L’ÉCOLE DES DEUX SABRES, L’ÉCOLE DE MIYAMOTO MUSASHI

 

A travers mes lectures, mes recherches cinématographiques et littéraires, j’ai découvert l’École des deux sabres, célèbre école fondée au 17ème siècle par Miyamoto Musashi, légendaire samouraï qui a longuement médité sur la Voie du Sabre et de la Tactique.

Musashi nous livre dans le Gorin-no-shô, la Voie du Sabre selon sa propre vision.

 

L’école des deux sabres est une « koryû », une école ancienne traditionnelle japonaise dans laquelle on transmet des connaissances de maître à disciple. Ces connaissances sont longtemps restées secrètes et elles requièrent de nombreuses années de pratique pour pouvoir assimiler correctement les différentes techniques.

 

L’emblème de l’école est le « FUTUHAZUKI » : deux lames et la lune. L’école Niten constitue la pensée de Musashi : « S’entrainer à manier les deux sabres afin de pouvoir se mouvoir en toute liberté ».

 

Futuhazuki 2 lames et la lune

 

L’objectif de l’école est d’apprendre le « kokoro », le cœur, et pour comprendre le « kokoro », il faut savoir tenir correctement le sabre. Ainsi, il faut garder à l’esprit que l’adversaire peut attaquer à tout moment, il faut donc apprendre et savoir se tenir toujours prêt. Musashi enseignait que lors d’un duel, tous les outils peuvent être utilisés.

 

La stratégie enseignée dans l’école est le « Kizen no Hyoho » ; on n’attaque jamais le premier. Il faut connaître et saisir l’instant où l’adversaire commence l’offensive.

 

« Si l’adversaire attend, nous devons donner l’impression de ne pas être ou d’être faible afin de l’engager à prendre l’initiative ».

 

« Kizen no Hyoho », autrement dit « Sensen no Sen » n’est pas une question de stratégie pure, elle constitue également une manière de vivre, de se comporter, d’agir selon la situation, avec ou sans sabre.

 

« Quand vous saisissez complètement ce que votre maître vous a enseigné, vous pénétrez le vrai cœur, le kokoro, de l’être humain ».

 

Un samouraï doit être prêt à mourir à n’importe quel moment. Le Bushido, Voie martiale, est une préparation à la mort, qui peut s’appliquer à tout être humain, homme, femme et enfant. Pour Musashi, la différence réside dans l’aptitude du samouraï à être toujours prêt, dans sa manière de vivre et de survivre et cet enseignement correspond à celui du bouddhisme.

 

Dans le Gorin-no-Shô, Musashi a écrit qu’il faut s’appliquer dans la persévérance et la pratique du keiko. Un keiko de mille jours s’appelle « Tan » et représente trois ans, un keiko de dix mille jours s’appelle « Ren » et correspond à trente ans de pratique.

 

LES MAÎTRES

 

Au cours du stage, j’ai eu la chance et l’honneur de recevoir l’enseignement de trois maîtres japonais, Iwami Toshio soke, 11ème successeur de la Hyoho Niten Ichi Ryû, Nagaoka Naoyuki senseï (Menkyo kaiden) et Takanori Kajiya senseï, invités pour l’occasion par le professeur Nguyen Thanh Thiên qui enseigne dans plusieurs dojos en région parisienne.

 

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Le « soke » signifie littéralement « le seul qui a succédé avec les pensées et les aptitudes authentiques ». Ce terme japonais désigne le fondateur ou l’héritier, garant de la tradition d’une école d’art martial.

 

« Menkyo kaiden » est un haut niveau qui permet d’enseigner la technique et l’esprit d’un art martial.

 

« Senseï » est un terme japonais qui désigne le maître qui enseigne à un élève. Ce terme s’utilise pour s’adresser à un professeur ou à un enseignant, à un médecin ou à un artiste reconnu.

 

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D’après Maître Iwami, il est de notre devoir de puiser les pensées et les aptitudes à travers le soke et de les refléter à la manière d’un miroir.

 

L’ENSEIGNEMENT DES TECHNIQUES

 

Il existe vingt-quatre techniques appelées « seiho », littéralement conduite du souffle, et se décomposent comme suit :

 

ITTO SEIHO

 

Douze seiho, mouvements avec le sabre long (katana).

 

  1. Sassen
  2. Hasso Hidari
  3. Hasso Migi
  4. Uke Nagashi Hidari
  5. Uke Nagashi Migi
  6. Moji Gamae
  7. Hari Tsuke
  8. Nagashi Uchi
  9. Tora Buri
  10. Kazuki
  11. Aisen Uchi Dome
  12. Amashi Uchi

 

KODACHI SEIHO

 

Sept seiho, mouvements avec le sabre court (wakizashi ou kodachi)

 

1.      Sassen

2.      Chudan

3.      Uke Nagashi

4.      Moji Gamae

5.      Hari Tsuke

6.      Nagashi Uchi

7.      Aisen

 

NITO SEIHO

 

Littéralement, « technique à deux sabres », est constituée de cinq seiho, mouvements qui requièrent l’utilisation des deux sabres.

