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Galaxie d'Andromède (Galaxie M31)

La SF scientifique

C'est la reconstitution à prétention réaliste, objective de ce que pourrait être une expédition, et dans l'absolu, une colonisation humaine de l'espace (voyages vers la Lune, Mars ainsi que dans l'espace lointain et infini), ce qui donne une infinité de possibles récits.

Ce genre de films prétend instaurer une SF scientifique dont l'esprit peut se résumer de la façon suivante :

  • Mettre en images et représenter les idées et les différents concepts scientifiques grâce au récit science-fictif.
  • Réfuter l'esprit d'une SF pour public adolescent afin de garder la crédibilité d'un esprit scientifique rigoureux permettant d'imaginer et d'éviter tous les délires.

Dans ce cas-là, la SF appelée scientifique correspond à ce qu'en littérature on nomme hard science.

Au sein de ce genre de films, on retrouve dans les canevas scénaristiques, la vulgarisation du voyage dans l'espace, ce dernier étant souvent représenté par une ellipse temporelle, gage de la maîtrise de ce genre de voyage. Bien souvent, on remarque une séquence proférant un discours scientifique avec des données parfois réelles, parfois réalistes. Ce discours est destiné à convaincre et à rendre crédible une telle aventure et que ce genre de voyage est réel et possible.

Bien entendu, tous ces discours cinématographiques sont à replacer dans le contexte de l'époque dans laquelle ils ont été produits. L'idée est bien souvent claire à décrypter : le voyage et la colonisation de l'espace par l'être humain doivent être non seulement vraisemblables d'un point de vue scientifique mais également d'un point de vue humain et psychologique.

Généralement, le discours cinématographique va au-delà du discours scientifique puisqu'il vise également à faire découvrir des nouveaux mondes.

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Station orbitale internationale (ISS)

La SF de guerre

C'est l'attaque de la planète Terre par des Extraterrestres hostiles et généralement dotés d'une technologie supérieure et dangereuse pour l'être humain. Dans ces films (surtout ceux des années 50), l'invasion est bien souvent immédiate.

Ce genre de films laisse à penser au spectateur qu'il existe une organisation préparée à ce genre d'invasion (Le Jour où la Terre s'arrêta, Scott Derrickson, USA/Canada, 2008 ; Independence Day, Roland Emmerich, USA, 1996 ; Men In Black, Barry Sonnenfeld, USA, 1997) et que tout l'arsenal pour lutter et faire face à ces technologies extraterrestres sont déjà en possession des êtres humains (ils attendaient juste le bon moment pour sortir l'artillerie !).

Généralement, la SF de guerre ne se gêne pas pour ressortir la vielle métaphore du pionnier mais également de la conquête des Amériques (Avatar, James Cameron, USA, 2009) avec son lot de combats héroïques, d'injustices, de désarroi et de souffrances engendrés par la cupidité et l'ignorance des conquérants, mais surtout de sacrifice humain, qu'il soit dispensé d'une manière positive ou négative.

En cela, on pourra ainsi s'appliquer à adopter différents points de vue au sein d'un même récit.

Le point de vue peut soit commencer sur Terre, il est par conséquent humain, soit il peut venir d'en-haut et reste par conséquent celui des Extraterrestres (Alien versus Predator, Paul W. S. Anderson, USA/Canada/Allemagne/GB/République Tchèque, 2004) ; The Predator, Shane Black, USA, 2018).

Au sein de ce genre de films, le spectateur peut ainsi suivre un personnage ordinaire, pris dans la tourmente des événements et qui ne possède aucun pouvoir décisionnel. Certains films projettent le spectateur au cœur du pouvoir (parfois corrompu et au courant de l'existence des Extraterrestres) qui doit lui aussi faire face à la menace.

Parfois, la référence n'est pas forcément la guerre, mais l'exode vécu par le personnage et sa famille (mythe du pionnier et future colonisation humaine de l'espace obligent !).

Ce qui caractérise la SF de guerre

  • Le caractère planétaire de l'attaque généralement mis en image grâce à des plans généraux des capitales mondiales symbolisées par leurs monuments.
  • Les armes extraterrestres sont toujours figurées de la même manière : l'atomisation des choses et des personnes sur lesquelles ils tirent avec leurs rayons lasers. 
  • La retransmission internationale de l'information par des journalistes parlant toutes les langues (histoire de conserver le caractère universel de l'attaque).

