Le sabre est une pratique qui nécessite volonté, régularité, entraînement, nous amenant à certaines réflexions d’ordres multiples. Après avoir « décortiqué » le Traité des cinq roues, manuel sur la voie du sabre et de la tactique écrit par Miyamoto Musashi, célèbre samouraï ayant vécu à l’époque du Japon féodal, je m’aperçus de ma volonté d’en apprendre plus sur la voie du sabre. Mais cette voie s’avère être très longue et c’est pour cette raison qu’il faut savoir s’armer de patience.

Au fur et à mesure de mon entraînement, je remarquais également que les « seiho » (techniques, littéralement « conduite du souffle ») et les « kata » (exercices) me plongeaient parfois dans des réflexions assez particulières, telles que la position de mon corps, celle de mes pieds, sur la manière de tenir mon bokken, de porter une frappe ou de parer une attaque. Autant de questions qui me viennent à l’esprit et je m’aperçois que certaines réponses surgissent naturellement quand d’autres sont un peu plus complexes à saisir. Tout ceci n’est possible qu’à travers une pratique quotidienne et intense.

Je fais partie de l’école Niten, l’école des deux sabres (Hyoho Niten Ichi Ryu), une koryu (école ancienne), créée aux 16ème et 17ème siècles, par Miyamoto Musashi, samouraï connu à travers tout le Japon, dont Iwami Toshio soke (Grand Maître) en est le 11ème successeur. Pour ce dernier, « on s’exerce au seiho pour rencontrer Musashi ». Ce qui, en théorie comme en pratique, s’avère être vrai dans le sens où l’on s’exerce dans la plus pure tradition nippone.

Nguyen Thanh Thiên senseï est l’enseignant qui nous transmet les anciennes techniques niten, vieilles de plus de 300 ans. D’après ce dernier, « un dojo est lieu où les questions se posent par la pratique elle-même. Il faut savoir déposer ses interrogations pour entendre l’enseignement au sabre. Pour cela, le silence et l’effort permettent une meilleure écoute du sabre ».

A mon humble avis, la pratique du sabre se révèle être plus qu’une pratique martiale, elle pourrait s’apparenter à une ascèse de vie, dont les sept vertus du samouraï en seraient les fondements. Respect et humilité, c’est ce que le sabre nous enseigne sans oublier que si nous sommes amenés à combattre, c’est uniquement et simplement pour conserver la vie.

Au cours de mes recherches concernant mon étude du sabre, je trouvai un livre fort intéressant, intitulé « Tactiques secrètes », retranscrivant quelques leçons proférées par les grands maîtres des temps anciens. L’auteur est lui-même un grand maître de karaté Shôtôkan (8ème dan), qui enseigna cet art à la fin des années 60 aux Etats-Unis. Kazumi Tabata est également un expert en zen et Kobudô.

Dans la culture matérialiste actuelle, il apparaît que la capacité de cultiver l’esprit semble avoir disparu. C’est un constat que j’ai pu faire. Nous ne pouvons ignorer de vivre au sein d’une culture qui ne prône pas toujours les « bonnes » valeurs, au détriment de l’humain.

Entre corps et conscience, confusion et anxiété, l’auteur de « Tactiques secrètes » décida de nous présenter le monde des techniques et de l’esprit en s’aidant de sa propre expérience ainsi que celle de ceux qui l’ont précédé.

« Il n’existe pas de chemin aisé pour maîtriser les secrets du monde. Un entraînement continu et une discipline scrupuleuse du corps révèlent les connaissances cachées qui pavent le chemin menant à la maîtrise du secret des choses ».

L’auteur nous livre dans son manuel, les techniques et pratiques des anciens maîtres, utiles pour la pratique et l’entraînement.

« Un véritable tacticien ne pense à rien si ce n’est à améliorer ses techniques sans aucune vanité ».

Les conseils de maître Tabata sont autant de leçons bénéfiques et à prendre en considération, car ils contribuent à une construction de l’esprit et à l’acquisition de techniques qui passent obligatoirement par l’entraînement.

 

LIVRE UN : LE LIVRE DES SEPT MAITRES

CHAPITRE UN : HEIHÔ-KADENSHO

Manuel de l’héritage des arts martiaux par Yagyu Tajimanokami Munenori (1571-1646)

La philosophie zen fait naturellement partie de la culture japonaise et se présente d’une façon concrète et empirique.

Le Heihô Kadensho est un manuel qui mériterait d’être lu car il donne un aperçu de philosophie zen originelle. Ce manuel a été écrit par Yagyu Munenori, seigneur de Tajima, maître très respecté et serviteur de la famille du Shôgun Tokugawa.

Munenori décida de transmettre ses théories ainsi que ses techniques de combat, qu’il avait acquises sur les champs de bataille.

La principale partie du Kadensho est consacrée à une description détaillée des moyens permettant de contrôler l’esprit pendant le combat et du type d’entraînement nécessaire pour parvenir à un tel contrôle. Dans ce livre, nous y trouvons, entre autres, des conseils sur tous les aspects de la vie et est considéré comme le représentant de la véritable essence de la bataille et de la vie.

 

A SUIVRE : Extraits du Heihô Kadensho

 

Source :

« Tactiques secrètes : leçons de grands maîtres des temps anciens »  ~ Kazumi Tabata ~ 2003

 

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