1.      Chudan

2.      Jodan

3.      Gedan

4.      Hidari Waki Gamae

5.      Migi Waki Gamae

 

Les techniques Nito étaient auparavant des techniques secrètes enseignées en privé. Aujourd’hui, elles sont dévoilées en dojo et lors d’exhibitions publiques.

 

Ces techniques ne sont pas spectaculaires, elles visent simplement à atteindre une efficacité dans le mouvement, à repérer le centre de gravité et permet un travail plus profond sur le souffle.

 

Le « keiko », l’entraînement, est basé sur la répétition des katas (gestes) afin que le corps se souvienne des différentes techniques qui ressemblent à s’y méprendre à des chorégraphies.

Les mises en garde permettent de ressentir le sabre jusqu’à la pointe et d’atteindre un certain degré de concentration, à l’aide du « ki », l’énergie nécessaire qu’il faut concentrer au niveau du « hara » (le ventre), situé trois doigts en-dessous du nombril. La respiration est également un élément très important dans la pratique d’un art martial car elle permet de décupler une certaine puissance de la force physique mais surtout mentale.

 

L’ESSENCE DU SABRE

 

Source : http://nitenichiryu.wordpress.com

 

L’énergie de la pratique

 

« L’énergie de la pratique du kenjutsu est exclusive. Elle doit être orientée vers la construction, la durée et la profondeur ».

 

Construction

 

« L’art du sabre n’est pas celui de tuer avec le sabre. Il est celui de construire l’humain par l’exigence que requiert la lame d’acier ».

 

Durée

 

« Toute la pratique doit viser à la durée du corps, la constance du cœur et la vie de l’esprit. Sans la durée, le pratiquant nagera à la surface au lieu de plonger vers les profondeurs de l’art ».

 

Profondeur

 

« Elle naît de l’insatisfaction du pratiquant devant son niveau technique et de persévérance dans l’effort, année après année ».

 

DÉROULEMENT DU STAGE

 

Arrivée le lundi matin à dix heures, nous avons été une trentaine, venus des quatre coins de l’Europe (Finlande, Italie, Irelande, Russie, Tchéquie), à recevoir l’enseignement des senseïs. Munis de nos deux bokkens (sabres de bois), nous avons pu nous immerger durant une semaine complète, à raison de cinq heures par jour, à la pratique intensive du kenjutsu.

 

Ce qu’il faut savoir, c’est que la pratique d’un art martial est une pratique de toute une vie et je pense que cela peut s’appliquer à tout art.

 

Maître Iwami a ainsi dit : « Les capacités au maniement du sabre dépendent de l’esprit juste ».

 

Au-delà de l’apprentissage des différentes techniques et katas, nous avons également appris la courtoisie et le respect du Maître à travers les différentes formes de salut, formel et informel.

 

Ce stage constitue pour moi une première approche concluante et fut une expérience unique et un échange culturel enrichissant. Un entrainement intense qui constitue une approche extraordinaire, une chance exceptionnelle (qui je l’espère, se réitèrera) de pouvoir recevoir l’enseignement de Maîtres japonais.

 

Cela m’a également fait prendre conscience que le sabre est une arme prestigieuse mais qui reste dangereuse dans son maniement. Au-delà de la pratique, il y a également la prise de conscience de soi, qui a pour but la connaissance de l’adversaire. Le kenjutsu m’a permis de me connaître un peu plus sur le plan mental. Au bout du troisième jour, j’ai compris qu’il fallait posséder non seulement une résistance physique mais également une résistance de l’esprit, un esprit guerrier qui ne laisse que très peu de place à la peur et au découragement, permettant le renforcement de la confiance en soi.

 

De cette façon, le sabre constitue l’esprit du pratiquant, il est le prolongement du corps de la personne, ils ne font plus qu’un.

 

Le dévouement accordé aux maîtres ne constitue pas une attitude servile, qu’il ne faut pas confondre avec une hospitalité de convenance : servir le Maître est ici perçu comme un remerciement à l’enseignement.

 

« L’enseignement est d’abord une philosophie ».

 

D’après Nguyen Thanh Thiên, la Hyoho Niten Ichi Ryû est différente car elle répond aux questions posées par la tradition martiale : « Comment préserver la vie, distinguer le juste et avancer dans la compréhension ? »

 

Le sabre de Musashi apporte une réponse basée sur une expertise issue de soixante duels et de quatre cents ans de recherche. Sa réponse technique est associée à l’usage rare des deux sabres.

 

Spirituellement parlant, cela consiste à s’engager dans la confrontation et à apprendre tous les arts et traditions que nous pouvons rencontrer. Outre le fait d’être un célèbre samouraï, Musashi avait étudié dans des domaines variés telle que l’agriculture, l’urbanisme, la calligraphie, l’art du thé, la Voie du zen (avec Takuan) ainsi que dans l’art du jardin et la poésie.

 

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A lire et à découvrir : La Pierre et le Sabre de Miyamoto Musashi

Liens pour bokkens : http://www.salignebokken.com

 

 

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