Ouvre ton esprit & observe les Multivers !
Open your mind & observe the Multiverses!

DJ Miss Phoebe

Ouvre ton esprit & observe les Multivers !

DJ Miss Phoebe

Photo by Phoebe 22/02/2014 - Berlin, Germany

Le bruit est préféré au son

Fonctionnant sur la répétitivité et la non-discrimination entre son musical et bruit, la musique Techno peut se permettre d’intégrer une multitude de sons issus d’autres musiques ainsi que des sons concrets. Néanmoins, l’auditeur saura reconnaître qu’il écoute de la techno car son oreille est déjà habituée aux valeurs sonores véhiculées par ce style.

Adorno met en exergue dans Philosophie de la nouvelle musique, l’influence indirecte du mouvement Hardcore dans son usage du bruit.

 Ce qui différencie le Hardcore du bruit, c’est avant tout sa répétitivité omniprésente et systématique, qui est considérée comme un paramètre du son. Le bruit est un écart à la norme constituée par l’ensemble des musiques largement diffusées dans la société, qu’il s’agisse de musique populaire ou savante. Le son de la musique techno radicale cherche à se démarquer de tout son relié à la musique en tant que représentation collective.

La puissance sonore décuple normalement la sensation de chaos. La Hardcore est toujours joué trop fort, ce qui submerge et perturbe toute l’organisation sonore : répétition ajoutée à l’intensité restent des facteurs décuplants le bruit. 

Le bruit est un détersif qui fait apparaître une structure camouflée, mais il intègre aussi directement le réel dans la musique, au sens où Russolo l’entendait. Le bruit est l’expression d’un malaise, de la réalité dangereuse des machines, d’un envers du décor. La reproduction de « la trépidation de notre vie quotidienne en ce qu’elle a de superficiel et de gênant ».

Cette trépidation sus-mentionnée, est un trait de la Techno et le Hardcore y ajoute la gêne en insistant sur les sons refoulés de la musique, ce qui n’est pas systématiquement vrai pour tous les sous-genres se référant à ce style. 

Le mot « bruit » ne se fond pas dans le son, mais conserve un sens profondément subversif. Le bruit outrage les oreilles quand il n’est pas opposé à un son agréable qu’il mettrait en valeur.  

Le bruit restitue l’image collective de la transgression des interdits académiques (alors pourquoi ne pas considérer le mouvement hardcore comme un mouvement artistique, à juste titre, tel que le mouvement de la musique industrielle ? Concurrence, loi de l’offre et de la demande, public restreint, lieux festifs difficiles à acquérir, etc.) ; il est l’infinité des fréquences existantes entre celles qui sont autorisées. De là à dire que le Hardcore refuse toute norme ou alternative commerciale, cela consisterait à vouloir intentionnellement se voiler la face ! (voir les bacs proposés dans les vyniles-shop, alors que les sites de ventes internet se propagent peu à peu : une alternative ?).

La Techno et en particulier, le Hardcore, coupent les structures héritées des musiques populaires et folkloriques (voir pour le classique et la World Music). Le bruit permet d’émanciper à la fois le timbre et la forme. Il est la matière première, sculptée et arrangée. Tout comme dans la Techno et la Minimale, les voix ne sont pas exclues de la musique hardcore : utilisation de la musique et de voix d’opéra, effet accéléré, reprise de samples connus marquant un break dans le morceau ou dans le mix. Les samples d’artistes connus, moins connus et reconnus de la scène internationale constituent également une source non négligeable, ajoutée à ce style musical. On peut donc en conclure, qu’outre l’effet véloce et revendicatif, le Hardcore semble ne pas oublier les origines des musiques électroniques, en particulier et de la musique, en général.

« Car dans l’art, nous n’avons pas affaire à un jeu simplement agréable et utile, mais… au déploiement de la vérité ».

Il semblerait que l’on retrouve comme même idéal dans le Hardcore, conception de l’art qui transcende les académismes, les avant-gardes et le populaire pour s’exprimer jusque dans la Techno Hardcore. Aujourd’hui, ce concept n’a plus lieu d’être car le Hardcore est entré dans les circuits de distribution traditionnels et n’apporte rien d’original. Sous des faux aspects artistiques, il n’est que la retranscription d’une association d’un faible nombre de personnes passionnées par cette musique, organisant des soirées, hélas, loin d’être un idéal de liberté ou d’extase.

« Le Hardcore standard se disperse souvent dans une contemplation jouissive et béate, autosuffisante et futile ».

Le concept de bruit s’adapte particulièrement bien à la pulsation car autant elle peut être désirée par l’amateur passionné de Techno, autant elle devient insupportable pour celui qui ne l’apprécie pas.

