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Ouvre ton esprit & explore les Multivers !

DJ Miss Phoebe

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INTRODUCTION

Le Rap et le Hip Hop sont maîtres de leur propre histoire. A travers les « lyrics » des chansons et la diffusion de quelques livres et magazines, les idéologies de cette culture ne manquent pas pour raconter et analyser l’histoire de la culture des jeunes Noirs américains. Grâce aux textes des chansons, il est possible d’en connaître les origines, les idéologies ainsi que les objectifs car le Hip Hop considère le langage de la musique avec le plus grand des sérieux. 

L’histoire de la communauté noire est une histoire avant tout orale, souvent chantée. Les musiciens de Rap se rattachent à cette tradition et se considèrent tels des pourvoyeurs de sens et de savoir au sein de cette même communauté, d’où l’importance capitale des « lyrics ». 

« Les paroles, c’est ce qu’il y a de plus important. Tu ne peux pas te contenter de parler comme ça, avec désinvolture ». Kid Frost 

Dans le Hip Hop, il est souvent question d’une création de sens : expliquer aux auditeurs comment la musique a été produite et dans quelles conditions. Pour saisir le message de la musique produite, il faut savoir écouter avec attention chacun des disques fondamentaux, aussi bien « old » que « new » school

« La musique Rap, c’est de l’histoire au sens littéral : un récit, une construction linguistique qui nous dit ce qui s’est passé et comment cela s’est passé, un mélange d’informations et d’interprétations qui résume, rend sensible et compréhensible ce que les Afro-Américains ont accompli depuis la fin des années 70 jusqu’au début des années 90 ». Jefferson Morley, préface essai sur les textes du Rap ~ 1992

 Aux Etats-Unis, le Rap n’est pas que l’apanage de la minorité noire, mais également celui des communautés Portoricaines et Asiatiques et cette musique représente la libération par le langage. 

Les Afro-Américains ont toujours eu le désir d’inventer leur propre idiome qui constitue le leitmotiv de toutes les réalisations culturelles par le biais de musiques telles que le Jazz, le RnB,  la Soul, le Funk mais c’est le Hip Hop « qui a prolongé les tentatives et a concentré leurs énergies ». Dans les années 60 et 70, les paroles radicales de Rap, chantées par les gamins du ghetto étaient empreintes d’une nouvelle agressivité, engendrée par le mouvement des droits civiques et le Black Power

Le fait de rapper dans un langage bien à soi et de chercher sa propre sémantique obligeait les chanteurs à porter une grande attention sur le langage qu’utilisait son adversaire, considéré comme un véritable rival. Le Rap constituait à l’époque un nouveau médium pour exprimer la contestation. 

« Le pouvoir des mots

Ne prends pas tout pour argent comptant

Quand t’entends un mec qui déblatère

Prends pas tout au pied de la lettre

Sois plus intelligent que ça

Remets tout dans le contexte ».

In "Langage of Violence, Disposable heroes of Hisphoprisy” ~ 1993

Une révolution ou une révolte s’invente impérativement son propre langage. Pour Michel Foucault (philosophe français, 1926-1984), déclamer la vérité constitue un travail incessant et une obligation que chaque pouvoir doit s’imposer. C’est ce pourquoi la minorité noire constitue une grande puissance dissidente et prend ce devoir très au sérieux. 

« Mais quand il s’agit de raconter la réalité, c’est pas moi qui vais me taire. Je déballe tout quand je suis au micro ». In « Livin’ Like Hustlers », Above the Law.

 

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Dans le Hip Hop et le Rap, le micro, « le mike », est également considéré comme une arme très puissante. Généralement, les MC’s, autrement dit « Masters of Ceremony » (maîtres de cérémonie), balancent leurs lyrics (textes) « comme des harpons » et se posent en meneurs de la liberté d’expression pour ne pas se perdre dans « le silence de la servitude ». 

