L'AUDIOVISUEL AU JAPON
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INTRODUCTION


Les médias nippons portent sur les industries de programmes étrangers un regard qui est avant tout guidé par le souci d'intensifier la diffusion des oeuvres et des modes de vie japonais.


L'audiovisuel au Japon est en apparence éloigné des systèmes et schémas occidentaux, mais il n'est pourtant ni hermétique ni étranger à la réflexion globale qui se trouve être universelle, alors qu'il reflète des particularités et une conscience profondément nationales. Il résulte du cheminement d'une société qui a imaginé cet audiovisuel ainsi qu'une fidélité à cette société, à des valeurs, tel que le respect des individus élevés dans le consensus et que l'on sert collectivement, en veillant à l'adéquation des produits et des programmes.
L'audiovisuel japonais est empreint d'une modernité, placée à la pointe d'une évolution technologique. Pour comprendre, il faut en observer minutieusement les rites et les contraintes.


HISTOIRE DE L'AUDIOVISUEL AU JAPON

Un système au service du peuple

La radio et la télévision épousent les contours d'une grande nation vouée au modernisme et soucieuse de forger les instruments d'une cohésion, grâce à la communication électronique de masse.


Entre 1920 et 1945, s'instaure un règne sans partage de la radio publique, qui s'installe avant la grande crise mondiale de 1929.
Entre 1945 et 1970, c'est l'arrivée et le développement de la télévision. Une concurrence entre les secteurs privés et publics qui connotent la percée technologique mondiale du pays.


La radio japonaise

L'ancêtre de la radio est la télégraphie sans fil créée en 1896 (un an après les premiers essais de l'Italien Marconi).


Depuis la restauration Meiji en 1868, la nation s'est vouée corps et âme à l'assimilation de l'industrialisation et des techniques nouvelles venues d'ailleurs.
Dans le secteur des communications, le Japon vit au rythme du progrès universel et des grandes références européennes ou américaines.
En 1885, le ministère des Communications est créé au Japon, et en 1920, à Pittsburgh, aux Etats-Unis, on assiste au lancement de la première station de radio, KDKA.
En 1925, Radio Tokyo commence à diffuser et il s'articule un ensemble radiophonique qui n'avait rien à envier en cohérence, à ses homologues occidentaux.


L'audiovisuel nippon est au coeur des préoccupations d'une société en demande de culture et de communication, où le consensus repose sur une connaissance partagée ainsi que sur une compréhension des ressorts de vivre-ensemble, sans cesse approfondie. Pour être efficace, la radio japonaise se veut proche d'un pouvoir centralisateur et moralisateur.


Le grand modèle de Radio Tokyo est la BBC britanique, et se veut au service du peuple, tout en croyant aux vertus d'une politique de diffusion fortement directrice et ouvertement didactique.
Les premiers programmes sont composés d'objectifs précis et pratiques, consistant à l'unification sociale et familiale, l'éducation initiale et l'éducation des adultes, l'appréciation de la culture traditionnelle, la connaissance des marchés internationaux et nationaux.


En 1926, Radio Tokyo, Radio Osaka et Radio Nagoya fusionnent pour former la Compagnie de Radiodiffusion nippone ou NHK (Nippon Hoso Kyokai). Les programmes de la NHK suivent un schéma classique, réunissant des émissions en studio et des reportages à l'extérieur, tout en laissant une part de plus en plus large aux feuilletons, aux émissions éducatives, aux séries pour enfants, aux cours de gymnastique, à la diffusion de rencontres de natation, qui se trouve être un des sports nationaux, le sumo ainsi que la diffusion de match de base-ball dès 1927.


En 1935, la Compagnie NHK réunit un auditorat de plus de deux millions de foyers qui versent une redevance, principale source de son financement.
La radio rythme la vie de la nation japonaise et a pris l'habitude de couvrir les grands événements. Elle ne cesse de jouer un rôle de référence morale et politique, et s'engage dans le conflit mondial entre juillet 1937 et août 1945.
Patriotique, les informations qu'elle diffuse sont censurées et ouvertement contrôlées.
Dès le 30 avril 1945, la NHK est mise provisoirement sous tutelle et sous le commandement des forces alliées, la liberté de parole est réinstaurée. L'occupation américaine imposait une démocratisation qui permettait à l'instrument radiophonique de revenir entre les mains de la nation.


