THEORIE ET CONCEPT : QU’EST-CE QUE LE NOUVEAU CINEMA ALEMAND ?


Définition du courant cinématographique

Cinéma aux influences diverses : néoréalisme italien, Nouvelle Vague française, littérature de genre (le roman d’apprentissage), cinéma de genre (films de guerre (et anti-militaristes en RDA, Heitmatfilm critique), mouvement d’opposition au cinéma de propagande du 3ème Reich ainsi qu’aux films de genre commerciaux, le Heimatfilm, lutte contre le cinéma du divertissement.


Concept : Bertolt Brecht et la distanciation

Bertolt Brecht (1898-1956) théoricien et metteur en scène de théâtre allemand (naturalisé autrichien dans les années 1950) a marqué l’écriture dramatique et la mise en scène européennes par sa volonté d’introduire une distance entre le spectateur et le spectacle. Le théâtre de Bertolt Brecht prodigue un nouveau plaisir en posant la question sur l’existence du théâtre sans illusion. Le principe est de ne pas être dupe devant l’illusion.


Le théâtre épique

Bertolt Brecht conçoit le théâtre comme une tribune. Pour faire réfléchir le public, il détruit le « quatrième mur » qui permet de détruire l’illusion qui endort l’esprit critique. Il rejette violemment le théâtre aristotélicien, terme synonyme pour lui de théâtre d’illusion. Ce théâtre d’illusion fait croire à une réalité des événements représentés, tel un théâtre exerçant sur le public une fonction hypnotique, amenant le spectateur à s’identifier au héros.

Afin d’obtenir le phénomène de distanciation entre le spectateur et le spectacle, Bertolt Brecht prône un théâtre épique, théâtre comparables au chant des bardes qui narraient les prouesses guerrières des héros de jadis.

Le théâtre de l’illusion tente de recréer un faux présent. Le théâtre épique, strictement historique, rappelle constamment au public qu’il n’assiste qu’à un exposé d’événements passés. L’abandon de l’illusion réaliste affranchit l’auteur dramatique d’un certain nombre de conventions, notamment dans la scène d’exposition où les personnages se re-présentent eux-mêmes au public. Leurs noms peuvent même être projetés sur un écran. Un récitant commente l’action. Il décrit, à certains moments, les pensées et les mobiles des personnages.

C’est un procédé d’éloignement qui tend à sauvegarder la liberté de réflexion du spectateur. Parfois, il peut anticiper et informer le public du dénouement. Le spectateur ainsi débarrassé des inquiétudes qui concernent le devenir des héros, a l’esprit libre pour juger du déroulement de l’action.


Un décor discontinu

Le décor constitue un élément de distanciation. Brecht prône l’utilisation de projections cinématographiques. Le metteur en scène a la possibilité de faire apparaître sur le fond de la scène, des documents, des pièces d’archives, des statistiques, en utilisant la technique du collage. Le cinéma est utilisé comme une succession de tableaux, il joue le rôle du « chœur optique » car il peut confirmer ce qui est représenté par l’action, ou réfuter, rappeler à la mémoire ou prophétiser.


Pour un spectateur et un acteur nouveau

Le spectateur ne doit pas être un consommateur passif qui « avale » tout ce que lui propose la scène avec une attitude que Brecht qualifie de « culinaire ». Sans sa participation active, la représentation est incomplète. Le spectateur est en quelque sorte théâtralisé.

Durant toute la représentation, l’acteur doit se souvenir qu’il joue des événements passés et doit prendre un rôle de narrateur par rapport au personnage qu’il incarne. Brecht interdit aux acteurs toute identification parce qu’il sait que la salle et la scène échangent des relations comparables à celles de vases communicants et que l’émotion des comédiens atteint rapidement le public. La première condition est de détruire l’illusion, quand l’acteur se distancie du personnage qu’il joue, alors seulement, le spectateur peut se distancier à son tour.

Le théâtre européen du 20ème siècle a subi fortement l’influence de Brecht et de sa conception de la distanciation.

 

A SUIVRE : les enjeux esthétiques : le Nouveau Cinéma Allemand est-il un cinéma de la modernité ?


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