« Word, Sound, Power » (mot, son, pouvoir) constituent le triumvirat du Hip Hop : ces trois mots sont fortement liés entre eux et il serait inimaginable de les séparer. 

LES RACINES DU RAP 

Le terme « rap » vient du verbe anglais « to rap », qui signifie « frapper, cogner ». Le mot est employé par les Afro-Américains depuis le 17ème siècle et a souvent changé de signification au cours des époques. Il est utilisé depuis 1870 pour décrire une façon de parler ou de se comporter. 

En 1916, un « rapper » était un indic. Ce n’est que dans les années 40 et 50 que le mot « rap » s’est imposé pour caractériser une diction rythmique, accompagnée ou non de musique. A cette époque, une personne qui rappait était considérée comme étant un beau parleur, une personne qui avait du bagout. Les musiciens de Jazz, les DJ’s à la radio et même les politiciens rappaient. 

Mais le Rap n’apparaît réellement qu’en tant que genre artistique autonome avec l’invention du Breakbeat. Jusqu’à la fin des années 80, ce concept fut employé pour désigner une musique fondée sur des beats et sur une scansion rythmique. L’acte verbal devient ainsi l’élément prépondérant de la musique Hip Hop

A la fin des années 70, les DJ’s parlaient de « Scratch Music » ou de « Breakbeat Music » mais cette terminologie deviendra très vite obsolète. Aux Etats-Unis, le concept de « rap music » caractérise la musique Hip Hop dans son ensemble et a finit par être utilisé dans le langage courant. Aujourd’hui, le terme « rap » désigne surtout les textes et les rimes, ou, est utilisé comme terme générique pour désigner les artistes « old school ». 

Le terme « Hip Hop » possède des origines diverses et controversées. DJ Hollywood utilisait ce terme pour commenter les disques qu’il jouait. Dans « The New Beats », S.H. Fernando explique qu’à l’époque de Malcom X, les jeunes utilisaient le terme « hip hop » pour décrire les soirées dansantes. Afrika Bambaataa aurait redéfinit le terme afin de désigner l’ensemble de la culture Hip Hop. D’ailleurs, Bambaataa se présente comme étant le créateur de ce terme qu’il aurait inventé en 1974. 

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 Ce nouveau vocable fut adopté tout d’abord par les DJ’s, puis par les rappeurs, pour ensuite être diffusé par les adeptes de la sub-culture avant d’intégrer le langage courant. Le Hip Hop englobe une multitude de choses telles que la musique, le style, la mode, le breakdance, les graffitis, l’idéologie, les prestations scéniques et les attitudes. 

En Allemagne comme en France, le terme « Hip Hop » peut désigner la musique « old school » et s’est imposée comme une appellation générique pour toutes les formes de musique rap. 

La musique rap possède plusieurs ancêtres. Tout d’abord, elle est issue d’une tradition Ouest-africaine, dans laquelle les griots, chanteurs, conteurs et musiciens professionnels, sont considérés comme étant de véritables livres vivants. 

Chuck D. (Public Enemy) se rattache à cette tradition orale et définit le rap comme une chaîne d’actualités pour les ghettos noirs. Les griots font souvent preuve d’une dérision mordante et d’une profonde connaissance de l’histoire ainsi que de la situation de leur auditoire. 

On retrouve cette forme d’expression orale dans les « toasts » des Afro-Américains qui dépeignent un monde teinté d’obscénités, à grande tendance machiste, empreint de violence et de misogynie, tradition transmise par le rap ainsi que par les spectacles de « Minstrel  Show ».

Le Minstrel show ou Minstrelsy était un spectacle américain, créé vers la fin des années 1820, dans lequel on y retrouvait des formes de chants, de danses, de musique et autres intermèdes comiques, interprétés au début par des acteurs blancs qui se noircissaient le visage puis par des acteurs noirs après la Guerre de Sécession (The Civil War, 1861-1865).