L'Institut d'études et de recherche de la civilisation de l'audiovisuel fût créé 1946. La voie du futur était avant tout de "servir et rassembler sans asservir". La légèreté forcée des programmes de la fin de la guerre fait place à l'ouverture calculée dans le but de rendre son moral à la population, afin de lui faire retrouver foi en son avenir, et en une cohésion sociale qui ne soit pas dictée par les événements.
Dès 1948, la NHK retransmet en direct les débats parlementaires de la Diète (parlement japonais).
La fin de l'occupation débouche sur une période de diversification des structures et des programmes, qui règle encore aujourd'hui la vie de l'audiovisuel japonais.
La loi sur l'audiovisuel de 1950 affirme le caractère public de la NHK avant de laisser la voie libre aux radios privées (1951), qui vont drainer le soutien et la participation des grands quotidiens et des groupes de publicité. La radio japonaise retrouve ainsi un caractère plus international.


La radio publique conserva pendant de longues décennies son monopole jusqu'à l'arrivée de la télévision. Cette dernière connaît un grand bond en avant grâce à la production d'un matériel national de réception fortement appuyé par le ministère de l'Industrie et du Commerce extérieur (MITI).


La télévision japonaise

Le 18 novembre 1957 (1ère diffusion en mars 1959), création de Fuji Television, chaîne privée diffusant des animes ainsi que des émissions de variété.
Le 1er février 1959, la première chaîne de télévision privée éducative est créée : Nippon Kyoiku Terebi.
En 1964, création d'une chaîne privée scientifique et technique, mais ne conmmencera réellement à émettre qu'en 1973. Cette chaîne deviendra plus tard, une chaîne généraliste avec des informations à dominante économiques, Television Tokyo Channel 12 Ltd.


Libérée de l'importation étrangère, la télévision japonaise s'installe dans les foyers ainsi que dans les moeurs, et ses programmes ne resteront pas longtemps dominés par les séries américaines.
Au début des années 1960, productions de dramatiques et de documentaires, restent la préférence des téléspectateurs.
Fidèle aux principes de la radio, la télévision est en mesure "d'éduquer, d'informer et de distraire" à la manière japonaise.


La notion de service public

Cette notion participe d'un esprit qui s'étend également au secteur privé des médias.
La NHK a pour objectif d'organiser, de développer et de faire bénéficier le plus grand nombre de vertus, en se rendant disponible sur la totalité du territoire national. Elle se doit d'exercer la plus parfaite liberté d'expression en se portant garante de sa propre impartialité, de son intégrité et de son indépendance. Elle est appelée à contribuer activement à la promotion de la démocratie. Besoin inné d'égalitarisme du citoyen japonais et de sa croyance en une société homogène, où chaque individu peut faire jouer des chances égales.


Les deux secteurs audiovisuels, public et privé, sont organiquement distincts, mais se retrouvent dans une complémentarité qui s'exprime d'abord par un respect absolu des auditoires.
Le service public repose sur des valeurs telles que la recherche des actes quotidiens qui font qu'une société est pacifique, c'est-à-dire, en paix avec elle-même et vis-à-vis du monde extérieur, et suppose également le développement de la culture, de l'industrie et du commerce.


Au Japon, l'esprit de service public met en oeuvre des notions qui régissent une société moderne et démocratique, sa sauvegarde des droits fondamentaux de l'Homme, sa liberté de parole et d'expression, de même que l'ordre et la loi.


L'objectif principal est de veiller à la défense des principes de vie du groupe tout en les traduisant quotidiennement dans les programmes : comptes-rendus rapides et objectifs des événements, de distraction saine, de culture et d'éducation, d'influence salutaire sur les enfants et les jeunes adultes, de publicité mesurée et franche (dans le cas du secteur privé).
Respect d'un corps social harmonieux et effort pour maintenir et parfaire ces équilibres, permet de se soumettre à des lois et à des réglements, et exercer pleinement une vocation à caractère social et économique.


