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Le Jour où la Terre s'arrêta (Robert Wise, USA, 1951)

La SF met en scène cette sorte d’idéal, car elle nous parle d’un autre savoir, mais qui, n’étant en général que le progrès d’une science qui est la nôtre, n’en est pas qualitativement différent.

Obi Wan Kenobi, dans Star Wars, n’est pas le grand prêtre d’un savoir qui relèverait du sacré, mais le maître qui transmet un savoir (science + sagesse) accessible à tous ceux qui comme dans n’importe quelle école républicaine, ont suffisamment de talents (de disposition) et travaillent assez pour se le réapproprier.

Dès qu’il est question de talent ou de disposition, on voit bien qu’il n’y a pas d’universalité d’un savoir qui, de droit comme de fait, pourrait être transmis à tout le monde. Mais on peut l’exprimer de deux manières différentes et privilégier l’une ou l’autre des deux dimensions :

  • D’un côté, la rationalité d’un savoir ou d’une technique qui se transmet ;
  • De l’autre, la disposition qui ne s’acquiert pas et se révèle au cours de la tentative de réappropriation.

En cas d’échec, on dira de quelqu’un qu’il n’est pas doué ou bien qu’il n’est pas l’élu. C’est en particulier cette ambigüité qui fait qu’on ne sait jamais, si ce que présentent des films comme les sagas Star Wars ou Matrix (Les Wachowski, 1999, USA/Australie) relève d’une science ou d’une révélation mystique.

La SF et la Fantasy renvoient donc à deux manières différentes d’interpréter un même fait, à la différence que l’une privilégie la dimension rationnelle (ce qui se communique, ce qui s’explique, ce qui se transmet, ce qui s’apprend), tandis que l’autre privilégie la dimension irrationnelle de l’apprentissage.

Définition de la SF

De manière abstraite et au sens extrêmement large, la SF, tout comme le fantastique, recouvre tout ce qui n’est pas réel, actuel. De ce point de vue, Platon ou More, c’est de la SF au même titre que la Fantasy.

Le cinéma de SF englobera alors des films tels que King Kong (M.C. Cooper & E.B. Schoedsack, USA, 1933) ou Conan le barbare (John Milius, USA, 1981), illustration exemplaire de ce qu’est la Fantasy, dépeignant un monde non seulement primitif, où règnent violence et ruse, mais complètement magique, puisque les femmes s’y transforment en sorcières et les flèches en serpents.

De manière concrète et en rapport au contexte historique, dans ce cas de figure, la SF n’est pas n’importe quel ailleurs, mais un ailleurs lié au progrès scientifique et à l’avenir de l’être humain.

Premier sens de la SF

C’est tout ce qui est lié au développement scientifique et à ses conséquences. Les monstres de Them! (Gordon Douglas, USA, 1954) ou Tarantula (Jack Arnold, USA, 1955) relèvent de la SF, car ces monstres résultent de la bombe atomique et sont produits par une humanité imprudente et inconsciente des effets sur la nature de la technoscience qu’elle invente.

La Guerre des mondes est un des livres fondateurs de la SF signée H.G. Wells, qui établit l’invasion extraterrestre sur la supériorité d’un armement qui fait que l’humanité semble condamnée à perdre la guerre. Ce n’est pas le cas de films exploitant le thème de l’invasion extraterrestre, où la technoscience de l’extraterrestre reste invisible (L’Invasion des profanateurs de sépultures, Don Siegel, USA, 1956 ; Le Village des damnés, Wolf Rilla, USA, 1960). Il s’agit tout de même de SF, même si l’élément scientifique n’est pas une condition nécessaire de la SF.

Les œuvres dans lesquelles une vie intelligente venue d’une autre planète débarque sur la Terre (L’Homme qui venait d’ailleurs, Nicolas Roeg, USA, 1976) et menace l’espèce humaine (Robot Monster, Phil Tucker, USA, 1953 ; The Giant Claw, Fred F. Sears, USA, 1957), sont également considérées comme étant de la SF.

Deuxième sens de la SF

C’est ce qui est lié à la monstration de l’altérité extraterrestre. Sont alors également comprises dans la SF, toutes les œuvres qui présentent un certain devenir de la société humaine dans lequel la science a stoppé son développement.

Ce sont les films apocalyptiques où la civilisation s’est détruite et où émerge une société nouvelle avec des technologies rudimentaires. C’est également le cas de 1984, dystopie écrite par George Orwell, qui est un exemple qui présente une société future dans laquelle la technoscience n’est pas au goût du jour. La thèse essentielle d’Orwell est qu’il existerait une incompatibilité entre l’évolution de la science et la négation des libertés individuelles.