Musique Techno : L’homme e(s)t la machine ?

Les termes « techno » et « hardcore » sont bruyants en eux-mêmes au sens du bruit comme perturbateur du signal. Le mot « techno » pris au sens large du terme regroupant une multitude de styles, différenciés et définis par le BPM (battement par minute), suscite une ambiguïté : techno comme technologie et machine.

« La Techno fait se rencontrer l’homme et la machine dans une prise de conscience chargée de plaisir ».

Personne n’imagine une musique entièrement automatisée (peut-être faisant référence à l’industrie ainsi qu’à la consommation de masse ?), produite par la machine sans intervention humaine (image futuriste de science-fiction). Le fait de produire de la musique à l’aide de machines, ne devrait en aucun cas mettre en doute la qualité et l’appréciation de la musique Techno.

Certains se targueront avec délectation de n’y percevoir qu’une musique fade et sans âme. Or, étant donné qu’il faut obligatoirement une personne pour faire fonctionner les dits engins, avec toute la palette des sentiments que cela engendre, la musique Techno passera indubitablement par celui qui la produit. Par conséquent, si la personne ne met pas d’âme, c’est-à-dire, toute sa sincérité, la passion et l’amour qu’il porte à cette musique, la résultante sera dépourvue de tout intérêt auditif et donc de sentiment. Plus explicitement, il ne suffit d’aligner trois lignes de basses et quelques mélodies bien placées pour ce soit un bon morceau, l’auditeur averti et amateur féru ne pourra point être trompé.

Composer grâce aux ordinateurs, synthés et autres boîtes à rythmes, était une alternative artistique et pratique pour certains musiciens ne pouvant se payer des vrais instruments de musique. Appréhender une machine peut ou ne pas être chose facile pour une personne afin de retranscrire la musique qui lui trotte en tête ; la seule différence, c’est l’âme qui transcendera cette machine afin de retransmettre des sentiments et des émotions.

« Une musique à la gloire du progrès technique, une musique qui imite le principe de la machine : répétitive, obsessionnelle, froide ».

Le bruit comme transgression

La musique se résume à des bruits organisés culturellement. Dans un certain contexte, le bruit prendrait un sens politique, un pouvoir de subversion en même temps qu’une dimension vitaliste galvanisante pour le combat politique. 

Le bruit est-il nécessairement l’expression d’un malaise social ou existentiel ?

L’usage du bruit peut se faire dans une intention purement esthétique, coupée de toutes revendications idéologiques ou de l’expression d’une souffrance intérieure.

Le terme « Hardcore » est souvent ouvert à diverses interprétations renvoyant à ce qu’il y aurait de plus dur et de plus choquant au sein de la société. De nos jours, il est devenu une expression artistique dénuée de discours politique, un bruit sans chaos ni révolte.

Ce qui renvoie à une remise en question de cette musique et ainsi pose également la question de l’engagement socio culturel ?

On oppose traditionnellement la musique au bruit, le Hardcore a le don de fusionner les deux, tout en apportant une organisation rigoureuse, ayant comme référence le bruit, ce dernier couvrant l’ensemble du sonore, on peut en conclure que le Hardcore est bien une musique.

Par sa richesse, le bruit est l’expression d’une énergie intense ainsi la musique se sert du bruit parce qu’il lui donne une grande puissance qui accapare l’auditoire. Le bruit émane d’une personne qui le contrôle et en use à sa guise. Ainsi, le son devient un bruit grâce à la puissance décuplée, son volume et sa dynamique, deux qualités propres au Hardcore.

La puissance sonore permet au musicien de reconstruire une forme de pouvoir sur la collectivité que représente l’auditoire. Le bruit devient symbole de pouvoir, ancrant le mouvement techno de gré ou de force dans une problématique d’ordre politique. Pour certaines, les musiques électroniques sont gênantes et seraient à l’origine de perturbations de l’ordre public. Cette musique est marginalisée car elle ne s’adresse qu’à une faible partie de la population festive. Malheureusement, les autorités et l’opinion publique s’affairent à diaboliser et à marginaliser certains styles musicaux leur conférant le mauvais rôle, soit disant source de troubles, de dérangement des riverains, engendrant rivalités entre la paix de la cité et l’envie de développer une vie festive nocturne. (cf. Déclin de la vie nocturne parisienne).

Emetteur/récepteur : DJ et auditeur/danseur

Faut-il être « hardcore » pour écouter et apprécier de la musique Hardcore ?