LA FONCTION SOCIALE ET ÉCONOMIQUE

Les règles que s'imposent les médias japonais pourraient paraître draconiennes et particulièrement restrictives, elles font en fait partie d'une garantie supplémentaire d'un respect mutuel. Il s'agit d'un cadre conçu par les diffuseurs et les auditeurs qui n'empêche ni la légèreté ni la bonne humeur et la fantaisie, même si pour le spectateur étranger, les différences de registres et leurs expressions sont souvent peu perceptibles.


L'audiovisuel remplit sa fonction de miroir sans jamais être un repoussoir. Il remplit également une fonction de régulateur qui ne constitue aucunement un frein au renouveau et à la modernité.
Par conséquent, il règne sur les radiotélédiffuseurs japonais, un esprit d'autocontrôle, signe d'une civilisation audiovisuelle particulièrement policée et responsable. Et ces cadres ne sont pas ressentis comme des contraintes, mais comme de vraies garanties d'équité et d'impartialité.
Le respect des droits fondamentaux de l'homme passe largement les conséidérations conventionnelles de non-discrimination en matière de race, de sexe ou de religion. Il s'attache à mettre en valeur la dignité des individus et transforme l'inviolabilité de la vie privée en sanctuaire de la personnalité.


La radio tout comme la télévision s'attachent à ne jamais heurter la sensibilité des groupes, qu'ils soient nationaux ou étrangers, majoritaires ou marginaux. Les médias nippons ont avant tout une vocation didactique voire pédagogique, sans jamais chercher à encadrer et former la jeunesse. Par ailleurs, ils ne négligent pas de montrer la bonne voie et d'inviter aux bonnes manières.


La fonction économique est intimement liée à la fonction sociale, ce qui permet aux médias de se faire l'écho des modes et des tendances ainsi que d'être le transmetteur des gestes et habitudes de consommation.
L'expression de la violence ou du sexe mérite une mention particulière, dans une société réputée puritaine mais familière des pires débordements et des moins secrets des excès, souvent véhiculés par les mangas ou animes.


Ces derniers envahissent les feuilletons, les films télévisés et les dessins animés, avec une touche spécifiquement japonaise, c'est-à-dire, traduite en termes de médias, sans exagération, ni stimulation, sans incitation à l'imitation ou à l'exemple.


L'ANIMATION JAPONAISE

Il est évident qu'il est impossible dévoquer l'animation japonaise en quelques lignes, car depuis les années 1970, il existe une production énorme. Le génie des Japonais est d'avoir utilisé l'animation pour les adultes, car dans la conception japonaise (et plus généralement orientale), l'animation ne s'adresse pas qu'aux enfants.

 
En effet, ce qui paraît régressif en Occident (rêver à des monstres, faire parler son imaginaire, délirer le réel) est naturel en Orient. Cela est dû à une pratique animiste issu de la tradition shinto, qui fait cohabiter les esprits, les animaux, les humains et les objets. Après les Américains, les Japonais ont été les premiers à comprendre l'importance de la télévision dans le système médiatique.


L'influence du mode de vie américain, suite à la présence des troupes d'occupation durant la deuxième guerre mondiale, est très importante dans les années 1940 et 1950, et la télévision comme le cinéma de divertissement, (cf. jazz et base-ball) ont été décisifs dans la mise en place d'une esthétique nouvelle au Japon durant les années 1960.


Après 1945, l'animation nippone est influencée par le cartoon américain. Un premier studio est créé : la Nihon Doga (Japon Animation), mais le studio d'animation le plus important apparaît au milieu des années 1950 : Toei Doga (Toei Animation).


Dès le départ, il existe une animation dite d'auteur, destinée aux festivals internationaux, et une animation populaire réservée à la diffusion en salles et pour la télévision.


L'animation d'auteur japonaise propose des univers totalement originaux, cependant ces animations restent des cas isolés face à une immense production commerciale.
Cf. « Le Serpent blanc » (ou « La Légende de Mme Pai-Niang ») (VO : « Hakuja den ») réalisé par Taiji Yabushita et Kazuhiko Okabe en 1958.