Les dystopies insistent moins sur le développement scientifique et technologique de l’hypothétique société future que sur les caractéristiques, absolument indépendantes de ce développement, par lesquelles surgit un nouvel ordre politique, qui enrégimente les citoyens et fait régner la terreur.

Exemples :

  • Zero Population Growth de M. Campus, USA/Danemark, 1972
  • Brazil de Terry  Gilliam, GB, 1985
  • Le Fils de l’homme de Alfonso Cuaron, USA/GB, 2006

Troisième sens de la SF

C’est ce qui est lié à l’avenir de la société humaine. Une œuvre n’entre dans le champ de la SF que si elle renferme au moins une des caractéristiques notées ci-dessus (1er, 2ème et 3ème sens de la SF). Il est également utile de distinguer la SF qui prend seulement en compte les caractéristiques intrinsèques des œuvres et ce que l’industrie cinématographique entend et donne comme sens à la SF à un moment donné du temps. Savoir ce que les discours des studios hollywoodiens intègrent ou non dans le champ de la SF.

Les genres cinématographiques possèdent des frontières qui sont floues et que les films participent souvent à plusieurs genres en même temps, la question qui se pose est celle du rapport entre le fantastique (ou l’horreur) et la SF (pour une définition du genre cinématographique horreur et sa distinction d’avec le fantastique voir Le Cinéma d’horreur et ses figures - Eric Dufour).

Par exemple, Alien (Ridley Scott, USA, 1979) et idem pour les autres suites : ce film est classé dans le genre fantastique et plus précisément dans la catégorie des films d’horreur. Il est pourtant généralement classé par le grand public dans le genre SF.

Dans ce film, les éléments de SF relèvent simplement du décor : altérité extraterrestre, localisation temporelle (le futur de l’humanité) et tout ce qu’elle implique (le vaisseau spatial et la maîtrise de l’espace infini dans lequel on se balade en terrain connu). Tous ces éléments constituent un prétexte pour développer un huis clos au sein duquel sept êtres humains luttent contre « le huitième passager », à savoir une forme de vie insaisissable dont le seul but est de s’accroître et de détruire l’humanité.

Il en est de même pour Predator (J. McTiernan, USA, 1987) ou pour Ghosts of Mars (John Carpenter, USA, 2001) par opposition à Mission to Mars (Brian de Palma, USA, 2000).

Ghosts of Mars prend la planète Mars et le futur comme toile de fond, pour mettre en scène, conformément à la préoccupation centrale du cinéaste, une figure de l’altérité contre laquelle lutte un groupe d’humains (comme dans Alien ou dans The Thing (John Carpenter, USA, 1982).

Mission to Mars traite de la conquête de l’espace et des indices qui permettent à l’être humain de penser qu’il existe d’autres formes de vie intelligente. C’est l’existence d’une civilisation extraterrestre, attestée par l’immense visage découvert sur Mars, et la rencontre, reconduite jusqu’à la fin comme dans Rencontres du 3ème type (Steven Spielberg, USA, 1977) entre les deux civilisations : les êtres humains face aux extraterrestres.

La SF a longtemps été un genre cinématographique méprisé. Le genre a généré une abondante littérature, mais qui n’est pas une littérature scientifique. Il est à remarquer que l’intérêt des recherches scientifiques pour les films de SF est récent.

Comment se présente le récit cinématographique de SF ?

 « […] Ce ne sont pas seulement les préoccupations, mais les types d’images qui passent d’un pays à l’autre au sein d’une culture désormais mondialisée […] La SF cinématographique est en revanche tributaire du temps. Celui-ci , en effet, conditionne la représentation qu’on se fait du futur dans tous les sens du terme : au niveau de ce qui est montré, mais aussi en ce qui concerne la manière dont on le montre (les effets spéciaux) ».

D’un point de vue purement personnel et ironie mise à part, la science-fiction est devenue notre lot quotidien pour qui s’intéresse à l’actualité spatiale. En effet, les revues scientifiques traitant du sujet de l’espace regorgent de fantasmes d’humains-journalistes-scientifiques qui donnent des titres accrocheurs dignes de titres de films de SF : La conquête de l’espace, Terre 2.0, La colonisation de la planète rouge, La découverte de nouvelles exoplanètes, Les dix planètes que vos descendants pourraient coloniser, etc. Le contenu est tout aussi passionnant, le futur est plus proche que l’on ne peut parfois l’imaginer. Tout un programme, n’est-il pas ?!

A SUIVRE : LA CONQUETE DE L'ESPACE DANS LE CINMA DE SCIENCE-FICTION

Source : Le cinéma de science fiction - Eric Dufour

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