ZOMBIE02.jpg

 

En 1982, Sam Raimi réalise Evil Dead qui donne un nouveau souffle au genre et impose par la même occasion de nouveaux codes. Le scénario va puiser dans les classiques du genre horrifique. Le réalisateur remet au goût du jour les structures du genre pour mieux les explorer à travers un rythme halluciné et un sens personnel de la technique brisant la convention de la série B.

EVIL DEAD

 

evildeadultimate

 

Réalisation : Samuel M. Raimi

Scénario : Samuel M. Raimi

Genre : Horreur

Pays : USA

Année : 1982

Synopsis : Deux jeunes couples s’installent dans une maison prêtée pour le week-end au fin fond de la forêt. Mais ce qu’ils ne savent pas, c’est qu’elle est hantée.

Film culte pour les amateurs de gore, supplice insoutenable pour les profanes, Evil Dead est un sommet absolu du grand-guignol réalisé sans vrais moyens mais avec beaucoup d’idées…

 

« Sam Raimi semble manier sa caméra tel un jouet et accumule les travellings en tout sens, les cadrages à l’oblique, les remontées à la verticale, les prises de vues périlleuses où l’opérateur est allongé sur un canot à moteur, […], illustre en caméra subjective la progression de la force satanique investissant les lieux ».

 

Sam Raimi montre la nature hostile et revendicative qui est devenue l’instrument du démon que ce dernier possède à sa guise tout comme les personnages de l’histoire. La civilisation triomphante et imbue d’elle-même se heurte soudain au monde primitif.

Dans Evil Dead, la nature se venge et les qualités esthétiques sont évidentes et indéniables. Le film possède la particularité de retranscrire une narration imperturbable et sérieuse.

 

« Une vraie symphonie de la mort, un exercice de style étourdissant, mais surtout un nouveau souffle et une passion de filmer, une recherche de l’essentiel qui laissent sans voix le cinéphile ».

 

Cinq ans après le premier opus, Evil Dead 2 (1987, USA) repousse les limites du genre, plus gore dans lequel l’humour se taille la part du lion. Ici, le grand-guignol constitue la majeure partie de la narration et ce qui, à l’origine devait provoquer l’horreur, s’avère devenir un vrai délire burlesque.

 

« La folie gagne même les décors avec le mobilier de la maison qui part d’un grand rire sardonique et se moque de notre héros dans une scène proche de la démence ».

 

Evil Dead 2 baigne dans un univers « cartoonesque » qui n’enlève rien à son charme, avec une histoire qui va à l’essentiel et dont l’originalité consiste à mettre en exergue les subtilités de la mise en scène, des techniques et des effets spéciaux.

 

« Sa caméra provoque, agresse, défonce les portes, brise les objets, va débusquer le héros, se précipite dessus pour lui tourner autour, s’en éloigne pour s’en rapprocher encore à toute vitesse, se retourne pour fixer un détail annexe, puis revient au ras du sol ou bien virevolte dans les airs […] »

 

La caméra de Raimi semble prendre son indépendance, comme si elle aussi était possédée, afin de mieux retranscrire une atmosphère inquiétante, largement teintée de burlesque. Même si Raimi reprend les techniques et astuces du premier volume, il réussit néanmoins à pousser le paroxysme jusqu’à laisser le spectateur exténué.

 

L’Armée des Ténèbres, réalisé en 1991, constitue le troisième volet de la série mais n’atteint pas l’originalité des deux premiers films. Le personnage principal se retrouve projeter en plein Moyen-Age. Le film fonctionne grâce à de nombreux anachronismes et références créant un décalage entre l’époque contemporaine et le monde médiéval tout en mettant l’accent sur l’aspect cartoon déjà utilisé dans le deuxième volet.

 

« Les coups font mal, le corps souffre, les risques mortels existent bel et bien, mais cela n’entrave ni le déroulement logique du récit, ni la détermination des personnages […] »

 

En 1980, le cinéaste Gary Sherman réalise Dead and Buried, Réincarnations en français, film dans lequel les monstres occupent un village entier dans la mesure où il s’agit de victimes de morts violentes, sauvagement défigurées ou mutilées.

 

Le réalisateur retranscrit à l’écran un univers surréaliste où l’horrible et le macabre servent à la caricature d’une société endormie dans ses habitudes et son confort moderne. Ainsi, les morts-vivants remplacent peu à peu les citoyens ordinaires d’une petite ville. La référence directe à L’Invasion des Profanateurs de sépultures est évidente, dans un lieu où l’anormalité remplace progressivement (et insidieusement) la normalité. Gary Sherman surprend, puis horrifie grâce à des scènes barbares ainsi qu’à une séquence gore mémorable où une seringue est vigoureusement enfoncée dans l’œil d’un patient, qui constitue le summum du genre (et qui rappellera, sans aucun doute, la célèbre scène d’un certain film de Buñuel !).

 

En 1994, le cinéaste italien, Michele Soavi réalise Dellamorte Dellamore et propose une nouvelle relecture du mythe du mort-vivant. Le film surprend par l’ambition de son propos et la richesse d’un univers artistique nourri au comic book et à la peinture romantique.