Dans ces spectacles, les Noirs apparaissaient comme étant ignorants, stupides, superstitieux, joyeux et doués pour la danse et la musique. Le genre fut délaissé vers 1910 mais perdura jusque dans les années 50, grâce à des acteurs amateurs. Le Minstrel Show disparaît définitivement après la montée de la lutte contre le racisme. 

Dans les années 50, les « verbal contests » ("duels verbaux") devinrent un phénomène qui a marqué les communautés noires.

Lors d’un duel, les hommes se rencontraient au cours d’un combat oral où les protagonistes les plus expérimentés dans la maîtrise du langage, avaient droit à une très grande considération. Le but de ces duels était d’exécuter verbalement son adversaire en mettant son moral à zéro.

On retrouve cette tradition dans les duels que se livrent les MC’s (MC Battles) et dans les campagnes de dénigrement (dis) qui envahissent la communauté Hip Hop. 

« To dis » est l’abréviation de « to disrespect » et signifie « décrier » quelqu’un et le vaincre par la parole. Le « dising » représente un véritable combat pour la fierté et l’honneur, parce que « personne ne peut me dénigrer (dis) et s’en tirer comme ça ».

C’est en quelque sorte « une guerre des mots » afin de déterminer qui est le plus intelligent, qui possède le plus de répartie, qui est le plus cool ou le plus impitoyable. Bien souvent, le bon goût et la politesse sont exclus de ce genre de combat. Ce qui compte, c’est vaincre. 

Le film « 8 Mile », réalisé en 2002 par Curtis Hanson, rend compte de la puissance du « dising » à travers l’histoire d’un jeune rappeur blanc originaire de Detroit.

 

8 mile

Réalisation : Curtis Hanson

Scénario : Scott Silver & Jesse Wigutow

Genre : Comédie dramatique

Pays : USA

Année : 2002

Synopsis : En 1995, Jimmy « B-Rabbit » Smith, jeune rappeur blanc travaillant à l’usine et menant une vie austère, se retrouve humilié lors d’un « verbal contest » organisé par son ami et maître de cérémonie, David « Future » Porter… 

Le film est assez intéressant par bien des points car il retrace les conditions de vie difficile d’un jeune habitant la ville de Detroit, ville portuaire importante et capitale de l’industrie automobile américaine, située dans l’état du Michigan. Detroit est connue pour son essor industriel au 19ème siècle, puis par son déclin économique (délocalisation des entreprises et déclin démographique) et par son fort taux de chômage atteignant les 50% au 21ème siècle. Les habitants de la ville est à majorité afro-américaine (environ 80%). 

L’autre origine du Rap est le « scat ». Cette fonction renvoie plutôt à la manière de prononcer les mots. Le Scat est un genre artistique où la voix est utilisée comme un instrument de musique. Les premières formes de Scat apparaissent dans les Negro Spirituals du 19ème siècle puis dans le Jazz de la Nouvelle Orléans. Le Negro Spiritual est un style musical sacré apparut au sein de la communauté des esclaves noirs au 17ème siècle aux USA et qui est à l’origine du Gospel. 

Le Scat est une distorsion idiomatique utilisée comme élément musical qui est né dans une ville aux influences linguistiques multiples (français, dialectes africains, anglais, espagnol, dialectes amérindiens, cajun et créole). Ce style constitue également un des éléments stylistiques du Be-Bop. Louis Armstrong, Ella Fitzgerald et Betty Carter, légendes incontestées du Jazz, étaient considérées comme des maîtres du Scat. Cab Calloway personnalisa la Scat en « Jive Scat », un langage secret, mélangeant Scat et bavardage, qui consiste à jongler verbalement avec les syllabes dénuées de sens. Le « Jive Scat » servait à présenter les artistes invités et à présenter (ou à taquiner) les membres de l’orchestre, comme le feront plus tard les MC’s et les DJ’s.