Le film de guerre a pour corollaire le film de SF qui devient par la même occasion un manifeste pour la paix. Cette fameuse guerre dont les Humains sortiront vainqueurs et qui fait des Extraterrestres, d'horribles créatures, certes intelligentes, mais totalement nocives et hostiles (tout comme les êtres humains, non ?!). Donc au fond des êtres pires que les Hommes (je ne sais pas si on peut faire pire !?), incapables de comprendre qu'on peut avoir des rapports différents avec des êtres différents de soi ; des rapports pacifistes, fondés sur la tolérance et la compréhension. Mais pour cela, encore faudrait-il que les personnages aient l'esprit ouvert !

Le film de SF de guerre remet en question la supériorité à laquelle prétend l'Homme lorsqu'il se pose, dans toutes ces histoires, dans tous ces récits cinématographiques, comme la créature intelligente et pacifique face à un extraterrestre soi-disant redoutablement belliqueux.

Il existe également des films qui présentent une situation inverse, c'est-à-dire, des Extraterrestres poursuivis par une humanité méchante, violente et suspicieuse à l'égard de ce qui est différent.

La SF de monstres

Il existe une SF qui reprend les caractéristiques du film de monstres d'un point de vue narratif et visuel.

Dans les films de monstres, l'exhibition de la "bête" constitue le clou du spectacle et le centre de l'intrigue. La SF de monstres est donc fondée "sur la surprise liée à la représentation de l'altérité extraterrestre" (et donc dans l'absolu, de l'altérité de l'être humain).

Caractéristiques du film de SF de monstres :

  • La monstration de l'Extraterrestre qui terrorise ou non les Humains. Ce genre de films rentre parfois dans la catégorie SF de guerre car la structure narrative est pensée comme une action montant en crescendo, comprenant une histoire à portée mondiale, et, où l'armée et le gouvernement entrent en jeu.
  • Ne fait pas intervenir les clichés et autres stéréotypes esthétiques que sont l'armée, les médias, les gouvernements ou alors ils n'ont qu'une dimension locale.
  • Par définition, le film de monstres à pour objectif d'instaurer la peur en montrant une créature dont l'apparence est aussi immonde que ses intentions. Ce qui permet au film de SF de monstres de montrer une forme de vie (quelle qu'elle soit) qui reste au-delà de tout ce que le spectateur aurait pu penser rencontrer et dont la règle est d'exhiber des créatures aux formes improbables.

La figuration de l'altérité extraterrestre passe par la représentation de son intelligence : un cerveau démesuré, don d'invisibilité ou d'ibiquité, des facultés psychiques telles que la télékinésie, la télépathie voire l'empathie, la clairvoyance, enfin, tout ce qui regroupe les perceptions extra-sensorielles, donc tout ce que la science a du mal à expliquer et à prouver l'existence, même si...

Il existe également un autre type de monstruosité venu d'ailleurs parfois représentée dans la SF de monstres qui possède un caractère plutôt mécanique mais surtout non intentionnel (Le Blob, Chuck Russell, USA, 1988).

La SF film noir

Caractéristiques proprement cinématographiques du film noir

Eléments narratifs

Utilisation du flash-back et de la voix-off, l'action se déroule la nuit et dans la ville avec tous les clichés qui vont avec : mauvais temps, rues mal éclairées et bruits inquiétants. La menace est diffuse et très peu identifiable.

Eléments esthétiques

Utilisation de plans serrés qui isolent le personnage et qui ont pour effet d'accentuer l'effet de claustrophobie ainsi que de séparer le héros d'un monde qui reste toujours hors champ, dans lequel il ne sait plus à qui se fier et où tout devient étrange.

La SF film noir ne donne pas l'invasion extraterrestre comme étant immédiate et visible mais plutôt sournoise, lente et insidieuse. Ce genre de SF conserve l'apparence du film noir en traitant de sujets comme la conspiration, le complot et la paranoïa.

Si le flash-back et la voix-off sont les caractéristiques du film noir, alors aucun films de SF ne rentrent dans cette catégorie. Mais si on privilégie l'élément du complot et le récit labyrinthique, tous les films où les Extraterrestres prennent l'apparence humaine et où le spectateur (tous comme les autres personnages) ne sait plus qui est qui, entrent dans ce genre.