 

Le film relate l'histoire de Francesco, personnage principal de l'intrigue, gardien d’un cimetière et qui symbolise le lien entre deux mondes, celui des morts et des vivants, réunissant ainsi deux pulsions vives, Eros et Thanatos. Prisonnier de son petit village, le gardien trompe son ennui en renvoyant dans leur tombe les défunts qui quittent leur sépulture peu après leur enterrement. Fataliste, Francesco s’acquitte de sa mission au sein d’un univers glauque où les vivants ont autant de mal à vivre que les morts à demeurer dans leur tombe. Le récit reste pessimiste et reflète bien un monde réel désorganisé et sans projet dans lequel un héros romantique est perdu dans un monde voué à la stupidité, à la suffisance et à la cupidité.

 

L’EMPRISE DES TENEBRES

 

18959092 jpg-r 760 x-f jpg-q x-20080708 111012

 

Titre original : The Serpent and The Rainbow

Réalisation : Wes Craven

Scénario : Richard Maxwell, Adam Rodman, d’après le roman de Wade Davis

Genre : Horreur

Pays : USA

Année : 1987

 

Avec L’Emprise des Ténèbres, Wes Craven imagine de remonter à l’origine du mythe à une époque où le film de zombie manque sérieusement d’inspiration. Pour se faire, il s’appuie sur le livre de Wade Davis qui fait autorité en la matière. Wes Craven recherche l’authenticité et opte pour un commentaire en voix-off du héros narrant sa propre histoire. Il s’agit pour lui de percer les secrets du vaudou et de ramener à des fins médicales un échantillon d’une poudre miraculeuse, qui jetée au visage des victimes, leur ronge le cerveau et les plonge dans un état cataleptique profond pour donner l’illusion de leur décès. Le parti-pris documentaire sur les pratiques vaudoues se double alors d’une imagerie onirique puisée dans le fantastique traditionnel, qui montre des morts-vivants au faciès égaré et aux souvenirs confus. Le film s'avère être une satire à l'encontre de la dictature haïtienne qui fut mise en place entre 1971 et 1986.

 

Le zombie représente sans doute la créature la plus terrifiante du répertoire fantastique et effraie par son instinct destructeur.

 

SIMETIERRE

 

b25b194f

 

Réalisation : Mary Lambert

Titre original : Pet Sematary

Scénario : Stephen King d’après son roman « Simetierre »

Genre : Horreur

Pays : USA

Année : 1983

Synopsis : Un couple de jeunes gens et leur fils s’installent dans un petit village du Maine, dans une maison située à côté d’un cimetière pour animaux de compagnie. Au-delà de cet endroit, se trouve un cimetière d’Indiens Mic Mac habitué par le Wendigo, un esprit maléfique. Mais, ce lieu possède la propriété magique de ressusciter ceux qui y sont enterrés…

 

Dans ce film, l’image du revenant possédé par un esprit maléfique est exploitée à travers une vieille légende indienne. Le film s’avère être une fable terrifiante, cruelle et angoissante car les images parlent d’elles-mêmes : la mise en scène utilise tous les artifices classiques qui composent le film d’horreur qui parvient à son paroxysme lorsque le petit garçon ressuscité et envahi par des pulsions meurtrières, reprend parfois sont aspect pur et innocent pour s’adresser à son père.

 

A travers ces quelques films cités, il nous est donc possible de faire un bestiaire cinématographique du mort-vivant et d’en conclure que quel que soit le récit raconté, il apparaît un portrait type du zombie : mort-vivant en putréfaction, le regard vitreux et hagard, un cri rauque venant du fond de la gorge en guise de moyen d’expression, le teint blafard voire terreux, se déplaçant d’une façon mécanique et sans but, afflublé d’une faim gargantuesque et insatiable et dont le régime alimentaire se compose essentiellement de chair humaine.

Le zombie ne réfléchit pas, il grogne. Le zombie ne pense pas, il attaque et il dévore, tel est son objectif. Mais non content d’être l’anthropophage « number one » des films gore, le zombie contamine et terrorise et par la même occasion, a la capacité, malgré lui, de répandre la paranoïa et la peur de la contamination partout où il passe. Il est donc facile de le suivre à la trace.

 

Le zombie est également dénué de toute capacité de penser. C’est un être primitif aux actions plutôt basées sur l’instinct et le conditionnement et qui ne sait exprimer aucune émotion. Le mort-vivant est un personnage de fiction extrêmement exploité au sein des films d’horreur et gore. C’est une des principales figures de l’horreur et de l’épouvante dans la littérature et dans le cinéma contemporain, tant et si bien que l’on peut en retirer une multitude de significations et interprétations, aussi bien sur le plan psychologique que sur le plan sociopolitique.

 

A SUIVRE... ZOMBIE01.jpg

Sources :

Ze Craignos Monsters, le Re-retour ~ Les grands thèmes du cinéma fantastique ~ Jean-Pierre PUTTERS ~ 1998

Retour à l'accueil