Dans les années 40 et 50, le Jive et le Scat furent utilisés par les DJ’s de radio noirs. 

Les autres origines du Hip Hop se trouvent dans le Gospel et la Soul. Les cérémonies religieuses constituaient un des piliers de la socialisation et du sentiment identitaire dans les communautés noires. Ces cérémonies religieuses étaient composées de prières, de prédications et de musique qui caractérisaient depuis le temps de l’esclavage ces communautés noires et qui n’avaient rien en commun avec la tradition liturgique  européenne : les églises des pauvres servaient à la fois d’édifice mais également de lieu de divertissement. 

Les auditeurs des griots africains considéraient comme une impolitesse d’écouter les récits en silence et les performances devaient être commentées et acclamées, tradition que l’on retrouve également dans les cérémonies religieuses ainsi que dans les concerts Hip Hop. 

« Par le chant, les cris et la ferveur, le prêtre et ses ouailles atteignent un état de béatitude euphorique ».

 Le Gospel est issu du Spiritual et s’est développé en même temps que le Blues. Le mot « gospel » signifie « évangile », littéralement « God Spell », incantations de Dieu. Le Gospel est la base de ces chants alternés entre le prêcheur et la communauté, porté par une profonde dévotion et le désir de donner libre cours à l’exaltation religieuse. Il se transforme par la suite en style artistique. Les cérémonies étaient comparées à des événements festifs qui prônaient la libération, l’affirmation de soi et l’euphorie. La force de ces manifestations spirituelles dépassait le domaine religieux pour se répandre dans l’ensemble de la culture noire. 

Le Gospel constitue le point originel de la trajectoire qui réunit le chant religieux, la House, le Hip Hop, la Soul et le Funk. Quel que soit le style de musique qu’il a influencé, Soul Music ou Deep House, le Gospel n’a jamais perdu son caractère sacré. 

« La foi en Dieu se muait en foi dans la bonté de l’humanité, et toute forme, y compris la musique pop, se montrait apte à véhiculer ce message ». 

Le « pouvoir de l’oratoire » dominait la culture noire ainsi que la transmission de leur histoire, régissant ainsi toutes les manifestations de la religion afro-américaine et se prolongea dans presque toutes les formes d’art de la parole, surtout dans le « Soul Rap », style qui consistait à prononcer le texte d’une chanson sur un mode parlé, utilisant le plus souvent des thèmes religieux. Le Soul Rap paraissait efficace car il abolissait la distance entre le musicien et l’auditeur. Le Soul Rap est en fait une forme de « sprechgesang », terme d’origine allemande signifiant littéralement « parlé-chanté », et était utilisé dans les morceaux de musique Soul en guise de « break » (pause) afin d’intensifier l’émotion ou pour mettre en avant certains passages du texte. 

On retrouve cette façon de poser la voix dans la Deep Soul, qui prend la forme de monologues ou de discours, incorporés comme éléments constitutifs de la chanson. Barry White, ainsi que bien d’autres artistes, popularisa ce style de phrasé rappé dans le monde entier. On retrouve également dans le Disco et dans la House, une variante érotique du monologue « soul » et certains morceaux tentent de traduire sur le plan sexuel, la spiritualité de la prière pour le salut de l’âme. 

Dans le Hip Hop, le salut se situe dans le sexe et surtout dans la violence. 

« Rapper revenait alors toujours à formuler une menace, et en même temps à exprimer l’angoisse d’être menacé ».

 

A SUIVRE : Racines du Rap et racines du Reggae : Le Sound System jamaïcain.

 

Rap, Hip Hop, Soul, Breakbeat, Breakdance, Jazz, Blues, Gospel, Scat, Reggae, Rock Steady, Ska, Rhythm and Blues, Negro Spiritual, tradition orale, conteur, griot, ghetto, esclavage, évangile, musique
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Source : DJ Culture ~ Ulf Poschart ~ 1995

Mise à jour par Phoebe le 2 Août 2020

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