Ce long-métrage marquera des créateurs tels que Hayao Miyazaki, en mêlant conte et histoire contemporaine.


A la fin des années 50, apparition d'une industrie de l'animation, faite d'adaptations de légendes orientales et d'animaux anthropomorphes, avec une grande influence de l'esthétique Disney.
Comme les légendes orientales intéressent très peu le public international, la Toei adapte des légendes européennes : Sindbad, Gulliver et les contes d'Andersen, et les traits des personnages deviennent très occidentaux afin de coller à un large public au niveau mondial.
Parallèlement à cette esthétique cinématographique, il se développe une animation dédiée à la télévision, axée sur la science fiction, avec « Astro Boy » de Osamu Tezuka, première série télévisée diffusée en 1963.


Les dessins animés ou anime ou japanimation

Leur style et leur contenu sont familiers aux téléspectateurs du monde entier, car leur programmation cible un public très large.
Les producteurs de dessins animés sont toujours à la recherche de thèmes très variés et se tournent volontiers vers les oeuvres, les événements et les personnages étrangers.
De nombreuses composantes du dessin animé japonais font référence à des traits culturels nationaux souvent incompréhensibles pour les téléspectateurs étrangers (bruits, couleurs, éléments du discours, thèmes de discussion). Les personnages se comportent à la japonaise et se retrouvent le plus souvent dans des situations d'opposition avec le groupe ou un autre personnage. Le caractère exceptionnel de certaines attitudes (volonté de se surpasser, défi face à la mort), conduit souvent les scénarios à exprimer une violence qui, pour le public japonais, doit rester codée et abstraite.


A la fin des années 1960, le terme d'anime remplace celui de doga (dessin animé). Entre 1960 et 1970, devant le succès de la science fiction, le genre se développe au sein des animes. Les grands spécialistes de la SF sont :

 

  • Go Nagai, célèbre mangaka, avec « Goldorak » (VO : « Yûfô Robo Gurendaizâ », littéralement « Grendizer, le robot OVNI », Shônen manga), série animée japonaise, produite par Toei Animation en 1975, déiffusée au Japon entre 1975 et 1977 (diffusion en France en 1978).
  • Leiji Matsumoto, mangaka, avec « Albator, le corsaire de l'espace » (VO : « Uchûkaizoku Kyaputen Hârokku », série télévisée japonaise créée par Toei Animation (diffusée en France en 1980), réalisée par Rintaro.


Un marché se développe directement pour les cassettes vidéo et donc pour un public adulte avec des projets basés sur des mangas futuristes et apocalyptiques dont le meilleur représentant est « Akira » de Katsuhiro Otomo (1988), destiné au cinéma. Depuis ce long-métrage, les structures narratives des films se complexifient, avec notamment « Blood » de Hiroyuki Kitakubo (2000) et le dyptique « Ghost in the Shell » (1995) et « Innocence » (2004) de Oshii.
Dans les années 1960/1970, l'animation japonaise consiste à vendre aux Occidentaux leur propre imaginaire, c'est-à-dire, à faire des films japonais sur un mode presque entièrement européen :

 

  • « Candy » d'Igarashi (1976-1979)
  • « Heidi » de Takahata (1974)
  • « Lady Oscar » de Nagahama (1979)


Ces séries , pourtant si japonaises, sont basées sur des histoires européennes et qui ont eu du succès, parce que les personnages possédaient des traits occidentaux.
A la télévision, les genres fusionnent pour donner naissance à des séries bizarres : mélange de fantastique, de science fiction, d'heroic fantasy, de Moyen Age européen et japonais, de film noir. Le « hentai », qui désigne le porno animé, fait également succès, dû au fait de l'exagération non-naturaliste du sexe.
Les séries se complexifient également jusqu'à devenir obscures, comme « Evangelion » (Andô, 1995).


A SUIVRE : « Afro Samurai : analyse d'une série animée »


Sources :


Que sais-je ? : « L'audiovisuel au Japon » - Philippe Berthet et Jean-Claude Redonnet - 1992

 « Le cinéma d'animation » - Sébastien Denis - 2011

Voir également Le Blog de Phoebe : Article « Le cinéma japonais »
 

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