D'après Eric Dufour, théoricien du cinéma, une partie du cinéma de SF se rattache au genre policier. Il argumente son propos en citant une partie de discussion entre Bertrand Tavernier et Roger Corman concernant son film : Not of this Earth (1957). Bertrand Tavernier posa une question à Roger Corman à propos d'un certain rapprochement qui pouvait être fait entre le film policier et le film de science-fiction. Et R. Corman de répondre que cette remarque fut tout à fait pertinente puisque dans les deux cas :

  • Il y a un mystère à éclaircir et il est question d'une enquête.
  • Le point de départ peut être invraisemblable, mais le déroulement doit être tout à fait logique.
  • La mise en scène doit être spontanée, sans effet élaboré.

Le type de SF décrit par Roger Corman est celui qui en montre peu ou qui ne montre pas, donc avec très peu d'effets spéciaux.

Ce genre se distingue du film policier parce que celui qui est recherché par la police est un Extraterrestre.

La SF de films noirs est ordonnée autour de récits où se déroulent une enquête et des meurtres, où le décor est urbain et l'action se déroule essentiellement la nuit.

La SF de propagande

La SF de propagande se caractérise par son contenu et par sa fonction.

Généralement, dans ce genre de films il est question d'identifier un ennemi, un élément étranger venant perturber le bon fonctionnement des affaires de la Terre, d'informer ou de désinformer, d'apporter une confusion ou d'éclaircir un point de vue, voire à le confirmer grâce à des éléments de manipulation, car c'est ce qu'est également le cinéma, un élément de propagande qui manipule les masses, le public, les peuples.

D'un point de vue politique et social, il est question de remettre en cause un système politique (bien souvent montrant une société totalitaire ou une manière de faire peu conventionnelle brimant la liberté), tout en mettant en avant des vertus, des valeurs humaines, citoyennes (parfois nationalistes), amicales et familiales voire tribales et claniques.

Caractéristiques de la SF de propagande

Systèmes politique, économique et social terrien mis à l'épreuve.

Mise en avant d'un système de dictature propageant la misère et la terreur (Cf. Elysium, District 9).

Intervention des forces militaires, de la bureaucratie ainsi que de la technocratie, des industriels et des commerçants, sociétés souvent représentées par des forces secrètes, mauvaises et obscures (Cf.  Aliens, Avatar, The Predator, Contact).

Révélations de programmes secrets (civil ou militaire) ou de la connaissance antérieure de l'existence d'autres formes de vie venues d'ailleurs et de leur technologie (Stargate, la porte des étoiles).

Révélations de manipulations génétiques top-secrètes souvent classées secret défense et de la pratique du clonage humain ou de l'existence d'une intelligence artificielle plus que performante (Cf. Star Wars Episode II : L'attaque des clones, Star Wars Episode VII : Le réveil de la force).

Révélations des intentions (bonnes ou mauvaises) humaines vis-à-vis des Extraterrestres possédant une technologie beaucoup plus développée (Cf. The Predator 2018).

La SF de Space Opera

La SF de Space Opera consiste à faire découvrir au spectateur des nouveaux mondes possibles, des civilisations aux mœurs et aux habitudes différentes, des nouvelles techniques, de nouvelles espèces animales, une nouvelle science, mais également des nouveaux lieux possédant une biosphère et un biotope différents.

Caractéristiques de la SF de Space Opera

  • Facilité à découvrir de nouveaux mondes et à rencontrer de nouveaux individus (encore plus facile que sur Terre !).
  • Pas de problème de gravité ni d'apesanteur donc pas besoin de combinaison.
  • Pas de souci d'atmosphère, à coup sûr, le mélange gazeux de la planète contient la bonne dose d'oxygène d'un bout à l'autre de la galaxie !
  • On parle partout la même langue : l'anglais (qui est l'une des langues du commerce international et aussi du tourisme en Europe).
  • Indifférence complète à tout ce que la science a pu nous apprendre sur les planètes du Système solaire et des conditions du voyage spatial.

Ce genre s'oppose à la SF scientifique mais également à la SF de film noir et à celle de propagande.