La pulsation est le squelette et la signature de la Techno. Ce son agit directement sur le corps. Pas de Techno sans la puissante pulsation apportée par le son de basse qui donne l’énergie, le tempo, l’envie de danser. Il existe un très large éventail de sons de basse et le morceau joué sera positivement perçu et apprécié s’il possède le bon son de basse ainsi que les bonnes mélodies.

La pulsation est un des éléments qui permet d’identifier une musique comme étant de la Techno. L’absence de pulsation au cours d’un morceau produit le même effet qu’une dissonance appuyée dans une musique tonale. Au cours d’une soirée, ce pouvoir est directement alloué au DJ ou au liveur. 

A l’aide du crossfader, le DJ utilise souvent ce procédé consistant à couper brusquement le fil du morceau en supprimant la pulsation, ce qui lui permettra d’instaurer une relation de force avec l’audience, si toutefois il aura réussit à capter l’attention de cette même audience.

La Techno a le pouvoir d’engendrer le binôme tension/détente, mettant en place un ordre, dont la pulsation est mise en avant, élément majeur de ce genre musical.  

L’électronique a réintroduit une écoute naïve, infantile ou élémentaire du son, une sorte de « tabula rasa » où tout recommence à partir de l’électronique, et où les territoires vierges s’imposent par défaut. Les bruits électroniques ont suggéré aux musiciens une nouvelle approche du son. Il en résulte une similitude entre sons électros et environnement sonore archaïque dont celui de perception du corps interne qui s’illustre dans le Hardcore, ainsi qu’au sein d’autres musiques électroniques telles que la Techno, la Drum & Bass et tous les styles comportant le suffixe « core » (littéralement, "noyau" en anglais), par la pulsation cardiaque.

Le Hardcore serait donc une manière de détourner les sons de son propre corps. Les bruits interprétés dans ce style se rapprocheraient de ceux émis par le corps ; la pulsation étant le premier élément rappelant sans conteste les battements du cœur. 

L’homme s’identifie à a machine par le biais de la musique électronique, car écouter de la Techno reviendrait à écouter la musique de son propre cœur des heures durant. Le cœur et la machine ne font plus qu’un parce que cette dernière symbolise la vie, la pulsion érotique et euphorisante.

La musique influence le corps et le corps inspire la musique hardcore, expression d’une urbanité omniprésente, d’une industrialisation du bruit, d’une déshumanisation de l’être humain. C’est aujourd’hui le constat que je pourrais en faire. Hélas, au cours des dernières soirées que j’ai pu fréquenter, ni l’ambiance, ni les participants, ni la musique se sont accordés à me faire ressentir un quelconque sentiment de liberté, ni ressenti, ni convivialité, ni sensation euphorique ou d’extase, ni même une quelconque envie de danser. Telle est ma vision en tant que auditeur-récepteur.

J’ai souhaité présenter la musique Hardcore avec une vision plus ou moins objective, en prenant en compte certains facteurs et pour la raison que j’en apprécie certains rares artistes, c’est-à-dire, très peu.

Dire qu’il faut être « hardcore » pour écouter du Hardcore, c’est dire qu’il faut être classique pour écouter de la musique classique, ce que je trouve stupide car cela consisterait à vouloir rejeter ceux qui s’y intéressent ! Comment militer correctement si on s’applique à rejeter les personnes qui s’y intéressent ?

Quand bien même le Hardcore retranscrirait un mal de vivre ou un mal être, les organisateurs de soirées ne « vendent » pas cette musique sous cette étiquette mais présentent bien tous les éléments festifs d’une musique qui balance du « lourd » et qui apporterait un sentiment euphorisant voire orgasmique. Je ne connais pas forcément tous les acteurs de la scène hardcore mais étant sensible aux flyers ainsi qu’aux nombreuses publicités qui circulent sur internet ainsi que sur les réseaux sociaux concernant les musiques électroniques, musique Hardcore comprise, comme tout passionné qui se respecte, je dirais qu’il faut se méfier de la publicité mensongère et qu’il est vrai que la réalité est souvent bien éloignée de ce que l’on se targue de nous proposer concernant l’ambiance des soirées et le line-up (cf. starification du DJ).

« La Techno est une musique qui a un effet particulier sur l’auditeur ; les bruits et la répétition sont utilisés comme deux éléments induisants un effet, une réaction ».

DJ Miss Phoebe Mix :

Photo by Phoebe 22/02/2014

Source :

Bruyante Techno, réflexion sur le son de la free party ~ Emmanuel Grynszpan ~ 1999

Mise à jour par Phoebe le 2 Août 2020

Photos (Graffs) by Phoebe 07/10/2011 - France
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