Les images et les sons circulent sur les planètes car l'information circule très vite dans l'espace dans le contexte du Space Opera (utilisation des ondes radio par exemple).

Existence de mondes extraordinaires, désolés, déserts, habité ou pas.

La SF apocalyptique

La SF apocalyptique présente les mêmes caractéristiques que les films catastrophe ou de fin du monde :

  • Des villes (ou des planètes) désertées, quelques cadavres ou des squelettes, jonchant le sol, l'état de décomposition représentant le temps qui a passé. Un monde de ruines, désolé mais un monde réinvesti par la nature. Et lorsque ce n'est pas un monde détruit, c'est un monde désert et sans vie et par conséquent inquiétant.
  • Un relais radio existe mais il faut aller à sa recherche ou le réparer pour qu'il fonctionne de nouveau.
  • L'arme atomique, le nucléaire et ses dangers constituent un thème récurrent du film apocalyptique et peut aisément constituer un élément science-fictif.
  • L'effondrement de la civilisation et de la société dont l'histoire est contée.
  • Le Soleil peut constituer un danger pour l'humanité.
  • Tout ce qui vient du ciel peut constituer un potentiel danger notamment les météorites (même les publicitaires le disent !).

Le schéma narratif du film apocalyptique est de toujours montrer comment se réorganisent (économiquement et socialement) les derniers survivants d'une humanité disparue. Dans un cas, le spectateur suit la progression d'un personnage qui est seul et cherche d'autres survivants (récit avec ou sans voix-off). Dans le second cas, le spectateur suit un petit groupe de personnages qui tente de survivre.

Le film apocalyptique met souvent en évidence la dissolution d'un état social en mettant en avant ses faiblesses. En cela, ce genre de films présente toujours des caractères et des individus qui s'affrontent, qui veulent imposer leur volonté de puissance dans la mesure où ils en savent soi-disant plus qu'autrui et que bien évidemment, ils savent mieux ce qui est bon pour la collectivité qui tente de survivre, quitte à devenir des tyrans ! Face à ces derniers, il y a ceux qui représentent la voix de la tolérance démocratique où chacun (idéalement voire utopiquement) peut dire son mot au nom de la liberté d'expression.

"La question, dans un nouveau monde où tout est à reconstruire, c'est de savoir qui est le plus adapté." Eric Dufour in Le cinéma de science-fiction

La SF métaphysique

C'est un type de films où l'argument SF est un prétexte pour réfléchir sur des choses profondes, existentielles voire spirituelles comme par exemple le devenir de l'humanité, mais également l'isolement de l'être humain dans l'espace en cas de colonisation (Cf. Solaris, Steven Soderbergh, USA, 2002 ; Moon, Duncan Jones, GB, 2009)

Dans la SF métaphysique, il s'agit de la transformation de l'Homme, du changement de son corps, de son esprit, de sa conscience et de son intelligence (Cf. Explorer, Jesse O'Brien, Australie, 2014). Parfois, le personnage doit faire face à des mondes inversés, où la place de l'Homme n'est pas celle qu'il croit. Dans certaines productions, il sera plutôt question du corps humain (en tant que vaisseau vivant, thème du corps en tant que vaisseau de la conscience) et de ses capacités de survie dans d'autres mondes.

La SF parodique

La SF parodique prend volontiers le ton de la SF de Space Opera parce que cette dernière distille plus facilement un esprit fantaisiste qui s'allie davantage avec l'esprit du film comique.

Des films comme La Soupe aux choux (Jean Girault, France, 1981), La Folle histoire de l'espace (Mel Brooks, USA, 1987), Mars attacks! (Tim Burton, USA, 1997), H2G2 : le guide du voyageur intergalactique (Garth Jennings, USA/GB, 2005), Iron Sky (Timo Vuorensola, Finlande/Allemagne/Australie, 2012) sont des productions cinématographiques où il s'agit essentiellement de jouer avec les codes et les clichés liés aux films de SF.

Dans la SF parodique, les Extraterrestres sont des individus souvent représentés avec un petit corps, une grosse tête et des gros yeux globuleux, possédant une démarche maladroite et au comportement si bizarre qu'ils en deviendraient amusants.

A SUIVRE...

Source : Le Cinéma de Science-Fiction - Eric Dufour - 2011

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